MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Palabres universelles

J’aurais aussi pu nommer ce post : « Un sommet de la francophonie entre Fujigaoka et Fushimi » ou bien commencer comme dans une bonne blague par « Deux français, un malgache, un djiboutien, un gabonais et un habitant de Sao Tomé-et-Principe (y’a un nom pour ces autochtones ?) sont dans un wagon ».

J’ai passé une semaine dans ce contexte d’Exposition Universelle et voilà exactement le genre de rencontres que l’on peut faire. J’aurais adoré rester juste pour vivre cette fabuleuse expérience d’un endroit où tous les pays de la planète se côtoient pendant six mois. Le midi on déjeunait avec le staff, et on était alors assis à côté de gens de toutes les couleurs et habits du monde. Tous les styles, toutes les dégaines, toutes les langues mais surtout tous les sourires. C’est ce que j’ai adoré dans ce truc, les gens sont là pour s’amuser, et pour faire preuve d’une certaine concorde mondiale. Aussi, tout le monde se marre, se sourit et fait l’échange de ce geste oecuménique.

Evidemment, la langue est importante et même si tout le monde balbutie l’anglais, on a entendu beaucoup de français vers le Canada et surtout dans l’Afrique. Or, un soir justement en rentrant en métro dans le centre de Nagoya, nous sommes entrés en trombe dans une rame que nous allions rater. C’est alors que j’entends l’accent africain le plus chantant et rigolard : « Oh je te parie que ceux-là ce sont des français ! ».

Marc et moi nous retournons surpris, et je dis en rigolant « Hey sérieux ? On a des tronches de français ? ». Et voilà qu’un des africains se présente et présente ses comparses. Le djiboutien volubile nous informe que nous sommes avec un gabonais, un malgache et un habitant de Sao Tomé qui donc parle plutôt portugais (mais très bien français aussi). Et nous voilà parti à faire beaucoup de bruit, à jacasser sur tout et rien, et à rigoler comme si nous étions potes.

C’est surtout celui de Djibouti qui s’exprimait et celui de Madagascar, ils nous expliquaient que la langue française était un truc très important pour eux, et que cela leur faisait chaud au coeur de nous entendre nous exprimer avec notre accent parigot. Les autres acquiescèrent, et nous avons alors échangé sur plein de sujets. Marc et moi n’aurions jamais imaginé d’ailleurs que des africains pouvaient suivre avec autant d’acuité l’actualité française.

Ils avaient tous fait leurs études à Paris, et travaillaient pour des offices de tourisme de leurs pays respectifs. C’était drôle de sentir leur amour de la francophonie, mais tout en étant bien clair qu’ils sont aussi extrêmement fiers de leur nation. J’ai eu l’impression qu’aujourd’hui, après des années d’indépendance, nous avions peu à peu gommé les stigmates de la colonisation, et ces personnes ne gardaient de nous qu’une part culturelle qu’ils avaient envie de conserver. L’un d’eux l’a très bien exprimé, en disant que nous étions de la même famille (éloignée), et que lorsqu’il était à Paris, il se sentait aussi français que nous : « Tu sais nos ancêtres les gaulois quoi !? ». Et hop, tout le monde se marre (évidemment de la part d’un black) ! Et c’est maintenant que l’on fait parti de pays différents, que l’on est sur un pied d’égalité (en théorie puisque la néocolonisation n’est pas un phénomène que je minimise) on peut vraiment communiquer avec une amitié nourrie sur une culture commune.

Ensuite c’est parti en vrille. C’était très marrant de voir les deux personnalités qui s’opposaient entre le djiboutien de gauche un peu laxiste, et le malgache plus libérale et « business ». Nous avons évoqué les 35 heures, la constitution européenne, le passage à l’euro, la cherté de la vie, le pouvoir d’achat des français etc. Incroyable ! Le djiboutien a même dit que lorsqu’il pensait que les 35 heures c’était bien, ce n’était pas pour les nantis mais bien pour les petits « Besancenots ». :mrgreen:

Et puis il y eut consensus sur les USA… conspués par tous malgré le fait que comme pour tout « il y a du bon et du mauvais ». Et la conclusion apportée par le djiboutien loquace qui dit « mais tout de même ils nous ont pris une chose, ah oui ils ont copié une chose sur les africains. ». Là, tout le monde s’est tu et l’a écouté car nous nous demandions ce qu’il allait sortir. Et il rajoute : « La fraude électorale ! Ils font aussi bien que nous ces cons là !!! ». Un dernier éclat de rire, et nous sommes arrivés à notre station. Nous les avons salué et avons quitté la rame. Nous sommes rentrés à l’hôtel tout rassérénés et heureux de ce genre de rencontre complètement inattendue, et si fantastique.

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  • Une semaine ? T’es sûr ? Ca m’a paru court ton séjour ! (C’est paut-être parce que je n’y étais pas ! :oD) J’ai même pas eu le temps de visiter Matoo au Japon. Il va falloir rattraper ça !

    T’as bien mangé au moins ?
    Et les petits japonais, sexy ?
    Et tout et tout ?
    Y a pas que l’entreprise dans la vie !

    Songe aux pauv. filles qui restent là !

    Marg. On attend les photos.

  • Oups ! J’avais pas lu le post précédent ! Je vois que tu parles de la bouffe space. Culinairement, ça donne quoi ? Nan, je plaisante !

    Même, ya aussi des photos du japon. Ben, merci !

    Marg. Des fois, elle lit trop vite.

  • Un peu comme les Jeux Olympiques, l’expo universelle permet effectivement de croire – le temps de quelques semaines – à cette utopie que serait la fraternité unanime entre les peuples/nations…
    Donc, heureusement que les mentalités ont changé et que les bons petits blancs bien civilisés n’exposent plus les gentils petits sauvages dans des périmètres tentant de recréer vaguement cette idée commune d’un continent lointain et exotique (Cf. expos du début du XXe s.)…
    Mais – et ça n’engage là que moi (et toi aussi d’ailleurs) – je reste persuadé que nous sommes dans une espèce d’ère post-néo-coloniale vis-à-vis de l’Afrique (entre autres)… Nous avons imposé tant de modèles et systèmes à l’Afrique alors que celle-ci n’était pas prédestinée, a priori, à se les approprier… Le colonialisme n’est plus aussi visible mais il est toujours latent et a pris notamment la forme d’un capitalisme et d’une politique dont les Occidentaux tirent les ficelles…
    Donc, tant mieux si les Africains commencent enfin à sucer cette bonne vieille Europe et en tirer ce qu’il y a de meilleur pour nous laisser la merde – ça nous fera les pieds…!

    Oulala, il faut que les ragondins arrêtent de lire Matoo parce que ça leur donne trop envie d’ouvrir leur museau et dire des banalités !!!!
    :eek:

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