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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

L’American Ballet Theatre Au Théâtre du Châtelet

Tout a commencé comme une de ces hasards du blog que j’adore. Il y a quelques temps j’ai remontré un extrait d’un ballet contemporain sur une musique de Philip Glass, ce dernier étant un compositeur que j’admire et dont j’ai beaucoup parlé ici. Je ne savais pas exactement qui avait chorégraphié ce ballet, ni s’il en existait des enregistrements vidéos. Et voilà que Laurent, que ses bontés envers moi lui soit rendu au centuple au paradis des pédés, m’apprend en commentaire que, non seulement, ce ballet est de Twyla Tharp, mais qu’en plus il va être visible au Théâtre du Châtelet ce dimanche. Ni une, ni deux, j’ai dégainé ma carte bleue et me suis dégoté deux excellentes places (en plein milieu d’orchestre), en pensant à ma Cici d’amûûûr dont c’était l’anniversaire.

La troupe de l’American Ballet Theatre m’a beaucoup fait penser aux danseurs du « Swan Lake » de Matthew Bourne, dans le sens où on trouve là des athlètes superbes qui magnifient des shows millimétrés, mais qui manquent peut-être un peu de la grâce et la perfection des ballets « traditionnels ». L’originalité de ce programme résidait vraiment pour moi dans une approche chronologique aussi divertissante que didactique. En effet, on y a vu trois ballets de trois époques et de trois genres, en démarrant par Mozart (18e), en finissant par Philip Glass (fin 20e, début 21e) et en passant par Gustav Mahler (fin 19e, début 20e).

La « Symphonie concertante » fut donc la première oeuvre de Mozart avec une chorégraphie très classique et superbe de Balanchine. Un vrai régal pour les yeux, et un apaisement de l’âme sont instillés par les mouvements de symétrie et les expressions ce ballet. Mais petit bémol, comme je le disais plus haut, il manquait un rien de grâce et de légèreté, une toute petite touche encore plus classique et éthérée en plus.

Ensuite, on a eu droit aux « Dark Elegies » de Mahler, avec une histoire à pleurer dans les chaumières (très bien racontée en allemand par un chanteur lyrique, même si évidemment, je n’y ai rien entravé) et une chorégraphie d’Anthony Tudor. Cette dernière était déjà sans doute très arty à l’époque (1937), et on ne peut pas dire que ça ait si bien vieilli que cela, comme Laurent le soulignait. Malgré cela, les danseurs et danseuses sont remarquables, et servent admirablement l’oeuvre. C’est juste vraiment trop dépressif, Mylène aurait adoré. (Gvgvsse va me tuer pour cette remarque, rhoooo !)

Et enfin l’apothéose, nous sommes en 1986, et Twyla Tharp crée cette chorégraphie extraordinaire sur l’extraordinaire musique de Philip Glass… « In the Upper Room ». Simplement magnifique et terriblement émouvant, j’ai été saisi, retourné, convulsé, excité, affolé, extasié pendant tout le ballet. Aaaaaah mon petit Philip, je t’adore !

Et là les performances physiques et artistiques de la troupe prennent toutes leur importance, et démontrent leur excellence avec un certain brio. Tout m’a plu. Tout ! Le décor fait de lumière et d’un fantomatique brouillard d’où les danseurs et danseuses surgissent, comme du néant. Mais aussi les costumes et les couleurs qui s’animent par les gestes précis et syncopés des hommes et des femmes. Tableaux par tableaux, ils composent une oeuvre rythmée, cadencée, formellement très belle et foncièrement remuante. On est alpagué dès les premières notes, et on n’est relâché qu’à la dernière, essoufflé, terrassé, et heureux d’avoir vécu cela.

Désolé, je ne peux être que dithyrambique, et c’est aussi sincère que totalement subjectif. Car je dois reconnaître que les ressors musicaux sont assez faciles, et que c’est de la musique plus « populaire » que « classique », que cela paraît même grossier à certains ou de « concierge ». Mais j’y suis sensible à un point que vous ne pouvez pas imaginer, et cette mise en mouvement de cette musique produit une oeuvre monolithique et indissociable qui m’a totalement conquis.

Encore, encore, encore !

Concierge poweeeeeer !

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  • J’ai vu ce même programme du Ballet théâtre vendredi dernier.
    Déçu par la Symphonie concertante. C’est du Balanchine de jeunesse, un ballet assez conventionnel (pour ne pas dire médiocre) qui date de 1947. Il ne faisait pas partie du répertoire du New York City Ballet du temps de Balanchine…….. on comprend pourquoi.
    Comme tu l’as remarqué les danseurs ne sont pas à l’aise dans la pure danse académique. Ils n’ont je pense pas la formation nécessaire. La compagnie n’a pas d’ensemble, les bras sont raides, on sent l’effort. Ils n’ont pas ce besoin de gestes épurés, ils copient un style qu’ils ne ressentent pas.
    Dark Elegies lui est un ballet complètement dépassé. Tudor à une certaine renommée parce qu’il fut le premier chorégraphe anglais. La musique est belle mais malgré son effort de créer un langage nouveau il n’a pas pu s’empêcher de laisser la soliste danser sur pointe !
    Quand on arrive à Twyla Tharp quelle différence ! Dans Upper Room on sent les danseurs libérés, ils retrouvent un climat typiquement américain, c-a-dire énergie, élan, vélocité. Ils peuvent se laisser aller à la griserie du mouvement et de la virtuosité. Peu importe si les corps ne sont pas exactement placés, ou les mouvements imparfaits, ce qui compte c’est la fougue, l’exaltation, l’exultation des corps. Surtout le jeu avec le rythme.
    Ça colle magnifiquement avec la musique de Philip Glass qui est un grand ami de Twyla Tharp.
    Pour le coté « concierge » bon……. si on analyse, c’est la répétition continuelle de mêmes thêmes , en jouant sur les rythmes avec la superposition de mesures à 3 et 4 temps, Ok ! mais c’est follement dynamique et donne instantanément envie de danser ! Les changements de couleur des costumes correspondent très bien aussi aux changements des thèmes musicaux. J’étais très emmballé .C’est une merveille.
    J’ai enregistré à la TV il y a 10 ans (et perdu) Sinatra songs. (je crois que c’était au début de Arte) si jamais quelqu’un en possédait une copie, je serais prêt à l’acheter. C’est extrêmement beau.
    Je suis la plupart des spectacles de danse, nous nous rencontrerons peut-être un soir Matoo ! ! ! En tous cas merci pour ton compte-rendu.
    Gracian

  • Je viens de regarder la petite vidéo. Je n’accroche ni à la musique ni à la danse. Mon coeur balance entre le presque beau et le laid. Le côté frénétique des mouvements est assez irritant, surtout que, comme Gracian l’a dit, certains mouvements pêchent par leur imprécision. Un mélange de Flashdance (que je n’ai jamais vu) de GRS et de rock acrobatique dans une vague idée de ballet. Puis ce brouillard… Ca fait penser à ces vieux films vus en acceléré. Enfin, j’imagine que l’effet sur place est plus saisissant qu’une vidéo bloggée :=)

    :kiss:

  • J’ai vu aussi le programme d’American Theatre Ballet en fevrier, et depuis cette soirée tellement sublime j’ai cherché un extrait ou quelque chose afin de montrer mes amis qui n’ont pas eu la chance de voir la dernière danse (Tharpe et musique P Glass) J’ai tellement adoré la musique, et la composition.

    Une memoire tout à fait belle.

    (dsl pour mon francais -le pauvre petit etudiant anglais que je suis!) :)

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