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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Le sang des farines

C’est la sixième aventure de Nicolas Le Floch, notre cher commissaire au Châtelet, et c’est un plaisir renouvelé. A chaque sortie, depuis les années que je dévore chacun de ses livres, je lis avec beaucoup de délectation les enquêtes dans ce Paris du 18ème siècle qu’imagine Jean-François Parot (qui est ambassadeur en Guinée-Bissau). Nous retrouvons tous les personnages des romans précédents, et surtout les descriptions toujours aussi authentiques et exotiques du Paname d’il y a deux cents ans en quelques. Là nous sommes en 1775, et c’est bientôt le sacre de Louis XVI.

C’est une période très difficile pour le peuple qui souffre énormément de disette, et qui est la proie des spéculateurs, et d’un prix du pain toujours en hausse. C’est dans ce cadre que Nicolas Le Floch, à présent officiellement Marquis de Ranreuil, part en Autriche pour remettre un présent à la mère de Marie-Antoinette. Au retour, il doit mener une délicate enquête sur l’assassinat d’un boulanger un peu louche. Rapidement, on se rend compte que les affaires sont liées, et que ce fait-divers met en exergue des troubles bien plus importants dans le royaume.

Lire ce sixième épisode de cette saga, c’est vraiment reprendre contact avec de vieux amis (une fois par an, en gros), et il faut savoir que dès que je passe sur le nom de ces personnages secondaires, je suis incroyablement ému (oui les livres, comme les films, me font un effet boeuf). Et comme Jean-François Parot se plait à nous raconter une histoire globale autant qu’un polar historique, on suit aussi les turpitudes familiales et sentimentales du commissaire Le Floch. Notamment dans l’éducation de son fils Louis, ou bien ses relations avec sa maîtresse, et ses amis, le chirurgien Semacgus, l’inspecteur Boudeau, le bourreau Sanson, l’ancien procureur Noblecourt et même ses mouches (indics), sa cuisinière Catherine ou sa chatte et le chien de la maison, tous sont de la partie !

Comme d’habitude aussi dans cette série de roman, l’auteur donne la part belle aux recettes de cuisine de l’époque, et nous fait saliver par des descriptions savoureuses. J’y ai surtout de nouveau adoré son style et son parler du 18ème qui sont à la fois très authentiques dans les tournures, les expressions et le vocabulaire (je ne crois pas que Jean-François Parot fasse d’anachronisme) mais reste très actuel dans le ton, le rythme et l’aspect « policier ». En outre, le livre est truffé de références historiques réelles et avérées, autant pour les personnages que pour la situation sociale ou politique de l’époque.

Mais tout de même, le petit bémol de cette histoire c’est que j’avais trop tôt deviné qui était le fourbe… C’est la première fois d’ailleurs que ça m’arrive à ce point, et comme je ne suis pas du genre perspicace pour cela, je pense que l’auteur n’a pas été des plus finauds. De même, et là c’est un reproche assez général pour la série, l’écrivain met en place des intrigues multiples, et qui deviennent à la fin tellement complexes et nombreuses, qu’on ne suit pas toujours le dénouement dans toute sa logique et évidence. De même, il y a tellement de variables qui se mettent en place, et de gens impliqués, et de chausse-trappes dans tous les sens, que la crédibilité de l’enquête en prend toujours un petit coup. En effet, Jean-François Parot a un talent manifeste pour raconter ses histoires avec brio, mais on a souvent l’impression qu’il termine un peu rapidement lorsqu’il a trop développé ses intrigues (et qu’il nous a un peu perdu en route). Mais voilà, disons que ce sont des axes d’amélioration pour une série à l’excellence qui ne se dément pas. D’ailleurs, j’ai hâte que le suivant sorte en 10/18 !

Le sang des farines - Jean-François Parot

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  • Oui, j’ai eu une sensation un peu similaire en le lisant cet été (Nicolas Le Floch en 10/18, je ne connais pas mieux pour de longues heures de train). C’est toujours aussi bien écrit, on a plaisir à retrouver les petits détails qui font le charme de la série (les recettes de cuisine, par exemple!)et les personnages deviennent de vieux amis. Ceci dit, les ficelles sont maintenant un peu grosses: ce fils illégitime qui hérite du titre de marquis de son père sans aucun problème, qui est à tu et à toi avec les souverains, participe aux chasses royales, assiste aux derniers moments de Louis XV, et dans le même temps fréquente tous les bas-fonds et toute la “pègre” de l’époque, c’est un petit peu difficile à avaler, parfois (pour une fiction qui se veut un poil réaliste). La réapparition fortuite de certains personnages (l’indien mic-mac, notamment) quand tout semble perdu m’a également un peu déçu.
    Mais ce ne sont que pinailleries de (futur)vieux crouton. Je l’ai dévoré, tout comme je vais dévorer le nouvel opus de la série, “Le cadavre anglais”, qui vient de paraître.

  • J’aime aussi beaucoup Le Floch, la langue ou l’auteur recherche les termes et syntaxe qui risquent de nous surprendre, et puis Paris ! Paris qu’il décrit si précisément. (Il doit piocher pas mal dans Restif de la Bretonne que tu as certainement lu Matoo {Les Nuits de Paris – Bouquins – R Laffont}. Je retourne qqufois dans les rues décrites pour tacher de retrouver l’atmosphère.

    Je ne suis pas d’accord avec Lionel sur le fait qu’il assiste à tous les évènements importants, connaisse le dauphin, la Du Barry, Sanson, etc. C’est parfaitement justifié pas ses fonctions et fait d’ailleurs partie du genre. :redface:

    Je ne savais pas qu’un nouveau était sorti, merci de l’information.

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