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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les nuits blanches du Chat botté

Je me suis essayé, avec ce bouquin de Jean-Christophe Duchon-Doris, à un nouvel enquêteur des temps anciens. Là je ne peux pas m’empêcher de faire des comparaisons car on est proche de l’époque de Nicolas Le Floch, et que j’aime particulièrement les aventures de ce dernier.

L’auteur situe donc son roman en 1700, mais cela suffit pour sauter deux rois, puisque nous nous retrouvons donc au temps de Louis XIV tandis que Nicolas Le Floch connaissait, la dernière fois que je l’ai quitté, l’arrivée au pouvoir du Louis N+2, autrement dit Louis XVI. Et là l’époque est bien marquée dans un sud de la France isolé et singulier. On y sent les querelles de religion et notamment la chasse aux hérétiques, les bastions huguenots qui tentent d’échapper à la révocation de l’Edit de Nantes.

Nous sommes donc dans les Alpes provençales vers Seynes-les-Alpes plus exactement, et nous assistons à une série de crimes étranges qu’on attribut un peu trop aisément à un grand loup. Une fille de nobles du coin, Delphine, qui s’ennuie à mort dans son château se mêle de l’affaire en découvrant quelques détails troublants dans la mise en scène de ces meurtres. On a aussi Guillaume de Lautaret, le procureur, qui enquête officiellement et tente de démêler cet écheveau. Une galette dans une bouche d’une morte et une cape rouge, des petits cailloux blancs dans celle d’un paysan assassiné… un faisceau d’indices vient à prouver une curieuse connexion entre le serial killer et les Contes de ma Mère l’Oye.

En deux mots je dirais que ce que je reproche aux aventures de Le Floch (qui résout ses affaires en deux coups de cuillère à pot à la fin des bouquins) n’est pas du tout présent ici, alors qu’il manque tout de même ce qui fait le piment de ce genre de roman. C’est-à-dire que le bouquin est dotée d’une intrigue palpitante et très bien ficelée, avec moult rebondissements et suspens, mais qu’on souffre du manque « d’historicité » du tout. On aurait pu aisément avoir un livre similaire à notre époque sans qu’il soit besoin d’y transposer grand chose. Malgré l’atmosphère de persécution des protestants, de politique versaillaise et quelques références (Charles Perrault est contemporain), je suis un peu resté sur ma faim.

Par contre, les personnages sont bien plus authentiques et moins « parfaits ». Dans les romans « historiques » comme cela on a très souvent des personnages qui sont un peu trop anachroniques dans leur philosophie, alors que là l’auteur ne cherche pas à faire de Delphine une femme moderne ou de Guillaume un modèle de droiture et de déduction. Au contraire, ce dernier est plutôt conforme aux habitudes du moment. Il fait donner la question sans hésiter, fait brûler des sorcières avec beaucoup de probité et en viole même certaines en passant. Du coup, ce héros pas lisse du tout rehausse l’intérêt global qu’on peut avoir pour le roman.

Les nuits blanches du Chat botté - Jean-Christophe Ducon-Doris

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  • A propos des Nicolas Le Floch, j’ai les mêmes reproches : fin réglée trop vite, et les personnages font en effet super-héros humanistes de leur temps :cool:! J’ai du mal à croire que le boureau était vraiment légiste à ses heures, par exemple… Ca me perturbe toujours pendant la lecture…

  • Bon, je me remets au boulot puisque tout n’est pas parfait. Mais je te trouve un peu dur Matoo dans la mesure
    où c’est le sujet du roman (décrire une série de crimes mettant en scène les contes de Perrault contemproain
    de la sortie du livre) qui a justifié que l’histoire se déroule en 1700 et que l’atmosphère qui a suivi
    la révocation de l’édit de Nantes sert de toile de fond au récit. Bref, l’histoire n’aurait aucun intérêt
    à une autre époque (elle n’aurait pu voir le jour). Mais bon, si tu l’as ressenti ainsi, c’est que tu dois avoir raison. As tu
    lu la suite?, L’Embouchure du Mississipy et les Galères de l’orfèvre? Aidez-moi, nom d’une pipe, à m’améliorer! :gene:
    :mur::lol:

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