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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Vincent River

Une pièce avec Cyrille Thouvenin qui se joue au théâtre du Marais et qui évoque un crime homophobe… Ok je suis encore allé voir un truc de pédé. De prime abord oui, mais après avoir vu cette pièce, je peux affirmer que l’oeuvre va bien plus loin que cela, et possède des qualités qui l’élèvent au-delà d’un manifeste contre l’homophobie (même si c’est déjà important).

Bon passons sur le fait que Cyrille Thouvenin est à mourir car tout le monde le sait, et blablabla rhaaa lovely. Cette pièce est un huis clos en un acte (90 minutes) de Philip Ridley, traduit de l’anglais donc. Il s’agit d’une confrontation entre une mère célibataire qui vient de perdre son fils unique, l’actrice Marianne Epin (Anita), et un jeune garçon qu’elle fait rentrer chez elle, Cyrille Thouvenin (Davey). Le fils d’Anita, Vincent, a été découvert le corps massacré (elle l’identifie par une marque de naissance sur le corps) dans un lieu de rencontres gays plutôt glauque (genre des chiottes désaffectés). Elle a remarqué depuis un certain temps qu’un jeune garçon traîne autour d’elle, et la surveille. Il se retrouve à sa porte, elle le fait entrer, et une discussion s’entame.

Davey a le visage abîmé comme s’il venait de se battre, et est débraillé. Anita essaie de lui tirer les vers du nez, et de savoir pourquoi il l’espionnait comme cela, elle sait qu’il y a un rapport avec son fils. Davey explique dans un premier temps qu’il est celui qui a trouvé le corps, mais qu’il ne connaissait pas du tout son fils, et que cette découverte a été un choc immense pour lui. Il croit pouvoir exorciser cela en demandant à Anita de lui en dire plus sur son fils. Rapidement, on comprend qu’il y a plus… et peu à peu le dialogue s’instaure, et la vérité émerge.

Les dialogues sont incisifs, parfois cyniques, ironiques ou crus, et surtout très bien écrits. Ils portent à la fois la tension émotionnelle de l’instant, mais aussi le récit des événements passés. Une narration sous forme de flash-backs tellement efficace qu’elle nous fait imaginer avec une saisissante acuité ce qui a pu se passer. Deux personnes en train de se parler, cela pourrait être chiant ou lourd, mais grâce au talent des comédiens et à la finesse de l’écriture, c’est tout le contraire.

Et pourtant, Thouvenin n’a pas démarré la pièce en donnant le meilleur de lui. Je l’ai trouvé un peu poussif et faussement hystérique au début, peu convaincant. Mais par la suite, il était comme possédé par ce personnage, et il véhicule alors une émotion sans mièvrerie qui sert le texte à merveille. Du côté de Marianne Epin, c’est bien simple elle est parfaite du début à la fin. Chacun des personnages a un moment de la pièce qui lui est plus consacré, d’abord la mère, et puis Davey à la fin. On doit reconnaître alors le mérite des comédiens qui doivent assurer non seulement des tirades interminables, mais aussi chargées d’une émotion dont la justesse était vraiment très difficile à rendre.

J’ai eu l’impression étrange et fascinante d’avoir vu les images que les acteurs décrivaient lorsqu’ils racontaient des épisodes de leur existence ou les circonstances de la mort de Vincent. En sortant du théâtre, j’ai donc le sentiment d’avoir vu un film « vivant », ce qui démontre pour moi la force de cette pièce. C’est la dernière demain soir…

Vincent River

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