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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Le petit corps

J’avais rencontré l’auteure, Corinne Solliec, lors de l’enregistrement d’une émission du 6ème sens. J’avais vraiment bien accroché avec cette jeune femme, son regard, sa voix, ses propos, tout cela m’avait donné grande envie de lire son roman. Ce premier roman, « Le petit corps », raconte l’histoire et le combat d’une jeune femme, Estelle, contre son anorexie-boulimie. Le livre est basé sur le vécu de Corinne Solliec, mais n’est pas pour autant biographique.

Estelle a 20 ans, et peu à peu, on la suit sombrer dans les affres de la maladie. On voit évoluer son rapport à la nourriture, et surtout une singulière (pour qui ne l’a jamais vécu) relation à son corps. Elle a autant besoin de manger pendant ses crises, que de vomir ensuite, et d’alterner ainsi entre les deux avec une érotisation fascinante de tous ces actes. En effet, engloutir la nourriture et jouer des textures des aliments, de leurs mécaniques d’ingestion, puis de dégurgitation, ou même ressentir les effets physiques et psychiques de la faim qu’on (dé)cale avec du thé sucrée, cette douleur stomacale et mentale qui trouble la raison, tout cela fait partie de la maladie et de l’assuétude qu’elle engendre.

Estelle quitte ses parents pour vivre avec son petit-ami, qui la quitte à certains moments, ou qui rejoint sa maladie à d’autres, elle part aussi en « sevrage » à l’hôpital, elle essaie de se soigner elle-même, puis jour après jour, elle repousse les échéances, elle remet au lendemain sa promesse intérieure d’ingérer et de digérer.

Le livre est troublant car il est écrit avec un style épuré et un vocabulaire ciselé. Les phrases sont sans ambage et saisissent le lecteur droit au coeur et à la tête. La douleur de la maladie, ses symptômes et ses troubles sont décrits avec un réalisme et une crudité qui ne peuvent laisser insensible. Mais c’est avant tout l’histoire d’un personnage, et c’est aussi en cela que le roman est si fort, car on accroche d’emblée aux épreuves que l’héroïne doit subir, et aux troubles auxquels elle doit faire face, jusqu’à réellement mettre sa vie en danger.

Corinne Solliec écrit aussi un roman tout en finesse et en évocations familiales émouvantes, sans toutefois aller jusqu’à l’explication psychologique du mal de son personnage, ou dans des tribulations romanesques tarabiscotés. Il s’agit d’être dans le vrai, dans le combat et la survie au quotidien pour un être « sur le fil ».

Le petit corps - Corinne Solliec

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