MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Satreelex The Iron Ladies

Ce film est inspiré d’une histoire vraie, j’avoue que j’avais des doutes jusqu’à ce que je vois le générique de fin qui montre des images des vrais joueurs qui ont donné les personnages du film. La ressemblance est très forte, autant dans les visages ou les postures, ou bien le tortillage du cul.

Donc c’est bien vrai, dans les années 90, une équipe composée de travelos, un trans et un hétéro, entraînée par une certaine Melle Bi manifestement lesbienne, ont gagné le championnat national de Thaïlande. Hallucinant ! Ce film retrace donc cette histoire qui tient du syncrétisme le plus épique entre « Shaolin Soccer » et « Priscilla folle du désert » (rien que ça). Le film est vraiment aussi drôle que Priscilla dans la caricature des protagonistes qui poussent à l’extrême le personnage de folle hurlante et de « créature » hétéroclite, tandis que l’atmosphère et le scénario du tournoi sportif est tout à fait conforme à « Shaolin soccer » pour l’équipe de loosers qui finit par remporter la rencontre et acquérir une grande popularité.

Mais on ne peut pas dire que c’est tordant de rire, étant donné qu’au bout d’un moment voir des acteurs surjouer les folles hurlantes est un peu fatigant (et notamment à cause de certaines scènes cacophoniques) et ne suffit pas à rendre vraiment hilare. En outre, ce film n’est pas non plus un manifeste politique pour plus de tolérance envers les homos, et ce malgré quelques répliques qui explicitent clairement les problèmes d’homophobie dans ce pays. En effet, on ressent les personnages comme avant-tout des caricatures vivantes, ce sont des créatures qui finalement sont tellement extrêmes qu’elles ne sont pas considérées dans leur société comme tout le monde, mais simplement comme des OVNI qu’on tolère comme une sorte de folklore. C’est une différence majeure qui dénote des contrastes culturels forts entre la Thaïlande et notre pays. Je fais un peu le rapprochement avec le phénomène des drag-queens en France. En effet, je me souviens il y a quelques années d’émissions qui traitaient de l’émergence du phénomène et j’avais été vraiment interloqué de constater que jamais l’homosexualité des gens étaient ne serait-ce qu’évoquée. Il s’agissait là aussi de caricature vivante, de « créatures » asexuées et qui ne troublaient pas plus que ça la norme puisqu’ils rentraient en fait dans un modèle totalement disjoint de celui du commun des mortels. Et bien, je me dis que c’est un peu la même chose pour ces travelos joueurs de volley-ball dont on parle au féminin pendant tout le film, et qui sont tellement différent qu’on ne peut même plus leur faire le reproche de déroger à des lois qu’ils transgressent rien qu’en « étant ». Donc la notion de tolérance dans ce film est finalement toute relative, et de toute façon, je pense que l’objectif était bien autre. En outre, les acteurs sont tellement efféminés avec maquillage, cheveux longs et attitudes aguicheuses, qu’ils sont clairement identifiés comme étant quasiment des femmes (dont même un transsexuel hyper féminin et qui a un petit-copain) et intéressés par des hommes hétéros et même machos qu’ils draguent éhontément. Aussi le rapport normatif de la femme qui cherche un homme est quasiment respecté. Le film évoque tout de même l’homophobie latente dans la société thaïlandaise, et la tolérance affichée toute relative lorsqu’il s’agit de sortir de son carcan. L’équipe, lorsqu’elle commence à gagner des matches et à se faire connaître, reçoit aussi les foudres de toute une partie de la population.

Le film est donc plutôt léger et kitsch avec des personnages plus hauts en couleur les uns que les autres. Mais l’équipe remporte ses matches et on finit par vouloir les voir remporter le championnat. Et on ne peut pas non plus se prendre la tête des plombes sur la représentation des joueurs et les connotations, parce que c’est une histoire véridique, et qu’après avoir vu quelques extraits avec les vrais personnages, on se dit que ce n’est pas si mal joué que ça. Donc à prendre un peu comme Priscilla, un film kitsch plein de couleurs et de bruits, qui enchante par sa fraîcheur, son ton désinvolte et son humour potache.

Satreelex

Les publications voisines

Post navigation

Répondre à JP Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

:sourire: 
:clindoeil: 
:huhu: 
:bisou: 
:amitie: 
:mainbouche: 
:rire: 
:gene: 
:triste: 
:vomir: 
:huhuchat: 
:horreur: 
:chatlove: 
:coeur: 
:doigt: 
:merde: 
:ok: 
:narval: 
:mitochondrie: 
:croa: