MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Je suis « parisienne »

Alors que je file vers Montpellier dans mon TGV, je me dis que je suis tout de même drôlement bien à Paris. Depuis 8 ans que j’y habite, je me suis décidément bien approprié cette ville, et je ne me vois pas habiter ailleurs pour le moment. Malgré ses défauts, cela reste un endroit d’une époustouflante beauté, et dans lequel je me sens vraiment bien.

Ironie du sort, mes deux piliers, Virginie et Diego, sont partis aux antipodes. Et hop, tu me colles l’un à Bruxelles et l’autre à Montpellier ! Mais avantage manifeste, j’adore leur rendre visite. Et en ces jours ensoleillés, quoi de plus agréable que quelques jours dans le sud… Montpellier me voici !

Quand je suis « arrivé » à Paris (vers 1995, avant d’y habiter vraiment), j’étais très candide et innocent. Il faut dire que je débarquais de ma banlieue, que je ne savais pas bien ce que pouvait être l’homosexualité ou les autres pédés. Il ne m’a pas fallu très longtemps pour comprendre, m’acclimater, et ne désirer que de m’y installer à mon tour. C’était un tel souffle de liberté, une déferlante de découvertes grisantes et stimulantes, et surtout un premier groupe de potes et copines homos. De quoi expérimenter et enfin vivre mes premières histoires à la « Santa Barbara ». :mrgreen: Je n’étais plus le copain pédé asexué, vous savez le second rôle des séries ou des films ? Non là vraiment c’était ma première saison de « Queer as folk » qui pouvait commencer.

Ma candeur faisait pas mal rire ma meilleure copine de l’époque, Caroline, une lesbienne black affranchie et haute en couleur, connue comme le loup blanc dans le « milieu » (la pègre homosexuelllllllle !). Elle s’inquiétait aussi pour moi et me protégeait des attaques des striges et autres goules qui hantaient le Marais. Enfin peu à peu, je me suis déniaisé… Mais j’ai gardé quelques trucs comme ma légendaire sobriété ou bien mon côté très banlieusard à certains égards, ou encore mon écoute des autres et ma zenitude assumée. Mais il faut reconnaître que je n’avais rien de spécial, et que je ne ressemblais pas vraiment à mes coreligionnaires. Finalement je crois que c’est sur le sexe que je me suis bien lâché à un moment. Oh ce n’est pas non plus un record du monde, mais dès ce moment (1998… j’avais 22 ans) où j’ai compris que l’on pouvait aussi prendre son pied de temps en temps sans forcément se torturer les méninges, je me suis infiltré dans la brèche. Et donc j’ai eu quelques amants entre deux histoires, terriblement passionnelles et torturées, où mon petit coeur de midinette s’emballait pour un de ces connards dont nous sommes tous tombés amoureux (mais si c’est le même).

J’ai eu trois ans en gros où j’ai pas mal collectionné les coups d’un soir, et où je rentabilisais mes heures de connexion RTC (Mein gott ! France Télécom est en fait un proxénète !!) sur les chats de France et de Navarre (La SNCF aussi peut me remercier tiens !). Bref mes histoires santabarbaresques étaient devenues aussi improbables que les autres, et j’aurais certainement tenu un fantastique Skyblog si cela avait existé à l’époque.

C’est pour cela, que j’ai toujours accroché sur cette chanson de Marie-Paule Belle, qui parle tellement de ce que j’ai vécu. J’adore ce morceau, qui n’est pourtant pas un des fleurons de la chanson française, je l’admets, mais qui me fait toujours sourire. Et puis c’est une chanson de 1976 après tout… ;-)

1 – Lorsque je suis arrivée dans la capitale
J’aurais voulu devenir une femme fatale
Mais je ne buvais pas, je ne me droguais pas
Et je n’avais aucun complexe
Je suis beaucoup trop normale, ça me vexe
Je ne suis pas parisienne
Ça me gêne {x2}
Je ne suis pas dans le vent
C’est navrant {x2}
Aucune bizarrerie
Ça m’ennuie {x2}
Pas la moindre affectation
Je ne suis pas dans le ton
Je n’suis pas végétarienne
Ça me gêne {x2}
J’n’suis pas Karatéka
Ça me met dans l’embarras
Je ne suis pas cinéphile
C’est débile {x2}
Je ne suis pas M.L.F.
Je sens qu’on m’en fait grief
M’en fait grief {x2}

2 – Bientôt j’ai fait connaissance d’un groupe d’amis
Vivant en communauté dans le même lit
Comme’ je ne buvais pas, je ne me droguais pas
Et n’avais aucun complexe,
Je crois qu’ils en sont restés perplexes.
Je ne suis pas nymphomane
On me blâme {x2}
Je ne suis pas travesti
Ça me nuit {x2}
Je ne suis pas masochiste
Ça existe {x2}
Pour réussir mon destin
Je vais voir le médecin
Je ne suis pas schizophrène
Ça me gêne {x2}
Je ne suis pas hystérique
Ça s’complique {x2}
Je lui dis je désespère
Je n’ai pas de goûts pervers
De goûts pervers {x2}

3 – Mais si, me dit le docteur en se rhabillant
Après ce premier essai c’est encourageant
Si vous ne buvez pas, vous ne vous droguez pas
Et n’avez aucun complexe
Vous avez une obsession : c’est le sexe.
Depuis je suis à la mode
Je me rode {x2}
Dans les lits de Saint-Germain
C’est divin {x2}
Je fais partie de l’élite
Ça va vite {x2}
Et je me donne avec joie
Tout en faisant du yoga
Je vois les films d’épouvante
Je me vante {x2}
En serrant très fort la main
Du voisin {x2}
Me sachant originale
Je cavale {x2}
J’assume ma libido
Je vais draguer en vélo
Maint’nant je suis parisienne
J’me surmène {x2}
Et je connais la détresse
Et le cafard et le stress
Enfin à l’écologie
J’m’initie {x2}
Et loin de la pollution {x3}
Je vais tondre les moutons {x3}
Des moutons. {x3}

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  • Ne dites pas “j’te prends, j’te r’tourne, j’t”enc…”
    Non, lisez Matoo et dites plutôt : “je me suis infiltré dans la brèche”
    Ah, qu’en termes galants ces choses là sont dites !!! :langue:

  • Ouaahh super ! Je me lève ce matin et je trouve, grace à toi, sur mon ordinateur des traces de Marie-Paule Belle. Les souvenirs me reviennent en plein coeur.

    C’est un nom sorti de loin et qui me rappelle plein de souvenirs d’enfance :-)) La dernière fois que je l’ai croisée, elle chantait Barbara et trimbalait toujours son corps et sa personnalité étonnants et attachants.

    Merci Matoo !

    Je vais l’avoir dans la tête tout le week-end !

  • Le prochain post : “je suis une fleur de provin-ceuuuu, ni trop grosse, ni trop laide ni trop minceuuuuu”
    Zut c’est qui qui chantait ça ???

    Matoo : ne crois pas que la vie en province soit plus cool. Les PD sont partout les mêmes, parce qu’ils partagent les mêmes vices.
    Il y en a juste beaucoup plus à Paris !

    Tiens d’ailleurs tu vas le vérifier à Montpellier. Le milieu local vaut à lui seul le déplacement.

  • Paris est souvent vécu comme une libération pour nous, homos de province ou grande banlieue et c’est difficile de s’imaginer ailleurs, loin de toute cette mixité et richesse humaine. Enfin, je parle pour moi: je ne sais pas si j’arriverais à partir un jour !(pourtant faudra bien: quand j’aurais 4 gosses ;-))

  • Marie paule Belle qui avait été saisie par les huissiers, plus un rond, plus de piano, plus rien. Grande artiste, allant du rire aux larmes. J’aime beaucoup.

  • J’aime beaucoup cette chanson, l’air est entrainant et les propos amusant. Il y a “Quand nous serons amis” (sur la rupture, c’est moins drole) et “Gersay Guenersay” (orthographe approximative) qui me reviennent à l’esprit avec leur air lent… On reste dans l’univers gay, MPB étant lesbienne.

  • Comment je me suis grave retrouvé dans ton post (même si, moi, j’avais eux déjà des expériences alors que j’étais près ado dès (au moins) la 6e, et que je n’étais surtout pas vierge lors de mon arrivée dans le marais.

    PS : Pourquoi ton blog me demande de taper “1955”, je ne suis pas SI vieux que ça !!!!

  • eh ! mais c’était aussi la base du générique de “matin bonheur” sur la deux ! Je crois que la cadence finale faisait :
    “c’est le rythme de ton coeur
    quand tu suis matin bonheur,
    c’est le rythme de ton coeur
    quand tu suis matin bonheur,
    matin bonheur,
    matin bonheur,
    matin bonheur,
    matin bonheur,
    matin bonheur”
    :pompom:

  • Bon, bin vivement que j’ai ma nouvelle platine vinyle pour pouvoir faire une ‘tite radio-blog spéciale Marie-Paule Belle, ça devrait plaire à des gens :mrgreen:.

    Sinon, il y a encore une compile de ses années Polydor disponible en CD, avec notamment les versions live de Wolfgang et moi et Nosferatu (une de mes préférées). Et sur scène, toute seule au piano, c’est un régal :pompom:. J’adore “La Parisienne”, mais on a souvent tendance à réduire MPB à ça, alors que son registre est beaucoup plus vaste. Excellent musicienne et interprète. C’est une des rares à pouvoir reprendre Barbara sans la singer ni la trahir…

  • J’y crois pas .. les jeunes connaissent Marie-Paule Belle !!! ;-) Ah Marie-Paule … un de mes meilleurs souvenirs sur scène .. quelle présence elle avait .. et quelle générosité .. Merci Matoo de me rappeler tout ça !

  • Me encanta tu blog, me parece estar tocando alguna textura y los graficos son super simpaticos. Me falta leer aun mas los textos pero desde ya me he reido y he disfrutado de tus comentarios. Espero no te moleste, pero me has inspirado esta noche para arrancar con mi propio blog. Un abrazo desde Paris, Carlos.

  • bravo MARIE-PAULE BELLE :pour ta prestation ce soir 1ér novembre sur fr.3 FORMIDABLE toujours aussi PETILLANTE ,continue tu nous fait honneur.

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