MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Parfum de glace

Ce roman change considérablement de tous les bouquins que j’ai pu lire dernièrement. En effet, il s’agit d’un livre écrit par une talentueuse japonaise : Yôko Ogawa, un roman qui sort de l’ordinaire et qui m’a vraiment enchanté.

Une jeune femme, Ryoko, réalise une sorte d’enquête suite au suicide inexpliqué de son compagnon, un apprenti-parfumeur. Elle tente de comprendre son geste en cherchant à élucider tous les mystères et zones d’ombre qui émaillaient la personnalité de Hiroyuki. Elle découvre alors tout un univers caché, et qu’elle ne connaissait pas l’homme qu’elle aimait sincèrement. Il laisse quelques mots sur son ordinateur, quelques phrases qu’elle tente de décrypter et qui sont directement lié à son métier de parfumeur. Des odeurs et des fragrances qui sont autant de réminiscences, d’impressions ou de sensations dont elle finit par lever le voile.

Goutte d’eau qui tombe d’une fissure entre les rochers. Air froid et humide d’une grotte. Réserve de livres hermétiquement fermée. Poussière dans la lumière. Frasil sur un lac à l’aube. Mèche de cheveux d’un défunt formant une légère boucle. Vieux velours passé qui a gardé sa douceur.

Une écriture sobre et limpide, même dans l’émotion la plus extrême, vient souligner ce récit qui est dur dans le thème (le suicide inexpliqué, la découverte des « secrets »), mais qui garde une sérénité implacable dans la narration et les personnages. On retrouve bien cette idée des japonais qui n’expriment pas leurs émotions, qui sont capables d’endurer le pire pendant des années sans ciller, des gens qui restent discrets et qui acceptent plus qu’ils ne remettent en question. Aussi Ryoko va-t-elle à contre courant de ses habitudes en menant ses investigations qui la conduisent à chercher des réponses dans le passé de son amant. Elle se rend compte alors que la réalité n’est pas ce qu’elle semblait être, et que son défunt compagnon est un parfait inconnu, malgré leur intimité et leur vie commune. Elle lui découvre ainsi une famille (qu’elle croyait entièrement décédée), un don exceptionnel pour les mathématiques (il avait même été à Prague pour jouter dans un concours international) et une passion pour le patinage sur glace. Peu à peu, elle reconstitue les odeurs qui racontent la vie de Hiroyuki, et son histoire tragique.

Ce bouquin est intimiste au possible grâce à une véritable autopsie des sentiments de la jeune femme, qui la rend à la fois plus fragile mais aussi plus déterminée que jamais dans sa quête. Les descriptions des odeurs et le rapport à l’odorat m’a un peu fait penser au célèbre « Parfum » de Süskind, et on a autant cette impression à certains moments de ressentir les sensations que l’auteur évoque. Ce mélange d’enquête, et de quête de vérité, cet amalgame entre la recherche concrète de ce qui est arrivé, et de la recherche intérieure de Ryoko est brillamment mis en scène, et donne lieu à d’incroyables descriptions.

Yoko Oguwa - Parfum de glace

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  • matoo, tu m’etonneras tjs ! c’est dingue
    le nbr de bouquins que tu avales en si peu de temps…j’espere que tu ne fais pas tout avec autant de rapidité :)
    tes résumés sont un appel à la lecture
    merci

  • Ben sans déconner, pas tant que ça… une heure le matin, une heure le soir… Des gros bouquins qui me prennent 15 jours, des petits une semaine, et puis d’autres qui fluctuent selon l’épaisseur, la difficulté, mon envie…

    Je crois que la lecture est une vraie gymnastique, on lit de plus en plus vite ! Par contre, ça ne bouffe pas beaucoup de calorie ! Carambaaa ! :mrgreen:

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