MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Coup de calgon

Hier soir, je me suis couché. Bon ok, rien que de très banal. Et puis, j’ai été sauvagement pris d’une langueur hallucinante, submergé par une grande vague de tristesse. J’étais tout seul et j’avais envie d’être avec quelqu’un. J’avais envie de serrer mon mec de deux ans que j’ai plu dans mes bras, et m’endormir en son giron. Mais j’étais tout seul avec mon armoire agonisante (mais presque reconstituée, j’ai fini par jeter les trucs que j’avais oubliés de monter lol), et personne pour me consoler, pour me bercer, me faire sentir que je n’étais pas seul.

Du coup, je me suis levé en trombe, mais comme il était deux heures du mat, je ne pouvais pas faire grand-chose, donc quand c’est comme ça, j’ouvre la malle aux secrets. La malle aux secrets, c’est l’endroit où je range mes « archives » avec des photos, des journaux intimes (j’ai commencé à écrire à 15 ans, en mars 1991) et tout une nébuleuse de papiers qui renferment des souvenirs soit dans le fond (un écrit), soit dans la forme (un morceau de programme de ciné déchiré avec le numéro d’un anglais avec qui j’ai eu une aventure à NewCastle). Et puis, j’ai retrouvé aussi une chemise où je conserve quelques poèmes. Je ne suis vraiment pas doué pour ça, ni maintenant, et encore moins il y a 8 ans. Mais pour moi, ils renferment une émotion d’une rare intensité. C’est un support privilégié du souvenir qui revient à Mach II en pleine tronche, et qui me permet de conserver ce lien avec mon passé, ses joies, comme ses souffrances.

Alors je n’ai pas allumé l’ordi, mais j’ai écrit un autre poème. Un truc qui renferme de nouveau mon tourment amoureux du 14/15 juin 2004, un truc que je relirai probablement dans quelques années, et qui me fera rire de sa stupidité ou de sa niaiserie, mais qui aura peut-être aussi la capacité de m’émouvoir en me remémorant à quel point je pouvais l’aimer. Et puis, j’ai repris un de ces petits cahiers Clairefontaine que j’utilisais pour écrire, et j’ai remis une date (le texte précédent datait de mi-2002), et j’ai écrit. Mon dieu, c’est si bon de coucher ses délires sur le papier et de sentir sa plume gratter et recouvrir des feuillets. Au bout d’une demi-heure, je me suis arrêté. Je me sentais plus léger, plus serein, plus confiant. Evidemment, j’étais toujours seul avec ma neurasthénie, mais je ne sais pas pourquoi, je me sentais mieux. Je suis allé me coucher, le sourire aux lèvres.

Je vous recopie ce poème de 1996, ce machin qui m’a été dicté par une tempétueuse rupture alors que j’étais en stage en Angleterre. Je sais que c’est la loose totale mais ça m’amuse de vous faire partager cela. Moi, ça me remet dans des souvenirs dingues où je me morfondais perdu dans beaufland, largué par un mec dont j’étais fou-amoureux, et avec encore l’écriture comme seul refuge.

Tristesse endémique

Quand la passion qu’on croyait ancrée,
Se trouve indubitablement arrachée.
L’homme se refuse à toute joie,
Et fait du chagrin, son roi.

Alors son visage humilié se fige,
Et se contracte en une amère expression.
Pourtant rien ne l’y oblige,
Sinon la douloureuse situation.

Il devrait rire, oublier et redevenir
L’insouciant, en quête de plaisirs.
Pourquoi est-ce la tristesse qui l’envahit,
Et le martèle, lui assombrit sa vie.

On dit beaucoup de choses
A celui qui souffre.
Mais l’être morose,
Au fond de son gouffre,
Calmement, tristement, repose.

Il faut le laisser ainsi,
Qu’il exhale son endémique tristesse.
A la fin, il renaîtra aussi,
Et renouvellera son état de liesse.

L’attente et le temps soignent,
Mais la cicatrice reste.
L’aède retrouvera sa poigne,
Mais conservera un lest.

A son coeur, il sera pendu,
Et le prochain soupirant,
Aura à soulever l’objet pesant,
Pour raviver le sentiment déchu.

Ce n’est pas une fatalité.
C’est la vie qui s’exprime,
En toute simplicité,
En nous, elle s’imprime.

Pas de malaise, pas de médecine.
Juste de l’amour, parfois une épine.
Accepter les sentiments des autres,
Et savoir écouter les nôtres.

Le 19 juin 1996 – Blyth (GB)

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  • La poésie est une forme d’écriture au moins aussi importante que le blog. Pour moi, c’est une autre forme d’intimité. Mais c’est vrai qu’étrangement, elle s’abat sur nous surtout quand on a mal et rarement quand on va bien. Je vais pas paraphraser Zazie avec son “Sur toi” mais ouais. On a rarement besoin de mettre son bonheur en vers, alors que la douleur, plus loquace, nous inspire à foison.
    C’est mal foutu, parce qu’au final, quand on se retourne sur nos écrits passés, on se prend tous les mauvais moments dans la figure, et on en oublierait presque les bons…

  • Je m’attendais à pire, niveau poème. (Pas à cause de toi, hein, mais parce qu’à la base, je ne suis pas un amateur de poèmes rimés, je trouve ça… affecté.)

    Sinon, voilà la meilleure chanson post rupture importante (celle qui me fait du bien (You’ve been loved, Joseph Arthur):

    You don’t know how you feel
    Are you a dream?
    Are you for real?
    Cause you don’t ever slow down
    To find what you lost or lose what you found

    No one’s saying what you need to hear

    You’ve been loved
    You’ve been loved
    You’ve been loved
    You’ve been loved
    You’ve been loved
    You’ve been loved

    It’s always hard to admit
    Most days you feel like you don’t exist
    Temptation sneaks past your fists
    Until the devil won’t let you resist

    Oblivion is what you want

    But you’ve been loved
    You’ve been loved
    You’ve been loved
    You’ve been loved
    You’ve been loved
    You’ve been loved
    You’ve been loved
    You’ve been loved
    You’ve been loved

    What you’re gonna do with your life?
    What you’re gonna do with your life?
    What you’re gonna do with your life?
    What you’re gonna do with your life?

    You’ve been loved(all the way)
    You’ve been loved(all the way)
    You’ve been loved(all the way)
    You’ve been loved

  • Faut se moquer des railleries ! Même si l’exercice est périlleux, et que le ton ampoulé l’emporte souvent sur la simplicité de l’expression des sentiments, dans l’écriture du poème, tu n’as à rougir de tes strophes. Elles sont très touchantes… Une pierre de plus à l’édifice de ta sentimentalité (ce n’est pas un défaut d’être sentimental, c’est être à l’écoute de soi. Et comme on dit chez moi : on est jamais mieux servi que par soi-même !)

  • Je suis d’accord avec Strokkur. Qu’importe le mode d’expression et la forme que ça prend, l’essentiel est de sortir ce qu’on a sur le coeur. J’ai passé trop de temps à brûler les carnets que je rédigeais pendant des années (jusqu’à la création de mon blog ^^), et maintenant, j’en suis à démêler, un à un, les petits tracas, les sentiments refoulés qui se sont entassés. Tu n’as pas à rougir, c’est un remède efficace, et ton style est loin d’être déplaisant (sinon, je ne passerais pas tant de temps à lire ce blog ;-))

  • moi je l’aime bien ton petit poème matoo …
    sobre et émouvant…et puis tout lemonde s’y retrouve…à 20 abs t’aurais eu le droit de donner dans le pédé chamallow qui hystérise paske machin l’a plaqué mais non mêem pas …

    Ketum’énerv des fois monsieur “je fais tout bien”…grrr

  • Rah la la, je découvre peu à peu le matoo qui se frotte à ces lignes et je comence à devenir accroc… la prochaine fois que tu as besoin d’un rooh calin, appelle-moi! :redface:

  • “Mais j’étais tout seul avec mon armoire agonisante”: t’as mis ton armoire dans ton lit ? Intéressant comme décoration et comme économie d’espace.
    Quant au reste, no comment, si ce n’est que j’ai lu, vu et vécu maintes fois cette sensation, mais une seule fois en ces termes. Ca t’appartient, et ça t’appartiendra encore dans quelques temps, même si ça te fait sourire, rire ou pleurer.

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