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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les soeurs fâchées

Ce film paraissait alléchant pour cette rencontre entre les deux monstres que sont Isabelle Huppert et Catherine Frot. En outre, en faire deux frangines que des caractères diamétralement opposés va forcément provoquer des joutes savoureuses, ajouter à cela des comédiens comme François Berléand ou Brigitte Catillon, et voilà un film français fort prometteur.

Malheureusement, je n’ai pas trouvé que le résultat était à la hauteur de ce casting de rêve. Déjà les deux actrices sont cantonnées dans des interprétations tellement stéréotypées de leur répertoire que c’en est presque caricatural. On a Isabelle Huppert qui est la femme froide, frigide, cruelle et désabusée. Elle est mariée à un mec riche et vit une vie de bourgeoise coincée à Paris, elle renie ses origines modestes provinciales, et a l’air de détester tout le monde. Sa misanthropie s’exerce sans vergogne sur (notamment) son mari, son fils, sa bonne, sa soeur. Donc elle éructe, elle grogne et ronchonne, elle nous fait une Huppert plus cynique et féroce que jamais. Et voilà que débarque sa soeur (qu’elle hait comme les autres) qui est gentille, niaise, ouverte, simple, généreuse et rieuse. Une Catherine Frot candide et ingénue qui s’ébroue avec un plan de Paris pendant tout le film (énorme le cliché du plan à touriste qui s’envole). Evidemment cette dernière aime sincèrement sa frangine qui le lui rend par des coups bas bien vicelards.

Mais passé ces clichés d’actrices, c’est surtout du côté du scénario que le bât blesse. En effet, l’histoire se résume en deux mots, Catherine Frot débarque à Paris pour présenter un manuscrit chez Grasset. Heumm… D’ailleurs en passant, elle est esthéticienne au Mans, et elle vient présenter chez Grasset un livre qui raconte sa rencontre avec un homme (le titre c’est « Un homme, un vrai »), pas hyper crédible mais bon… Elle s’installe donc chez sa soeur pour quelques jours. Et voilà. Isabelle Huppert est extrêmement jalouse, alors que Catherine Frot déballe le grand jeu de la provinciale à Paris. Elle pastiche même Julia Roberts dans Pretty Woman en pleurant à chaudes larmes à l’Opéra. Elle charme tout le monde avec sa gentillesse et sa nature clémente, et horripile encore plus sa soeur. On a donc droit à nos duels verbaux, mais rien que de très convenus. Et finalement, il ne se passe pas grand chose dans ce film malgré les quelques tentatives de percées du côté de la famille des deux soeurs, du couple Huppert-Berléand (avec quelques scènes catastrophiques je trouve)…

Mais bon, je ne vais pas non plus détruire le film, car même si elles cabotinent un peu dans leurs rôles caricaturaux, elles sont évidemment sublimes. Quelques scènes d’engueulade sont particulièrement réussies et puissantes, notamment quand Huppert devient complètement hystérique en un quart de seconde (extraordinaire !). Je suis seulement déçu que le scénario ne soit pas un peu plus étoffé, les personnages un peu plus nuancés et les dialogues plus incisifs. Ah oui, c’est beaucoup tout de même ! Cela se regarde donc sans peine, mais sans le plaisir extatique que j’imaginais. J’en demande peut-être trop d’ailleurs aux vues des critiques plutôt encourageantes que j’avais lues jusque là.

Les soeurs Fâchées

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