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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Je m’appelle Jeanne Mass

Le voilà le livre aux 187 pages, qui se lit aisément le temps de deux machines à laver et quatre temporisations de sèche-linge. Cela pourrait être considéré comme une insulte, mais en fait c’est tout le contraire. Ce bouquin se nourrit de l’essence même du nawak. Imaginez la verve et l’à-propos d’un Pierre Dac avec l’imagination débordante d’un Vian, sur fond de truculentes aventures d’un Marcovaldo (Italo Calvino), les hallucinations bien réelles d’un Donnie Darko et un recyclage à tout va de toutes les marques de notre génération (« Names darling, names ! »), le tout accouché en phrases syncopées d’un langage courant voire verlan et autres joyeusetés linguistiques qui font bien d’jeuns.

J’entre dans la boîte et il y a un paquet de monde. La salle est totalement enfumée, c’est vraiment trop ouf donc je commence à sourire et je sors deux trois mots en anglais à une fille qui passe près de moi, une fille plutôt jolie qui me fait penser à un abat-jour.

Tout le public est surexcité. Les jeunes sont défoncés au cassoulet et je me dis que c’est le plus beau jour de ma vie et je cherche et je vois un oiseau et j’en aperçois un, alors je tends ma main et j’attends un bon quart d’heure mais l’oiseau ne vient pas donc je laisse tomber.

Oui, oui, oui voilà. Jeanne Mass, donc la presque chanteuse des années 80 (un s en plus), est videur dans une boîte de nuit avec son pote Derrick (comme l’inspecteur). Et en gros, le boss se fait refroidir par deux nounours roses géants (Donnie Darko, je vous dis !) que Jeanne voit partir du bureau de son chef. S’en suit alors une fuite loufoque des deux comparses, une sorte de virée sous acide faite de moments burlesques plus ou moins logiquement enchaînés.

Je ne pense pas que le roman marquera son temps, il est presque un peu facile par moment, et manque de poésie dans son délire pour avoir un vrai charme (mon opinion), mais il a une qualité qui le sauve : c’est poilant. Soit en calembours ou en « absurdus delirium » (Fluide Glacial), cet OVNI littéraire a le mérite de faire passer un bon moment et de faire souvent mouche avec un humour bien débile.

Et puis parfois, au détour des usuelles billevesées, une pépite retient l’attention. J’ai adoré ce passage qui est aussi dingue que le reste, mais dont je vous laisse apprécier la pertinence.

Il est 19h53, je ne suis toujours pas habillé. Ce soir, c’est fiesta. Lisa ne pourra pas venir. Je suis amoureux d’elle. Pourtant on n’a couché qu’une nuit et encore c’était pas vaginal.

De toute façon, l’avenir sera sodomique. Demain tout le monde se sodomisera. Le sexe, ce sera la sodomie, on oubliera complètement les vagins. Ne me demandez pas pourquoi. C’est comme ça. La société est anale. La société aujourd’hui est anale, c’est-à-dire qu’elle n’est pas tournée vers l’avenir mais vers l’intérieur, vers l’anus.

Le plus important, c’est la survie du moi, la survie du trou du cul. On ne pense plus qu’à soi aujourd’hui, on ne pense plus qu’à son trou du cul. La mort est une fiction médiatique.

Voilà tout ça sur 187 pages. Et d’un petit con d’auteur né en 1976 (ouai tout comme oime !) qui s’appelle Thomas Lélu.

Thomas Lélu - Je m\'appelle Jeanne Mass

L’avis des copines : Délires synaptiques.

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