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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Machines à sous

Je lis un peu dans n’importe quel sens les bouquins de Gilles Leroy, tout en ayant commencé par hasard (Grandir), puis par les derniers (Champsecret), et enfin en reprenant peu à peu le fil du temps (Maman est morte, Les maîtres du monde). Et voilà « Machines à sous » qui complète encore quelques lacunes sur cet auteur, dont je révère à présent officiellement la plume. Mais ce n’est pas tout, car il semblerait que l’auteur parle de sa propre vie dans chacun de ses romans tant on retrouve de personnages communs (même si leurs prénoms sont différents), et qu’on comprend très rapidement qu’il ne s’agit que d’une histoire, son histoire, vue et racontée avec des points de vue différents et à certaines époques de sa vie.

« Grandir » et « Les maîtres du monde » restent pour le moment mes préférés, mais celui-ci possède aussi une grande force. En effet, il évoque cette fois la figure paternelle, celle-là même qu’on trouvait dans les autres romans, le fameux « Play Boy », le père bellâtre, flambeur et foirineur, à l’ambivalente personnalité et aux relations complexes avec son fils. On retrouve l’évocation paternelle comme dans « Maman est morte » mais avec une véritable fibre romanesque, alors qu’on sentait bien que dans « Maman est morte », le sujet était trop difficile et véhément pour être masqué par la fiction.

Le narrateur s’appelle Gilles, il est le fils de la superbe, et d’un milieu très modeste, Eliane et d’André ou Dédé, un self-made man qui a fait fortune dans les juke-boxes et autres machines à sous dans les années 60-70, d’une famille assez cossue et bien psychotique (comme toute bonne famille qui se respecte, hé hé). Gilles explique les histoires et backgrounds familiaux de ses deux parents, et sa propre enfance et adolescence dans cette famille, ainsi que ses rapports avec ses parents. Mais le héros c’est le père, c’est André, qui, d’anecdotes en péripéties, apparait sous les traits d’un bel homme un peu maladroit et fanfaronnant, qui mène la grande vie et craque son fric aussi vite qu’il en gagne.

J’ai lu le roman d’une traite, et Gilles Leroy me ravit toujours autant par son écriture et sa narration, de cette manière « hybride » et syncrétique qui me parle tant, mi-américaine (dans le rythme, l’intrigue et les dialogues) et mi-française (dans le style littéraire soutenu, le vocabulaire riche et recherché). Et puis je crois que c’est clair, je m’identifie carrément dans ce vécu, et peut-être même plus dans la manière dont il est transcendé par les bouquins, que dans les propres faits (car nous n’avons pas vraiment la même histoire). Et je pense que cela doit être possible pour beaucoup de lecteurs, car il dissèque la « famille », et sur plusieurs générations, avec un scalpel qui représente une opération chirurgicale certainement aussi salutaire que douloureuse.

Machines à sous - Gilles Leroy

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