MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Amis de la poésie, bonsoir !

Eh non, ce n’est même pas pour raconter des cochoncetés !

Tous les jours, ou presque, je passe sur un raccourci qui m’amène sur un poème en langue française au hasard de l’assez large répertoire de ce site spécialisé. Vraiment, j’adore ça. Je m’abreuve quotidiennement de ces quelques vers, parfois je trouve ça nul et je ne lis même pas jusqu’au bout, je suis parfois simplement sensible à la technique du poète et parfois se dégage un charme particulier. Et rarement il s’agit d’une découverte qui me bouleverse, m’interpelle ou me submerge. La poésie seule a cet effet du langage écrit sur moi, et quand cela arrive c’est un sentiment fabuleux.

Ma grand-mère fut la première, après les récitations de primaire et collège, à me sensibiliser à la poésie. Elle me parlait des poèmes et auteurs qu’elle préférait, et je faisais de même. Nous avons gardé cette complicité jusqu’au bout, et quelques mois avant de mourir, elle m’avait donné son anthologie de la poésie française, une sorte de gros bouquin relié en cuir avec la tranche dorée. En outre, chaque poème est orné d’une illustration en regard qui est liée au texte. Les poèmes contemporains sont illustrés par des peintures de la même époque que les poètes présentés, et ma grand-mère m’avait justement parlé de cette connivence entre un tableau surréaliste et des strophes d’Apollinaire par exemple. Ce livre est une des choses auxquelles je tiens le plus dans ce que je possède. Je l’ai lu en entier, et de temps à autre je le feuillette au hasard. Je tombe sur un poème que je lis, et je me laisse parfois gagner par ces souvenirs de môme.

Cet après-midi j’ai émergé bien tard, mais en me mettant sur le net, j’ai butiné ce site dont je parlais, et je suis tombé sur un poème de Voltaire. Il s’agit de celui dédié à Mme du Châtelet. J’ai été immédiatement captivé par ces rimes. Voltaire n’est pas bien connu pour ses talents de versificateur, et pourtant j’avais découvert très jeune un de ses poèmes qui est resté un de mes vade-mecum dans la vie. Je l’avais déjà évoqué dans mon blog d’ailleurs ! Comme j’avais aussi, un jour de déprime, recopié un de mes poèmes adolescents qui me fait beaucoup rigoler aujourd’hui (mais dans le fond, lorsque je le relis, je retrouve les émois de l’époque qui étaient certes gamins et passionnés mais bien réels et ressentis tels que).

Là, j’ai été captivé par la beauté de ses mots et de ses vers lorsqu’il évoque sa déception amoureuse, et le réconfort qu’il trouve dans l’amitié, même si ce n’est pas la même chose. Quelle merveille !!

[…]
On meurt deux fois, je le vois bien :
Cesser d’aimer et d’être aimable,
C’est une mort insupportable ;
Cesser de vivre, ce n’est rien. ”

Ainsi je déplorais la perte
Des erreurs de mes premiers ans ;
Et mon âme, aux désirs ouverte,
Regrettait ses égarements.

Du ciel alors daignant descendre,
L’Amitié vint à mon secours ;
Elle était peut-être aussi tendre,
Mais moins vive que les Amours.

Touché de sa beauté nouvelle,
Et de sa lumière éclairé,
Je la suivis; mais je pleurai
De ne pouvoir plus suivre qu’elle.

Voltaire

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  • Mon cher Matoo – me permets-tu cette familiarité maintenant que je suis un habitué de ton blog ? – blog parmi mes favoris d’ailleurs. Sans doute parce que tu représentes à mes yeux la parfaite synthèse de ce qu’est un jeune gay aujourd’hui. Je me trompe peut-être, n’importe. Te lire, moi qui suis sur la pente, me permet de me maintenir à flot et d’apprendre plein de choses… En plus, à partir de ton blog, j’en visite d’autres, c’est une source inestimable. Aussi, je te trouves charmant, vif, intelligent, curieux de tout, plein d’humour, avec juste ce qu’il faut de naïveté pour ne jamais paraître prétentieux. C’est assez rare sur le Net pédé où chacun se croit une Star ! Tu écris plutôt bien et avec facilité. Mais, manifestement, la poésie n’est pas ton domaine :oD. Là, pardonne-moi, tu as tout faux. Ce n’est pas très grave, hein ! Cependant les vers de Voltaire que tu cites sont tout au plus des vers de mirliton dont je ne vois pas très bien en quoi ils font s’éveiller en toi un sentiment poétique ? Au reste, si les vers de Voltaire sont moins connus que ses écrits en prose, c’est tout simplement qu’ils sont médiocres ! Après l’extraordinaire XVII° siècle, qui fonda, d’une certaine façon, la grandeur de la poésie française (francophone on dit aujourd’hui !) le XVIII° a été, hélas, sur l’ensemble, une calamité. André Chénier, lui-même, ne doit d’avoir sauver sa tête pour la postérité, que de l’avoir perdue ! La poésie, elle, face à de si mauvais ou mièvres versificateurs, se réfugia dans la prose, chez Rousseau, Diderot et quelques autres. Sade, tiens ! Ta grand mère avait raison de préférer Apollinaire et ton ancien petit copain (pardon de jouer les concierges, lol!) Abraham de Vermeil. Ne m’en veut pas. Bises. Marg.

  • magnifique, j’adore lire de la poésie ça me permet de m’évader un peu de la banalité de ma vie, je sais, certaine de mes phrases sont biscornues mais bon, on comprend ce que je veux dire c’est le principal.
    PS merci pour le site.
    Greg

  • wolà le matoo s’en prend bien la figure!!
    amis de la poésie je vous convie à une soirée de visionnage de Land of the Dead, un voyage entre la vie et la mort tout en subtilité

  • marq pouète plus haut que son q …
    “la parfaite synthèse de ce qu’est un jeune gay aujourd’hui” phrase parfaite synthèse de la banalité :blah:

  • Marg : :blah::blah::blah: = pris en flagrant délit de snobisme ! Si c’est Voltaire qui fait vibrer la corde sensible du Matoo, je ne vois pas ce qu’il y aurait à y redire ! L’important, en matière de poésie, n’est-il pas simplement d’*avoir* une corde sensible ? (ça fait un peu blonde non, comme réflexion ? => allez, je balance le smiley : :pompom:)

  • Marg> Hihihi. Mais j’ai 29 ans, je ne suis plus jeune !!! Nan sinon, j’ai pas de problème à me prendre une baffe pour mes goûts en poésie, c’est comme mes goûts de concierge en musique classique ou en opéra. C’est comme cela ! En fait, je dis que j’aime beaucoup ce poème mais je ne l’élève pas au rang de merveille universelle pour autrui ! Donc ce que tu dis est certainement tout à fait valide !!! :-)

    T’inquiètes, j’ai bien compris que tu ne m’attaquais pas. C’est certainement un peu comme quand je vois un livre de Marc Lévy dans la bibliothèque de quelqu’un qui me dit adorer la littérature !
    :croa:

  • Étranger non-francophone que je suis, moi j’ai beaucoup aimé le poème cité (quel est le titre, svp ?) et je vois très bien pourquoi il t’a touché — en effet c’est touchant. Je suis actuellement en train de lire pas mal de Voltaire — non, il n’est peut-être pas un du Bellay, un Ronsard, un Baudelaire ou un Verlaine, mais c’est un esprit intelligent, qui comprend et exprime la condition humaine commune d’une manière impressionnante. Moi je dis merci à Matoo de l’avoir reproduit — et j’aimerais aussi lire quelques exemples de sa poésie à lui.

  • continue à ronronner en rimes Matoo… Voltaire aimait sa Miss du Chatelet avec sincérité; dire qu’il alla même jusqu’à l’appeler “un grand homme”. ultra SUBVERSIF pour l’époque :love:

  • un remake de ‘dead poets’ society’ ? la technique froide contre la réalité de l’émotion ? … il est plutôt bien balancé ce poême, un peu bancal soit … et alors ?

  • Si je représente la technique froide contre l’émotion, je me gausse ! :mrgreen: J’admets que le ton de mon petit article ait pu paraître pédant. (De pédé à pédant, il n’y a pas beaucoup de lettres de différence !) Matoo, lui, a très bien compris. Sa réponse me suffit et je l’en remercie.

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