MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Autobiographie érotique

J’avais lu et aimé « Toxico » et « New York Rage » de Bruce Benderson, et comme son dernier opus venait de recevoir le Prix de Flore, j’ai voulu le découvrir à son tour. Il s’agit résolument d’un auteur gay, et parfois trash, queer et décapant, mais ce qui me plait surtout dans ses bouquins c’est son écriture. Son côté provocant et cru est toujours contrebalancé par un sens du mot et un style qui m’ont toujours fasciné, un peu comme chez Dustan d’ailleurs. Et en effet, je trouve une certaine résonance entre « Nicolas Pages » et ce roman de Benderson.

Ce livre a d’autobiographique le fait que l’écrivain se mette en scène dans une aventure amoureuse avec un prostitué romain rencontré à Budapest. Donc « érotique » peut être pris dans un sens très étymologique puisqu’il s’agit d’un épisode amoureux, voire passionnel. Mais cette liaison tumultueuse est aussi l’occasion d’évoquer d’autres éléments très personnels de la vie de l’auteur, tels que sa relation avec sa mère, son travail et plus largement son existence.

J’ai eu très très peur en commençant à le lire, et surtout par rapport à l’intrigue centrale du roman. En effet, le début a beaucoup trop, pour moi, des relents de vieux bouquins d’écrivains pédés qui racontent leurs frasques. Le genre de roman que j’aimais bien lire chez Balland il y a quelques années, mais que je trouve franchement moisi aujourd’hui. Parce que l’on voit l’auteur qui rencontre un prostitué et qui narre leurs ébats, leur relation viciée par l’argent. Et puis il y a cette amorce de rapport « amoureux » entre un occidental âgé et bedonnant et une petite frappe hétérote de Bucarest qui se prostitue pour quelques dollars. Du coup, la relation amoureuse parait tout de suite vouée à sa perte, et l’auteur passe vraiment soit pour un vicelard de base, soit pour une pauvresse finie.

Mais le livre décolle car, encore une fois, je trouve que Bruce Benderson écrit terriblement bien. Il réussit donc à captiver l’attention dans tout ce qu’il dit autour de cette histoire, et j’ai finalement bien accroché grâce à la manière dont il transcende cette simple escapade inconsidérée. Les évocations de sa mère notamment sont vraiment frappantes de beauté et d’amour. Le pauvre va très loin pour avoir de l’argent et entretenir son micheton, ou payer ses voyages, car il accepte même une traduction de la biographie de Céline Dion. Et à 10 heures de boulot par jour, on peut comprendre la gravité de ce supplice de Tantale. :mrgreen:

L’auteur tente par tous les moyens de se rapprocher de son amant, et de sa culture. Le livre se dédouble ainsi au fur et à mesure, entre sa propre intrigue, et une histoire de la Roumanie. Benderson s’identifie à certains personnages historiques du pays et se prend de passion pour la fin de la monarchie roumaine du siècle dernier qu’il raconte avec beaucoup d’émotions.

Ce n’est pas un bouquin sensationnel, mais il a une véritable qualité d’écriture, et j’ai vraiment été sensible à certains émois existentiels de l’auteur, à ses crises, ses doutes, ses regrets, à la manière dont il véhicule ses émotions et surtout dont il les analyse. Oui, il y a finalement vraiment quelque chose à en retirer pour soi.

Bruce Benderson - Autobiographie érotique

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  • je ne peux m’empêcher de commenter; j’ai trouvé ce bouquin à chier. D’ailleurs je l’ai commencé en septembre, et je ne l’ai toujours pas fini, il est resté bloqué à la page 98… Et je doute de le finir! Ces histoires de vieux qui se tapent des petits jeunes à coup de dollars, ce n’est pas de l’amour mais de l’achat, de la consommation d’être humain. De plus je trouve que l’écriture est plate et particulièrement atone. Mais bon qui suis-je pour ne pas aimer cet auteur? En tout cas ça ne le gêne pas de se servir de son statut d’écrivain pour chercher un petit ami (voir petites annonces du Tétû de Janvier “Bruce Benderson, écrivain américain, ch. petit ami, français, reviens à Paris en avril, répondre à hypnoticus@aol.com“)…

  • J’ai du avoir le même réflexe que toi au début… genre la vieille tapiole libidineuse qui se tape une teupu roumaine, mais vraiment je trouve que son écriture est vraiment impressionante, et au final je suis rentré dans le roman. Mais je reste aussi “choqué” par la manière dont on fait un bouquin avec une histoire pareille qui frise le sordide. Je n’aurais eu aucun problème à dire que je trouvais que c’était de la merde, si je l’avais pensé.

  • Moi c’est la petite annonce qui me choque ! Remarquez, ça devrait intéresser les bloggers exhibitionnistes que ça ne gêneraient pas de voir leur intimité littératuralisée…
    Enfin… je trouve ça louche comme démarche.

  • Messieurs patrickantoine et pillow lava,
    Bien sur vous avez le droit de n’aimer pas mon ecriture. Mes vos reproches concernant mon petite annonce sont inexcusables. A cause de gens comme vous, j’ai recemment me senti emprisonne dans un tour ivoire. J’ai eu l’idee de mettre une petite annonce avec mon nom parce que, comme ca, les gens qui ont lu mon ecriture et qui ont vu des photos de moi sauraient immediatement s’ils voudraient me rencontrer. Je sais que c’est difficile pour les gens comme vous d’imaginer, mais meme les “vieux” ont des desirs et souffrent de la solitude. S’ils vous m’avez rencontre ou meme si vous avez fini mon livre, vous rendraient compte que je suis assez gentil et pas de tout predateur. Je me demande pourquoi vous avez imagine que c’est le contraire. Substituez le mot “noir” pour le mot “vieille” ou “vieux” dans vos paroles, et c’est evident que vous ne pouvez pas imaginer que les gens different que vous ont aussi des sentiments tendres. Vos pensees sont “age-iste”.Tout ce que vous pouvez imaginer est l’exploitation. Mais mon ami roumain, qui est maintenat marie, serait le premiere de disputer vos idees. Et la verite est que a cause de cette petite annonce, j’ai trouve quelqu’un qui n’est pas beaucoup plus jeune que moi et qui aime mon ecriture et qui aime moi. Et moi, je l’aime aussi. J’espere que ca vous “choque” beaucoup.–BB

  • M. Benderson, je ne pense pas que ce blog (qui n’est pas le mien) soit le lieu adéquat pour répondre à votre commentaire. Aussi vous ai-je répondu personnellement à votre adresse e-mail. Cependant vous ne m’ôterez pas de l’idée qu’un riche américain qui voyage dans des pays pauvres pour se payer des petits jeunes est une chose pitoyable. Vous m’accusez de “jeunisme”? Là n’est pas la question. Ma condamnation est celle du tourisme sexuel, que je considère comme un fléau. Quant à votre justification que même les vieux ont des sentiments tendres, je la trouve pathétique. Et pour ce qui est d’utiliser son nom pour trouver un petit ami quand on est un écrivain qui écrit sur le tourisme sexuel, pour moi c’est du raccolage, et c’est condamnable.(toutes mes excuses à Matoo pour cette réponse personnelle sur son espace public)

  • Dans les 373 pages de mon livre je ne trouve aucune mention de payer pour un acte sexuel. Il serait assez difficile d’ecrire tout un livre sur un principe aussi simple que ca. Ce que je trouve dans mon livre est une histoire d’amour. Mais il y des gens qui pense autrement, et ca dit plus sur leur mentalite que sur la mienne. Vraiment, il faut que le personnage principale de ce livre et pas moi repond a vos accusations. J’ai envoye vos mots a lui et il etait assez degoute par vous. Aussi, j’ai la droite de mettre une petite annonce cherchant un petit-ami comme tout le monde. C’est ridicule et meme fasciste de dire que je n’ai pas la droite. Finalement, est-ce que vous etes assez naif (ou desagreable) de supposer que la plupart des ecrivains (meme des americains) sont riche?

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