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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

La Méditerranée des phéniciens de Tyr à Carthage

Je ne pouvais pas décemment rater une exposition pareille, en plus à l’Institut du Monde Arabe, endroit que j’aime beaucoup. Voilà l’expo archéologique qui a le potentiel pour plaire au plus grand nombre, tant on y trouve de quoi exciter l’imagination, et surtout de quoi en apprendre énormément sur les phéniciens. Parce que je dois avouer que je n’y connaissais pas grand-chose à part le b-a ba (l’alphabet, les villes de Tyr et Byblos, et Astérix évidemment). Alors je ne suis pas devenu un expert, mais au moins j’ai appris qu’officiellement de toute façon, on ne connaît finalement pas tant de chose que cela sur cette civilisation.

L’exposition retrace donc nos connaissances de ces business-men que furent les phéniciens dans le premier millénaire avant JC. La « Phénicie », ça ne veut déjà pas dire grand-chose puisqu’il n’y a jamais eu de véritable pays portant ce nom. Nous sommes à une époque où la notion de nation est beaucoup plus floue, et là en l’occurrence il s’agît plutôt de Cité-Etats, aux illustres noms (Byblos, Sidon, Tyr), qui se trouvent dans la région du Liban actuel.

On retient de la visite que les phéniciens ont été de grands navigateurs et surtout de redoutables commerçants. Ils ont surtout vendu tout et n’importe quoi à tout le pourtour méditerranéen, et ont été chercher des matières premières partout ailleurs ! Quand on voit qu’ils avaient des comptoirs en Lybie, en Tunisie, Algérie, Maroc, à Malte en Sicile, en Sardaigne ou en Espagne, et qu’ils allaient jusqu’en Grande Bretagne pour se procurer de l’étain, ça donne le vertige. Il y a un truc marrant aussi dans l’expo, c’est lorsqu’on se rend compte qu’il produisait autant d’objets précieux ou de denrées importantes (notamment la pourpre), que de pacotilles et d’amulettes, de colifichets etc. Evidemment aujourd’hui, tout est bon à exposer et revêt une qualité archéologique, mais certainement pas de la même manière à l’époque.

L’exposition est très bien agencée et passionnante, encore une fois très pédagogique et didactique. On apprend des choses sur la culture phénicienne, et notamment la transmission de l’alphabet phénicien (de leur invention, en 22 lettres) aux grecs, ce même alphabet que nous utilisons aujourd’hui. Mais d’autres choses curieuses aussi comme le fait qu’on n’ait pas retrouvé de littérature (que des comptes financiers ou des stances religieuses), et aussi la grande difficulté à savoir ce qui est vraiment phénicien, de ce qui a été copié, adapté ou adopté pour des raisons économiques (les phéniciens sont un peu les taïwanais de l’époque j’ai l’impression). On retrouve en tout cas énormément de l’influence égyptienne voisine, dans leurs productions artisanales ou bien leurs propres temples avec notamment des représentations de Baal ou Astarté ou de magnifiques scarabées à tête de faucon et 4 paires d’ailes (zut impossible de trouver ça sur le net, et je ne suis plus certain de ce que j’ai vu)… D’ailleurs est exposée une collection admirable d’objets précieux qui montre le savoir-faire de ces artisans (faïence, verre, métaux, pierre…). J’ai été vraiment impressionné par leurs sarcophages… Des socles sculptés avec d’incroyables visages aux expressions qui retiennent vraiment l’attention, et de toute beauté.

L’expo se termine un peu chronologiquement en évoquant l’avènement de Carthage, qui a pris la suite alors que les phéniciens étaient doucement mais sûrement hellénisés. Du coup, c’était marrant aussi de voir les évocations de Salammbô de Flaubert, car son imagination a apparemment beaucoup (trop) marqué ses contemporains, et nous avons aujourd’hui comblé pas mal de zones d’ombre avec des visions un peu trop romanesques ou fantasmées.

Le gros bémol de l’expo c’est surtout sur la luminosité très très basse, qui a pour effet positif de donner une ambiance, mais qui ne permet pas toujours de lire les petits cartons (ou alors le nez collé dessus). De même que les tailles d’écriture et les choix de contrastes sont parfois vraiment le fruit de l’anti-ergonomie.

Ah oui et aussi, j’ai appris un mot !!!

Yeaaaaaaaah !! J’ai appris un mot !! Alors d’habitude, je me fous des commissaires d’expo qui (se touchent) nous sortent des expressions ou des vocables dont je cherche le mot une fois rentré chez moi. Mais là c’était sur une vitrine, et c’était rédigé vraiment comme si ça tombait sous le sens.

C’était ça : « apotropaïque ». Pas mal hein ?

Bon c’était sur une vitrine avec un tas d’amulettes à scarabées et oudjats (vous savez l’oeil égyptien…), et ceci explique cela puisque la définition est : « Qui détourne le danger, qui protège. ». Par exemple, « les phéniciens prêtaient aux amulettes des vertus apotropaïques ». Bon maintenant, il va juste falloir que je trouve la bonne occasion pour le glisser…

La Méditerranée des phéniciens de Tyr à Carthage

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  • Un jour, il faudrait que je relis mon MatooBlog de fond en comble pour noter tous ces fabuleux mots qui me font frissonner quand je les découvre ou quand je les retrouve après les avoir égarés depuis tant d’années
    :book:

  • bonjour, suite à une manip’ merdique de ma part j’ai supprimé mon blog les crepidules, j’ai contacté blogger au cas ou ou pouurait rattrapper le coup je risque d’être en stand bye qlq jours dans le pire’ des cas je referais les crepidules 2.
    a bientôt .
    cost

  • Ah ! Si tu avais étudié l’histoire, l’objet apotropaïque n’aurait aucun secret pour toi ! Mais pour le replacer dans une conversation, rien de plus simple : on est entouré de ces superstitions, il suffit de commenter ! Ca va du St machin dans les bagnoles, aux mézouzas sur les portes, aux invocations diverses et variées, aux grigris portés autour des cous, sur les têtes et que sais-je encore ! Non vraiment, tu y arriveras sans souci ! il suffit de musarder…

  • Bonjour , je m’intéresse aussi aux phéniciens et j’aimerais savoir s’il existe des vestiges du passage phénicien sur nos côtes de France, notamment sur les bords de l’Océan Atlantique. J’ai trouvé une trace à Rochevilaine en Bretagne.

    Merci d’avance.

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