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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

« La Chute » d’Albert Camus

« La Chute » est un roman d’Albert Camus, sous forme d’un monologue, publié en 1956, quatre ans avant sa mort. J’ai vu cette incroyable pièce au Théâtre de Nesle, un espace minuscule avec une dizaine de personnes, il faisait froid et nous n’étions pas bien assis. Le comédien est un homme relativement âgé et au visage incroyable, une véloce mobilité des traits, une large gamme d’expression, un air bourru, frustré sinistre et cynique. Eh bien contre toute attente, c’était exactement ce qu’il fallait pour parfaitement rendre la beauté, la crudité et la cruauté du texte.

André Cazalas est donc ce sublime comédien qui possède le texte à la perfection, et qui est même habité par ce texte. D’ailleurs on n’arrive même pas à l’en dissocier, tant son jeu est fabuleux. Il a un charisme dingue, et on est immédiatement happé par les premières stances de ce texte brillamment soliloqué. J’ai par contre eu le tort de ne pas avoir lu la pièce avant, ou du moins, c’est maintenant qu’il me faut absolument m’en procurer une copie. En effet, malgré les qualités du comédien, j’ai décroché à plusieurs reprises, et je regrette de n’avoir pas pu m’imprégner avant de ce fascinant discours.

On suit donc sur 5 journées, et en 6 parties, le discours d’un homme, un avocat parisien qui s’est réfugié en Hollande. Il rencontre un type dans un bar, le Mexico-City, et tous les jours il lui parle de lui, de sa vie, des raisons de sa fuite, et de ses états d’âme. Cela donne des soliloques d’une certaine portée philosophique, on comprend rapidement que cet homme est rongé par la culpabilité d’un acte qu’il a commit à Paris. A travers cette manière singulière dont il assume sa faute, il ne fait qu’essayer de suggérer ce même sentiment de culpabilité chez autrui. Jour après jour, les discours deviennent plus cyniques et plus acides, l’homme se répand en invectives par rapport à ses comportements passés, et on sent sa frustration monter en même temps qu’une certaine usure.

Cette pièce vaut vraiment le coup d’être vue pour André Cazalas, cet acteur d’exception qui insuffle une vigueur inattendue à ce personnage atrabilaire.

« La Chute » d'Albert Camus

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  • En prolongement de mes reflexions sur les malentendus et dangers du journal intime, je voudrais citer cet extrait de LA CHUTE de Camus:”les auteurs de confessions écrivent surtout pour ne pas se confesser, pour ne rien dire de ce qu’ils savent. Quand ils prétendent passer aux aveux, c’est le moment de se méfier, on va maquiller le cadavre. Croyez-moi, je suis un orfèvre.” Etrange sensation au moment ou Guy George finit par avouer ses crimes devant la cour d’Assises de Paris. On voudrait que les écrivains soient tous des Guy Georges, poussés dans leurs retranchements jusqu’a ce qu’ils crachent le morceau.”Oui, c’est moi qui ai fait le coup, oui,oui,oui, c’est moi, pardon, je ne mentirai plus, promis”
    Mais les écrivains sont des criminels qui ne se mettent jamais à table.
    Beigbeder, l’égoîste romantique, page 146-47

    toi, un des bloggeur les plus connu de france, qui parle de la chute…..quelle mise en abîme….corneille et son illusion comique n’a qu’a bien se ternir.:book:

  • Puis-je, cher monsieur, vous proposer mes services sans risquer être importun ?… Je me présente : Hugo Horiot, comédien et réalisateur. Voici une vidéo à propos d’une version théâtrale de la Chute, adaptée par Catherine Camus et François Chaumette, mise en scène par Christophe Chaumette, et interprétée par Robert Angebaud. Je pense que cela peut vous intéresser…
    http://www.dailymotion.com/video/x7xnth_la-chute-dalbert-camus_creation

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