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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Pollock

Ed Harris est un extraordinaire Jackson Pollock, vraiment cet acteur a un talent dingue et incarne avec justesse et prouesse ce peintre complètement ouf. Marcia Gay Harden, qui joue le rôle de sa femme et qui est aussi peintre restée volontairement dans l’ombre, est époustouflante en incarnant impeccablement cette femme qui s’est sacrifiée pour que son mari réussisse tout en canalisant la folie créatrice de Pollock.

Le film échappe à l’hagiographie et à la mythologie hollywoodienne grâce à une mise en scène sobre et un traitement factuel d’une information purement biographique. Mais la réalisation devient virtuose quand il s’agit de filmer Pollock en train de créer, et là c’est génial car on assiste à de pures moments de création artistique qui frise la folie. On comprend Pollock dans le fond et la forme, c’est un film extraordinaire d’un point de vue pédagogique mais aussi dans une optique de dissection des mécanismes qui régissent (et submergent) les artistes. D’un point de vue plus global, on voit bien à quel point Pollock est complètement timbré et névrosé, et que c’est la peinture qui lui permet d’échapper à l’asile, ainsi que sa femme qui arrive à maîtriser son trop-plein d’affect. J’ai vraiment adoré cette facette du film qui décrit l’artiste dans toute sa démence et son déséquilibre psychologique et affectif, son rapport à l’alcool, aux femmes etc.

Enfin, le récit en lui-même est passionnant et haletant, j’ai découvert ce peintre que je ne connaissais que par quelques toiles dans des musées d’art moderne, je suis resté ébahi de la qualité de son oeuvre globale et de l’énergie que recèle son travail. Son rapport avec sa femme est aussi spécial puisqu’elle est peintre mais qu’elle se met complètement au second plan derrière son mari, qu’elle soutient, encourage et supporte. Elle lui sauve littéralement la vie en le faisant se dépasser dans ses oeuvres, et donner à sa peinture le meilleur de lui-même. Leur rapport est complexe entre passion amoureuse et combat contre une forme d’aliénation qui les conduit à se faire du mal (de vrais artistes quoi !).

La mise en scène est sobre et manque un peu de rythme parfois, d’où certaines longueurs. Mais je pense c’est du à ce parti pris de présenter la vie de Pollock sans ambages ni fioritures ou d’intrigues secondaires qui d’habitude donnent simplement plus de corps au film. Là on sent qu’on est dans le vrai et le tangible. Donc, la fin par exemple m’a un peu lassé car il ne se passe pas grand-chose de palpitant, et sa mort termine le film en eau de boudin. Il a un accident, il meurt, hop, générique. Fin. J’ai trouvé ça un peu direct et abrupte, alors que le début et le milieu du film sont beaucoup plus cadencé et trépidant.

Pollock

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  • Difficile de faire une fin trépidante et cadencée. Le mec est mort dans sa caisse à la suite d’un accident. point barre ! Ca se termine plus en flaque de sang qu’en eau de boudin donc mais bon… Finalement cette fin rapide, représente bien la mort. Un grand bang épi plurien.

  • bizarre que ce film ait mis trois ans à nous rejoindre en France… les sélections des diffuseurs français laissent perplexes parfois, on se plaint des blockbusters qui polluent nos salles et les films américains en marge nous sont livrés au tarif lent.

  • Ca donne presque envie d’aller le voir dis donc. A priori j’ai un peu peur quand même, c’est un film OuïFM, ‘sont assez bizarres dans leurs choix ceux-là, je suis souvent déçu.

    Je vais tenter une révision de jugement hâtif alors.

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