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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Entre circonspection et spontanéité

Mercredi soir, j’avais rendez-vous avec Donato vers la place du Châtelet, exactement entre les deux théâtres (de la Ville et du Châtelet) devant la fontaine aux Sphinx. En fait, je l’ai vite rejoint au Zimmer (au pied du théâtre du Châtelet, cette brasserie possède un cadre absolument remarquable et ce n’est pas si cher que ça) où il prenait un verre avec deux amies. Ces dernières nous ont ensuite laissé dîner en tête à tête. Nous avons commencé par une conversation sympa, cela faisait un certain temps qu’on ne s’était pas vu. Mais justement, je connais Donato depuis un an maintenant, et cela faisait quelques mois je le sentais particulièrement froid et distant à mon égard. J’ai donc fait à mon habitude, j’ai posé la question, crevé l’abcès et demander qu’on en discute un peu.

Ce qui est cool c’est que nous avons un postulat auquel nous sommes tous les deux attachés et qui me paraît primordial : nous tenons beaucoup l’un à l’autre et énormément à notre amitié naissante. Donc ça nous a permis de parler très librement et sincèrement. Je suis une personne très très franche, et parfois totalement dénuée de tact (je le reconnais). En effet, je dis parfois ce que je pense avec une crudité qui peut choquer certains interlocuteurs. C’est un choix très fort de ma part, et qui n’est pas si naturel que ça, mais plutôt le résultat d’une réflexion qui se poursuit depuis une dizaine d’années. Pour faire court, je suis contre les non-dits, contre ce qui m’a sclérosé et bâillonné pendant une trop longue période, période d’inanition et de léthargie où j’étais à 100 000 kilomètres de qui je suis aujourd’hui. Je parle d’une dizaine d’année car mon « éveil » correspond à un événement tout con, simplement mon premier cours de philosophie au lycée en terminale (tout juste 10 ans en fait). Le sujet était « la conscience et l’inconscient ». Le bouleversement qui a suivi ce cours a bizarrement et salutairement infléchi le sens de mon existence. Je sais c’est ridicule, mais je suis sincère sur mon blog aussi.

Mais étrangement, je suis à la fois un modèle de franchise et aussi d’introspection. C’est ce dilemme qui fait que je me suis trouvé en porte à faux avec Donato. Car pour moi, il est essentiel d’avoir la maîtrise de ses sentiments et surtout de ses actes. Les actes sont rationnels et motivés par une réflexion basée sur une expérience et un fondement théorique. Ainsi, je suis un garçon plutôt posé et réfléchi, qui intellectualise énormément et se masturbe beaucoup les méninges (en jouit beaucoup aussi heureusement). Cela peut passer parfois pour de la manipulation, et je n’échappe pas d’ailleurs à ce travers de temps en temps (inconsciemment ? innocemment ?). Je pense que c’est cette philosophie de vie et ce modus operandi qui m’a sauvé, et qui m’a sorti de l’obscurantisme de mon carcan de névroses et du poids familial. Et bien évidemment, il n’y a pas que des qualités à cette manière de se comporter, mais au moins je me sens bien, épanoui, heureux et à l’aise dans mes baskets, ce qui est plutôt mon objectif. Ce comportement intérieur et introspectif peut me faire passer pour une personne totalement dénuée de spontanéité, or je crois que j’ai tout de même échappé en partie à ce travers. Néanmoins, je suis d’accord avec Donato quand, par exemple, il me fait remarquer la froideur chirurgicale avec laquelle je peux parler de ma famille ou de sujets qui sont considérés comme purement émotionnels. Habituellement, je fais subir à toutes mes troubles ce filtre cartésien qui me rassure, et peut-être certainement à tort, en me privant d’une essentielle fibre d’instinct et d’émotion pure (excepté pour le sentiment amoureux en fait qui est chez moi vraiment entier et impulsif). Donato m’a aussi dit que la manière dont je parlais des bouquins était tellement froide parfois qu’il se demandait si je les avais bien lu, ou si j’avais seulement ressenti quelque chose. Là, je trouve qu’il va un peu vite en besogne, mais dans le fond je reconnais tout à fait ce défaut (défaut en tant que travers, mais aussi en tant que manque).

Ainsi, nous avons évoqué tout cela. Moi qui ne suis pas assez spontané, et me protège avec des gens avec lesquels justement je pourrais me lâcher. Lui, qui est peut-être trop affectif et émotif, et qui ne base sa raison que sur son ressenti, ce qui le met en abîme devant un trop plein d’affect qui peut aisément le bouffer et lui faire perdre toute tempérance. C’est drôle, car nous avons finalement parlé d’éléments qui font que nous pourrions être totalement incompatibles, mais j’ai de l’affection et tellement de considération pour lui, que je sais que nous pouvons volontiers surmonter ces différents. Nous avons passé quelques heures à disserter et cela m’a fait un bien fou. Il a aussi compris que j’attendais de lui la même sincérité que je peux avoir. Et si j’aime une chose, c’est qu’on me mette en défaut, afin que je m’améliore et que je progresse. Et là, j’ai pris conscience de certains torts, ce qui m’a à la fois épouvanté, fait me sentir perclus de honte et enfin pousser à m’interroger sur cette vérité (encore du branlage de cervelle), et à me prendre par la main pour évoluer.

Nous nous sommes quittés en nous renouvelant des serments d’amitié qui me touchent au plus profond du coeur. C’est bon d’avoir des amis. (Alors merde vous voyez que je peux être un émotionnel moi aussi !)

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