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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les géomètres de la Grèce antique

Voilà le genre de magazine que j’adore. Un voyage épistémologique palpitant sur des siècles d’histoires de la sciences, de découvertes, de tâtonnements, d’erreurs, d’éclairs de génie, de recul obscurantiste et de transmission des savoirs.

La géométrie est une des sciences les plus importantes de la Grèce antique, et époque après époque, j’ai plongé dans l’histoire de ces mecs qui ont résolu les problèmes les plus complexes avec le moyen le plus simple : une règle et un compas. Quant aux origines exactes de la géométrie c’est assez marrant, car les grecs eux-mêmes se posaient déjà la question, mais d’après ce que j’ai lu c’est Hippocrate (le fameux médecin) qui serait le premier auteur en la matière. Mais les grecs évoquaient les savoirs des égyptiens qui avaient inventé un moyen de calculer un impôts selon une loi de proportion. En effet, ils devaient payer une taxe mais celle-ci pouvait être réduite selon la proportion de surface recouverte par le Nil durant les crues. Ainsi, ils ont du mettre en place des outils afin de calculer « le juste prix » (sans Philippe Risoli).

J’ai rigolé en lisant toutes les prises de tête, qui ont duré des siècles, concernant la quadrature du cercle… J’ai repensé à un post que j’avais intitulé en pensant justement à ce problème, évidemment ma version était un peu plus « humaine » et métaphorique. Mais je n’en connaissais pas vraiment non plus la résolution.

Je me suis équipé d’un bloc et d’un crayon, et pendant quelques jours, j’ai planché sur les différents problèmes soumis à ces géomètres qui n’avaient pas encore d’axiomes ni de méthodes formelles de résolution. C’est le seul moyen pour suivre et pour comprendre vraiment la logique qui sous-tend ces démonstrations. J’ai à peu près tenu la route jusqu’au 16ème siècle, mais à partir de François Viète… j’ai un peu coincé, et les énoncés sont devenus trop complexes pour ma tête de linotte, notamment la quadrature d’un cercle tangent à trois cercles, eux-mêmes intégrés à un cercle où je ne sais quoi (rien capté le Matoo). Je me suis alors contenté de charmantes démonstrations que j’ai crues sur paroles. ;-)

Et tous ces personnages dont le mag décrit la portée des découvertes : Eratosthène (rhalalalala, la manière dont il calcule avec une précision dingue le rayon de la Terre), Pythagore, Archimède, Thalès, Apollonius, Euclide etc. Ces noms sont hyper familiers et m’ont rappelé les premiers théorèmes que l’on apprend au collège. Mais je crois que c’est Euclide qui m’a depuis toujours le plus impressionné avec ses « Eléments ». Apparemment, ce n’était pas un savant exceptionnel, mais il a eu le mérite incroyable de rassembler, classer, répertorier tous les savoirs de l’époque en géométrie, et d’en faire un vrai Canon en la matière. Cette fois, il livre au monde une série d’axiomes et de postulats dont se serviront tous les futurs géomètres et mathématiciens.

Et puis Apollonius et ses coniques… alors là j’ai commencé à grave sécher. Et ne parlons par des icosaèdre, dodécaèdre et compagnie, ainsi que des démonstrations qui impliquent la construction de l’un dans l’autre. Merci d’être passé, au revoir. En passant d’ailleurs, un vrai merci aux arabes d’avoir conservé, traduit et enrichis les travaux des grecs pendant que les cathos cramaient tous ce qui était hérétique (c’est-à-dire, tout ce qui bougeait) en Europe. La plupart des ouvrages grecs sont d’ailleurs des traductions du perse et de l’arabe.

J’en passe et des meilleures, mais je vous le conseille vivement. Cela renforce encore plus cet imaginaire d’une civilisation grecque à la fois moderne et millénaire, avec de pures intelligences qui essayaient de simplement comprendre le monde qui les entouraient et ses règles.

Les génies de la science - Les géomètres de la Grèce antique - N°21

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  • Petite précision (même si je me fais traiter de sale libanais chrétien qui la ramène dès qu’il peut….) mais sans nier l’importance des traductions arabes, elles viennent elles-même pour la plupart, de traductions faites depuis le grec, par les moines orientaux en syriaque. Lors des conquêtes arabes, certains califes particulièrement curieux ont eu une politique systématique de traduction des textes syriaques en arabe:mathématiques, mais aussi philosophie. On ne connait Aristote aujourd’hui que parceque les Arabes l’ont conservé pendant les ‘ténèbres’ européennes (et le Moyen-Age en europe était loin d’être aussi obscur qu’on veut bien le penser aujourd’hui…) Il y a eu une époque où on faisait autre chose que se foutre sur la gueule entre confessions….

  • Pour en revenir à mon prof de math fumeur de pipe (cf mes commentaires sur la bataille des calculettes…), le sieur nous promettait de nous livrer le secret du tracé parfait d’un cercle à main levée si nous répondions à l’une de ses énigmes. Bien sûr, intrigués par ce Graal (étant de prétendus artistes) mais handicapés par notre incompétence à créer un cube à partir de trois tétraèdre (rien que prononcer ça est une épreuve en soi), nous sommes fatalement restés frustrés même après obtention du Bac… Et Dieu sait si la géométrie compte dans la composition des oeuvres de nos aînés (jusqu’à pourrir nos cours d’histoire de l’art) !
    Soit-dit en passant, l’histoire reconnait l’érudition des Grecs, des Arabes, et des moyens-orientaux en matière de métrique, mais rappelons l’énorme pillage des connaissances antiques de l’Inde, où trône toujours le premier observatoire astronomique de l’humanité…

  • ce que les grecs anciens ont mis en évidence dans les domaines de la géométrie, philisophie et démocratie est vertigineux, quand bien même il y a eu des emprunts.
    dommage que les grecs modernes aient sombré dans l’orthodoxie, dont les rites sont magnifiques, mais pas l’idéologie de son clergé qui est franchement conservatrice :mur:
    un peu comme nous en France, non, un pays qui fut connu pour une certaine idée de la liberté et qui se gargarise à la sarkosyte en spray :help: …

  • C’est vrai, ça. Sans les Arabes, point de Platon ou d’Aristote, point d’Homère, son Illiade et son Odyssée… (et donc, par conséquent, point de Brad Pitt en jupette). Merci, messieurs les Arabes ! Gloire à Averoes et à Allah qui incitait à conserver les écrits de la Connaissance des Hommes !

  • Tiens, puis pour l’Inde, c’est bien vrai, ça. Me rappellerai toujours d’un de mes profs de maths, en Deug, qui avait sorti : “Et les Arabes inventèrent le Zéro”. Que nenni ! C’était les indiens (d’Inde) qui l’avaient inventé. Il avait d’ailleurs une dimension métaphysique, proche de l’idée de vacuité dont les Bouddhistes – descendants de l’Hindouisme – se réclameraient. Et ce sont les Perses qui ont récupéré le fameux chiffre en forme d’oeuf, le transmettant aux Arabes qui en ont faire cadeau aux Occidentaux.

    On n’étudie pas assez les rapports de l’Orient et du monde Occidental, je pense. M’est avis qu’on découvrirait des choses insoupçonnées.

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