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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Paris dans l’oeil de Willy Ronis

Quelques quinze ans d’écart avec Jacques-Henri Lartigue dont j’avais adoré la rétrospective il y a deux ans et demi, Willy Ronis (né en 1910 à Paris) est aussi un photographe du quotidien. Un photographe « humaniste » comme on l’appellera, et un photographe passionné qui a commencé très tôt. Dès 1926, l’adolescent se met à mitrailler, et cette exposition démarre par ses souvenirs de vacances pour couvrir 75 ans de carrière.

Une carrière pas toujours brillante puisque cet artiste a eu des hauts et des bas, des moments de célébrité, de vaches maigres et de redécouverte comme ces dernières années. Cette rétrospective est une extraordinaire occasion de faire connaissance avec l’oeuvre prolifique de cet amoureux de Paris. Il a photographié pas mal de quartiers sous toutes leurs coutures, et les parisiens des années 30 à aujourd’hui, dans leurs métiers, leurs logis, leurs loisirs. Il les a figés dans la joie, la peine ou l’intimité. Ajoutez à cela un « oeil » incroyable qui saisit non seulement les moments sur le vif, mais cadre à la perfection en composant des tableaux à l’émotion intacte 60 ans plus tard. Un noir et blanc poétique et romanesque, des scènes de rues banales et quotidiennes, des moments fugaces qui sont ainsi magnifiés et transcendés sur la péloche de l’artiste.

L’exposition raconte la vie de l’homme à travers ses photos et différentes ères de son histoire. Les souvenirs de vacances, les débuts de photographe de reportage (plutôt très à gauche), l’exode de la seconde guerre mondiale, le retour à Paris et la période contemporaine. Ces photos m’ont durablement marquées par la manière dont Willy Ronis saisit l’émotion. Il se dégage de ces clichés une force surhumaine, des sentiments qui éclaboussent et remplissent autant les mirettes que le coeur. On y trouve des photographies qui exploitent autant la beauté formelle d’un corps, ou d’un paysage, d’un quartier de Paris, ou celle plus intime et métaphorique d’un sourire et d’une attitude d’enfant, du geste complice entre deux amants, de l’attitude charismatique et combattante d’une femme syndicaliste au milieu des grévistes, etc.

En outre, Willy Ronis a habité boulevard Richard Lenoir, et a arpenté les rues de Belleville et Ménilmontant, donc je suis forcément assez sensible de la manière dont il a appréhendé mon quartier d’adoption. Au détour d’une photo, il y a même une vue de ma rue, et de l’immeuble qui jouxte le mien, immortelle image de 1938. Ce qui est rassurant dans tout cela c’est aussi de constater que Paris est toujours aussi belle. En effet, les photographies contemporaines de Ronis sont toujours aussi impressionnantes et chargées d’affects. Certes les bagnoles occupent l’espace et la modernité marque de son empreinte l’environnement, mais il réussit encore à capter toute la magie de la ville et sa singulière essence. Les photos du RER des Halles ou du centre Pompidou sont à cet égard de probants exemples.

Un film documentaire vient donner l’opportunité de voir et d’écouter ce photographe de 95 ans nous expliquer lui-même son travail, son cheminement, ses motivations et des anecdotes géniales sur ses photos.

Allez-y ! En plus c’est gratuit, et c’est un 38 tonnes d’émotions pures qui vous passe sur le corps.

NB : Ce site d’un pote vend des retirages originaux de photos argentiques, dont certaines photos de Willy Ronis. Je bave, je bave…

Paris dans l\'oeil de Willy Ronis

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