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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Dada

Il est tellement difficile de présenter un mouvement dont le fondement même est basé sur la sédition et la sécession avec les courants artistiques de l’époque (de la première guerre mondiale). Présenter un mouvement artistique aussi Nawak était un défi que Beaubourg pouvait relever du fait d’une incroyable collection et d’un choix scénographique particulièrement simple et sagace. Puisque Dada a pour principe de ne pas vraiment en avoir, sinon de faire un gros pied de nez à l’Art, eh bien l’exposition est une gigantesque présentation sous forme d’un quadrillage de kyrielles de petites salles aux séparations murales blanches qui se concentrent sur un pays, un artiste, un type d’oeuvre ou autre chose (!).

Environ 48 pièces sont ainsi constituées et les visiteurs peuvent passer dans l’ordre ou pas, traverser, ignorer, revenir à travers les différents points de vue de ce gigantesque espace scénique. L’impression est alors géniale car on n’a parfois la sensation de se perdre, et de partir alors à la recherche de l’oeuvre dont le regard nous aura accroché. Il s’agit vraiment d’un genre de visite qui m’a beaucoup plu. Et au détour d’une de ces pièces, on tombe sur un bout de magazine, de revue, un livre illustré, un tableau ou un coin de lettre gribouillée, bref tout ce qui fait le Dada, du chiotte de Duchamp (Ready-made) à des poésies typographiques du plus bel effet.

Le fond confond la forme, la forme déforme le fond*.

Ce qui peut surprendre ou décourager c’est que les oeuvres sont très souvent manuscrites, parfois de simples brouillons paraissant inachevés, des affiches ou des manifestes alors qu’on attendrait un peu de plus de recherches « plastiques ». Mais c’est bien cela aussi Dada, une exploration artistique qui remet en question les supports, l’expression, tente d’autres voies et d’autres voix (il y a aussi Erik Satie qui est de la partie). On est évidemment en droit de se demander ce qui fait qu’un tel foutage de gueule (revendiqué comme tel) soit devenu un mouvement artistique à part entière, aussi court que cela dura. Et c’est bien l’ironie de l’histoire puisque ces artistes à contre-courant sont exposés aujourd’hui comme représentatifs de leur époque et donc quelque part étiquetés, triés, jaugés et valorisés.

L’expo est aussi l’occasion de voir beaucoup de photographies et oeuvres de Man Ray et Picabia, qui dont deux artistes dont j’aime particulièrement les travaux. Complètement oufs encore ces deux là. Aaaaah ça fait du bien de plonger dans un tel foisonnement, dans une telle énergie créatrice qu’on sent un besoin d’expression vital pour exorciser la guerre et ses horreurs. Il s’agit de couper avec le passé, et d’inventer le futur en donnant un bon coup de pied dans la fourmilière.

Il vaut mieux y aller en sachant un peu ce qu’est le dadaïsme, mais vraiment ça vaut le coup. En plus, en nocturne, il n’y a pas grand monde, et on peut traîner à sa guise sans foule.

*Elle est de moi celle-là, ‘tain je la kiffe bien. Arf.

Exposition \"Dada\" au Centre Georges Pompidou

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