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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les corrections

On m’avait ardemment conseillé la lecture de ce bouquin, et en effet, moi qui aime les romans américains qui racontent des histoires de familles névrosées, j’ai été servi. Ce livre de Jonathan Franzen ne raconte une de ces familles complètement déjantées à la Coupland, mais un peu plus comme comme dans le merveilleux : chronique d’un Eté. Avec beaucoup de nuance il raconte lentement mais sûrement, sur 700 pages, comment les deux parents âgés (Enid et Alfred Lambert) et trois enfants adultes (Gary, Chip et Denise) d’une famille moyenne de St Jude sont délicatement siphonnés chacun à leur manière.

Ce n’est pas un roman haut en couleur avec des drames et des intrigues qui sortent de l’ordinaire, au contraire il s’agit d’une histoire toute banale et à laquelle il est dangereusement simple de s’identifier. Une fois happé dans ce mécanisme infernal, on en sort plus, et de pages en pages, on est de plus en plus captivé. On constate alors avec quelle intelligence, finesse et perspicacité, le romancier a décrit les personnalités, détails de vies, implications des uns et des autres, des uns avec les autres ou des uns contre les autres. Et on glisse alors imperceptiblement dans une intrigue tentaculaire passionnante qui tente de peindre ce portrait de famille avec une ardeur toute expressionniste. Un peu comme l’étude de sa propre famille peut conduire à tirer d’épisodes banals des conclusions bien plus dramatiques et passionnelles.

Alfred, le père, est atteint de Parkinson et décline de manière assez inquiétante. C’était un homme indépendant et têtu, un inventeur de talent et employé loyal d’une compagnie ferroviaire. Sa femme, Enid, est assez maladroite et ne gère pas au mieux cette maladie. Elle est obnubilée par l’esprit de famille et surtout par le fait de prévoir un noël chez eux, un tout dernier noël en famille. Gary, l’aîné, a une femme et trois fils et est guetté par la dépression. Il veut persuader sa femme d’aller à St Jude pour noël même s’il sait que c’est assez vain. Chip est un looser de base. Il écrit et réécrit un scénario depuis des années, a emprunté des milliers de dollars à sa soeur, et finit par devenir webmaster en Lituanie pour un mafieux. Denise est chef de cuisine célèbre, mais elle a une vie privée tumultueuse. Elle est autant perdue dans ses sentiments pour autrui que dans l’ambiguïté de sa sexualité.

A travers cette intrigue de base, ce dernier noël à St Jude, l’auteur s’attache à nous conter les vies et les turpitudes de chacun des protagonistes. Leurs échecs, leurs fiertés, leurs amours, leurs espoirs et déceptions sont décrits pour mieux les comprendre, et appréhender leurs sorts.

On ne peut pas dire que la lecture de ce bouquin encourage à faire des enfants et fonder une famille, mais ce n’est pas non plus une morale fataliste ou pessimiste qui est matraquée. Le style du roman est surtout génial et il est vraiment bien écrit. C’est un plaisir de laisser embarquer dans cette galère. Par contre, les âmes sensibles comme moi peuvent y laisser des plumes selon leur degré d’empathie (je suis un psychopathe en la matière).

Les corrections - Jonathan Franzen

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