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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Livre 9 – XIX

Tout est en cours de transformation.Toi-même aussi tu es en état de transformation continue et, à certains égards, de dissolution; de même pour l’univers entier.

Pensées pour moi-même, Marc-Aurèle.

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  • Bonjour,

    Marie, il ne faut pas avoir le cafard en lisant chez Marc Aurèle que l’on est en état de dissolution, “de même pour l’univers entier”.

    Je dois vous faire un petit cours (grosso modo) sur les Stoïciens, pour m’expliquer. Si vous connaissez, eh bien ! ce n’est pas la peine de lire plus loin évidemment. Mais dans le cas contraire peut-être que cela vous intéressera. Et, comme je suis d’humeur bavarde, je m’exécute.

    Pour faire simple, disons ceci : pour les Stoïciens, le monde est le Tout dont rien n’est exclu, et dans lequel il n’y a nul vide. Le dieu est dans le monde, le dieu est le monde. Le dieu est aussi le feu artiste, la raison (c’est équivalent en contexte stoïcien), et il conduit le monde. Mais, de plus, le dieu est aussi en moi, en toi, et en tout être – fût-ce une pierre.

    Bien, ceci étant posé, il faut savoir que dans la physique des Stoïciens, le monde (c’est-à-dire l’univers) connaît des cycles d’expansion et de contraction. A la fin de la contraction, le monde s’embrase et se concentre en un feu très pur qui est le dieu. Puis, le monde (c’est-à-dire le dieu) s’étend à nouveau. Ce moment de contraction/nouvelle expansion du monde s’appelle la conflagration. Il y a des cycles de conflagration depuis toujours, il y en aura toujours.

    En quoi cela est-il rassurant ? Très simplement en ceci : le dieu est la raison. Par conséquent, sa conduite du monde est excellente (nous sommes en contexte grec, le logos est excellence). Aussi, quand le dieu s’étend à nouveau, il n’y a aucune raison – en tout cas pour un stoïcien – pour qu’il ne s’étende pas exactement de la même façon qu’auparavant. Ce qui veut dire que tout recommence exactement à l’identique (certains stoïciens disaient qu’il pouvait y avoir de très minimes variations – comme la place d’un grain de beauté sur la peau ; mais cela faisait discussion, on le comprend :-)) : les mêmes êtres (donc vous aussi), les mêmes actions, les mêmes sentiments… Bref, vous allez revenir. Ainsi, il y a une éternité, celle d’un temps cyclique.

    De ce fait, vous vous êtes dissolus dans les cycles précédents, mais vous reviendrez toujours à l’identique (c’est d’ailleurs ce que vous faites en ce moment). Car tout est déjà arrivé dans l’éternité du temps passé (si l’on peut dire). Et tout arrivera encore dans l’éternité du temps futur (si l’on peut dire encore).

    Alors, certes, pour l’insensé que je suis (cad un homme qui n’est pas sage, qui n’a pas encore compris qu’il est partie du monde, et qu’il est dès lors excellement conduit par le dieu : car je suis long à la comprenure… Comme 99,99999999999999999999% des gens selon les stoïciens qui se classaient dans le lot), il est triste que cette existence se dissolve. Mais le sage – qui a parfaitement intégré ces choses-là – vous dirait (si jamais vous avez la chance d’en croiser un – ce qui est aussi probable que vous arriviez à connaître par coeur les cent milles premières décimales de Pi) qu’il n’y a rien de triste à cela.

    Et pour finir : songez que, du fait de la présence de la raison (i.e. le dieu) dans le monde (qui est aussi le dieu,… eh oui, les noeuds au cerveau viennent vite avec les Stoïciens), il existe “une sympathie même entre des êtres séparés”, car tous ont le monde en commun, et “bien qu’ils se fuient, ils restent enfermés ensemble ; car la nature est forte. […] De fait, il serait plus facile de trouver la terre qui ne touche à aucune terre qu’un homme séparé de l’homme.”(M.A., Pensées, IX, 9) Voilà de quoi méditer et avoir de l’espoir (enfin, pour nous autres insensés, car le sage n’en a pas, il s’en fout).

    Voilà. C’était un peu lourd, mais j’espère qu’ainsi vous aurez envie de lire Marc Aurèle si ce n’est déjà fait. Après m’être relu, il est aussi probable que vous souhaitiez prendre une aspirine tellement c’est embrouillé :-)

    Au plaisir d’un autre développement sur Marc Aurèle.

  • Vous êtes tout excusé. Pour votre gouverne, Marc Aurèle était empereur de Rome (dynastie des Antonins, après avoir été co-empereur avec L. Verus), succédant à Antonin le pieux, et précédant Commode. Il passa la plus grande partie de son règne à guerroyer contre les Barbares pour défendre les frontières de l’empire romain. Par conséquent, je ne crois pas qu’il soit l’inventeur de l’eau tiède, ni du fil à couper le beurre si vous vous posiez la question. Mais pour en être sûr, vous devriez vous pencher sur une bibliographie digne de ce nom.

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