MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Bloguerie littéraire et Werbérisation

J’étais jeudi soir avec une trentaine de blogueurs, invités par Albin Michel (via une agence évidemment) pour rencontrer Bernard Werber, et surtout repartir avec son bouquin en avant-première. J’y suis surtout allé pour cela en fait ! C’est toujours chouette de se dire qu’on découvre un livre avant tout le monde, et particulièrement un exemplaire « épreuves non corrigées » (avec une belle dédicace de surcroît). Il s’agissait d’une présentation de ce bouquin : « le Papillon des Etoiles » par l’écrivain et son éditeur, ainsi qu’une séance de Q&A (comme on dit dans mon jargon) entre Werber et nous.

Cette invitation était libre et sans aucun engagement, donc j’y suis allé avec plaisir. Cette agence a ce mérite d’ailleurs de laisser les choses se faire toutes seules, ce qui est plutôt habile à mon avis. En gros, on pouvait voir se dessiner dans la salle une segmentation entre blogueurs « influents » et blogueurs « lecteurs ». Un peu de buzz des « influenceurs » de base, en plus de la garantie d’avoir quelques posts un peu plus élaborés ou au moins tamponnés « littérature », jusque là tout va bien.

Bernard Werber est assez sympathique et affiche une certaine humilité, en même temps qu’un surprenant aplomb dans ses explications. Il se dit lui-même un artisan plus qu’un écrivain, et en effet il décrit une production littéraire extrêmement industrialisée et formatée. Il écrit quotidiennement, trouve la bonne idée et est alors capable de la décliner sous toutes les formes, du haïku au cycle de plusieurs tomes, en passant par la nouvelle, le roman et le pavé. Et il nous informe comme ça qu’il a d’abord écrit le bouquin comme une nouvelle, écrite en une heure, et qu’il lui a fallu les trois mois du tournage de son film pour pondre le roman. Impressionnant !

Je ne connais que « les Fourmis » de l’auteur, et d’autres bouquins que je n’avais que feuilleter sans être bien convaincu. J’avais adoré le premier livre qui avait vraiment un souffle unique et original à l’époque. Depuis j’ai toujours eu la sensation qu’il standardisait ses romans, et cela me branchait moyennement. J’en ai eu la confirmation de ses lèvres même avec pas mal de surprise. Il explique qu’il connaît déjà la chute, qu’il y a un paroxysme à un moment, puis une rupture vers un retournement de situation extraordinaire etc. Il a publié des romans, nouvelles, encyclopédies, cycles, pièces de théâtre etc. Bref on a l’impression qu’il est l’employé modèle d’Albin Michel, et dont le plan marketing a l’air d’être au poil pour maximiser les intérêts de chacun.

Je ne critique pas non plus cela. Après tout, ça marche, et je pense sincèrement que Bernard Werber est un bon auteur. Je le trouve scientifiquement très crédible et intéressant, en plus d’un poète qui sait faire vibrer le coeur de ses lecteurs. Il a bien l’étoffe de ces écrivains de SF américains des années 50 (il a cité le roman génialissime « des fleurs pour Algernon » qui est un chef d’oeuvre) que j’aime tant, mais il me manque un peu de spontanéité, un peu de ces tripes à l’air qui donnent des oeuvres d’artistes, des oeuvres qui pleurent, qui crient et qui éviscèrent.

Là on se sent comme avec Amélie Nothomb (chez le même éditeur…) qui nous pond son roman annuel et en tire des millions d’exemplaires. La production littéraire s’apparente à n’importe quelle industrie culturelle, et vu le thème du bouquin que je viens de terminer, vous comprendrez que tout cela avait un écho en moi.

J’ai feuilleté mon exemplaire aujourd’hui, et tout de même je suis impressionné par une telle rapidité d’exécution et efficacité du procédé. Il est terriblement doué. Mais dommage qu’un grain de folie ne vienne pas un peu pimenter le tout, dommage qu’il se contente de faire « son métier ». Ce bouquin me fera peut-être changer d’avis, car je reconnais que je n’ai pas assez lu de Werber pour me faire une opinion ferme. A suivre donc…

Evidemment dans une bloguerie pareille j’ai retrouvé Charles et Eric (mais siiii Jacques Gamblin en plus Rhaa Sexy !!) ! Ah là là, moi vous me connaissez, je capte mes copines et hop je fais mon intéressant.

Je l’ai d’abord entendu, et je me suis dit « putain de sa mère, sa race, je connais c’te voix ». Je me retourne et je vois qui c’est. Et blam’, ça fait tilt, c’est Nicolas d’emob ! Le Nicolas que j’avais découvert vocalement lors des Podcasts d’Or de la dernière fois, et que j’avais couronné pour sa belle voix. Bon j’ajoute à la voix, un Rhaa Lovely !! réglementaire (le charme du provincial, arf). :mrgreen:

Mais la découverte de la soirée est sans conteste celle de deux talentueuses blogueuses avec qui je me suis acoquiné avec un plaisir éhonté. Julie avec qui je partage l’amour des romans américains, et Charlotte qui est une jeune femme libérée et libérante. Nous ne nous connaissions pas, mais en quelques paroles incidemment et inopinément échangées, j’ai senti le courant passer comme cela n’arrive pas si souvent. Et enfin, j’ai pu parler de bite à une rencontre littéraire chez Albin Michel, et ça ça le fait merde !!! :mrgreen:

Nous sommes tous rentrés sous la flotte, chassés par les albinomichelins qui voulaient rentrer chez eux, alors qu’on aurait bien fini le champagne (oui le coca pour moi) et les petits fours. Mais cela nous a permis, à Eric, Nicolas et moi, d’échanger de passionnantes tirades théologiques avec un marginal édenté et aviné plein de fougue et de ferveur.

Tout ça !

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  • Et donc, si j’ai bien compris, tous les blogueurs invités à la soirée seront bien inspirés de poster une note sur le livre ? C’est plutôt bien pensé, ce coup de pub. Ceci n’est pas une critique contre la pub, c’est juste que j’avais jamais pensé à un truc pareil (heureusement, les éditeurs ne m’attendent pas pour avoir des idées:mrgreen:).

  • Salut c’est le provincial! J’ai passé également une excellente soirée avec un climax dans le métro et un cours de théologie viticole en prime (grâce à toi je crois bien)…See you next time :book:

  • Si j’en juge par le bouquin que je viens de recevoir, nous ne sommes qu’au début du phénomène Blog et Marketing. Ils ont commençé discrètement par les téléphones portables puis les congrès politiques. Voici venu le temps des livres et des soirées voiture !
    Cool, on a pas fini de faire de l’infomercial :mrgreen:

  • Mis a part “Les fourmis” (le premier tome, pas du tout les deux suivants) j’avais aussi beaucoup aimé “Les Thanatonautes”, histoire de gens qui voyagent jusqu’à la limite de la mort et de l’au-delà. L’as-tu lu ?

  • “Je ne connais que « les Fourmis » de l’auteur, et d’autres bouquins que je n’avais que feuilleter sans être bien convaincu.” […] “Ce bouquin me fera peut-être changer d’avis, car je reconnais que je n’ai pas assez lu de Werber pour me faire une opinion ferme. A suivre donc…”

    Humm… Donner une opinion sur la production industrielle d’un auteur en ayant lu uniquement la sage des “Fourmis”, c’est un peu rapide, non ? ;-)

    Ceci dit, j’aurais bien aimé être là : je viens d’achever “Nous, les Dieux” et “Le Souffle des Dieux” (les suites de “Les Thanatonautes” et “L’Empire des Anges”, ce dernier étant bien moins bon que le premier) et j’avoue que le dénouement de la série (à paraître : “Le Mystère des Dieux”) me fait piailler d’impatience.

    Si, donc, j’avais été présent, je crois qu’une question aurait été : “Et la fin du Cycle des Dieux, z’alors, c’est pour quand, bordel d’un balais à chiotte, hummmmmm ?”.

    Werber est un Nothomb de la SF : un livre par an, ça se lit facilement, c’est sympa, toujours avec une petite histoire bien sympathique et ça fait passer le temps. Rien de révolutionnaire mais pas “critiquable” en soi pour autant. D’autant plus que la SF française reconnue (i.e. best-seller) se fait rare ; Werber a ce mérite-là.

    PS : Qu’est-ce qu’il faut faire, mon Matoonet, pour pouvoir poser un oeil sur “Le Papillon des Etoiles” ? T’inviter au resto ? Si c’est le cas, je suis dispo dès le début de semaine ! :-)

  • Urobore> Justement je disais que je n’ai pas accroché sur le reste des bouquins. Mais je vais peut-être changer d’avis, on verra. En effet, je suis habituellement beaucoup plus indulgent avec les auteurs de SF (comme les amerloques des années 50-70 que je lis beaucoup). Et sa productivité ne retire en rien ses qualités littéraires, on est d’accord. Ca retire juste un peu de charme… ;-)

  • “feuilleté”… :boulet:

    du génial werber, je te conseille “nos amis les humains”, ça se lit vite et c’est très sympa (et j’avoue être curieux de ton opinion sur ce genre de sujets…) :book:

  • Intéressant. Werber a des idées, et sa technique d’écriture est efficace, même si c’est celle de tous les “page turners” (chapitres courts, plusieurs histoires en parallèle qui finissent par se rejoindre , “voix-off” en fil rouge …) J’avais lu une interview de lui où on l’interrogeait sur Dan Brown en pleine DVC-mania et où il reconnaissait utiliser toutes les ficelles du genre, tout comme D; Brown d’ailleurs.
    Sur le reste, je te rejoins, sa production devient un peu mécanique et c’est dommage. Sur “Nos amis les hommes”, c’est flagrant, c’est sans inspiration, écrit à la va-vite et le résultat est à chier. En revanche, quand il prend son temps et qu’il se documente assez, le livre est étonnant: “Les fourmis”, bien sûr, mais aussi et surtout “Les thanatonautes” (à lire absolument) et aussi “L’ultime secret”. Son site web, avec l’arbre des possibles, est intéressant aussi.

  • Werber nous a finalement tous inspirés.. mmm… Moi aussi j’ai senti le courant électrique (mais nan c’était pas à cause de l’orage), et Albin M. avait besoin d’un peu de décrassage :censure:…
    T’es un amooour… de matoo!!!
    :pompom:
    hé hé

  • Si des lecteurs ont déjà critiqué ici l’écriture de Werber, je préfère m’attarder sur le fond pseudo-scientifique. Qui est souvent intéressant (l’Encyclopédie du savoir relatif et absolu en a fait rêver plus d’un, Werber a tenu quelques temps une chronique dans feu le magazine de sciences Eureka) mais parfois fumeux, voir un exemple chez moi : http://www.enroweb.com/dotclear/index.php?2006/07/04/340-cybernetique-et-robots

  • Moi qui ai lu tout Werber, je dois dire que tu as très bien résumé le personnage et sa production ! :)
    Comme les autres, je te recommande vivement ‘Les Thanatonautes’, c’est justement un peu plus dérangeant, plus poussé… M’enfin je dis ça alors que je l’ai lu il y a plus de dix ans, ça me paraîtrait peut-être moins bien maintenant.

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