MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Lord of War

Voilà un film bien singulier et au discours « coup de poing » qui continue de résonner (raisonner ?) bien après son générique de fin. Assurément un bon film tant son sujet est passionnant, ses acteurs plutôt bons, et ce, malgré une mise en scène relativement banale. Nicolas Cage incarne brillamment ce new-yorkais, fils d’immigrés ukrainiens, qui s’imposent en quelques années comme un marchand d’armes international riche et influent.

J’ai un peu été dérouté par la manière dont la narration s’articule. En effet, il s’agit du récit circonstancié de la vie de cet homme hors du commun, et qui en est aussi le narrateur. Ainsi le film est raconté par la voix-off de Nicolas Cage, et au début on pourrait croire à une sorte de prologue. Mais cela ne prend pas fin, et jusqu’au bout on suit des bouts d’existence de ce personnage, d’années en années, de conflits en conflits, jusqu’au son ironique et cynique dénouement. Cette méthode est efficacement menée et appliquée, mais elle confère au film une linéarité et un rythme un peu lénifiant. Je m’attendais vraiment à ce que l’on raconte toute une série d’épisodes passés pour ensuite arriver à aujourd’hui. Mais ce n’est pas trop gênant non plus, car certains de ces épisodes sont plus élaborés que d’autres, et ils s’équilibrent correctement entre vie familiale, professionnelle etc.

On suit donc l’existence de Nicolas Cage, de son frère qui l’accompagne dans ses premières négociations (magnifique Jared Leto), d’Ethan Hawke qui cherche à les arrêter pour Interpol, et des péripéties ou autres singularités qui pavent le chemin de ce type. Le film décrit la manière dont les ventes d’armes se font, et la politique internationale, officielle et officieuse, qui régit cela. Cette oeuvre n’est alors qu’un pur libelle qui ne fait que montrer la réalité, et c’est suffisant ! Sans même trop en rajouter, on se sent face à un cynisme paroxystique dont l’efficacité est redoutable.

Il faut voir ce VRP de la kalachnikov passer de guerres en guerres pour vendre ses joujoux. La chute de l’URSS lui procure de nouvelles réserves intarissables d’armes en tout genre. Et le pire évidemment est du côté de l’Afrique où l’on revoit la succession sans fin (encore aujourd’hui) des juntes militaires, démocraties fantoches et autres dictateurs sanguinaires qui sont des clients respectés de nos pays riches et civilisés.

Bref, à travers cette biographie fictive, mais bien patente et crédible, d’un marchand d’armes, on « découvre » l’ampleur de ce système hypocrite. Le film comporte aussi son petit volet romanesque et familial, et quelques ressorts hollywoodiens, mais personnellement je les trouve gommés par la composante politique. En complément du « Cauchemar de Darwin » ou même de mes propres « préoccupations », cette oeuvre est un important témoignage de nos pratiques actuelles. Evidemment, cette vision est pessimiste au possible, mais c’est malheureusement la réalité de la situation qui veut cela.

Lord of war

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  • J’ai beaucoup aimé le film, je regrette juste qu’ils aient donné une image « relativement » sympathique du personnage de Nicolas Cage. Ils l’ont fait très humain, trop à mon goût.
    En voyant le film, on serait tenté de se dire… Moi aussi j’aurais pu être à sa place. Et à l’heure des “ Get rich or dye tryin’ ”, je ne crois pas qu’on a besoin de pousser les gens vers la course à l’argent sans moralité (je hais ce mot en général — cf le très bon doc sur Enron qui passe sur Canal + cette semaine). Maintenant, je suis sur que si le personnage avait été un salaud fini j’aurais été le premier à hurler au manichéisme, alors…
    Alors, c’est quand même un bon film et mon commentaire était un peu (beaucoup) inutile, désolé ! :blah:

  • j’ai bien aimé la subvertion du commentaire final rappellant que les cinq puissances siégeant au Conseil de sécurité de l’ONU (chargé de maintenir l’ordre dans le monde) sont les cinq plus gros vendeurs d’armes…

  • J’ai beaucoup aimé la fin aussi. Et par rapport au commentaire de Laurent, j’ai finalement trouvé pas mal de ressemblance avec la terrifiante banalité d’un Eichmann (toutes proportions gardées…).

  • mais heureusement qu’il est bien sous tout rapport ce personnage..c’est bien ce qui fait la force du film, et que quelque part, nous sommes tous complices de cette situation…la France membre du Conseil de Sécurité : à quel prix?? mais bon ce sont des emplois chez nous , ces armes, et des morts dans ces pays lointains et pauvres, où ils s’entretuent…
    ce film m’a vraiment mis le moral à zero pendant un bon bout de temps, mais c’est bien ainsi que fonctionne le monde malheureusement..on peut se consoler en pensant qu’il y a par-ci par-là des hommes qui font bouger les choses dans le bon sens…mais encore une fois à quel prix ? voir le personnage du flic qui poursuit le trafiquant dans ce film…à sa place, je crois que je me flinguerais, ou irait éléver des chèvres au fin fond de je ne sais quelle montagne…

  • salut matoo j’arrive sur ton blog via celui de nitsugua, en fait ce film dont tu parles participe a une campagne internationale dont je m’occuppe qui s’appelle contrôlez les armes. AFIN DE CONTROLEZ ET DE RENDRE TRAçABLE TOUT ARME FABRIQUÉ DANS LE MONDE. tu auras plus d’info sur http://www.controlarms.org.
    rendez vous le we des 25-26 février pour participer à la :-(pétition mondaile 1 millions de portraits.

  • réponse à loriot: ouais, un bon support pour la campagne controlarms, ce film… dommage que lorsqu’on va sur le site du film on tombe sur un jeu à l’éthique plus que douteuse: “envoie des armes à tes copains”! Nobody’s perfect mon frère…:gne:

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