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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Tout peut arriver

J’ai acheté ce bouquin un peu aveuglément, comme d’habitude, en lisant la quatrième de couverture, et sans même me souvenir que je connaissais son auteur, Jonathan Tropper. Et pourtant dès la première dizaine de pages lues, j’ai eu le sentiment familier d’avoir déjà goûté à cette prose… Et ça m’est revenu, Jonathan Tropper ! L’auteur du « Livre de Joe », ce bouquin extrêmement troublant, qui m’avait à la fois énormément plu pour son histoire et son écriture, mais dont la tournure purement hollywoodienne (et d’ores et déjà adapté en film) m’avait agacée et finalement un tantinet déçue.

Du coup, si j’avais reconnu l’auteur, je ne crois pas que je l’aurais acheté. Mais je ne me doutais pas que cet incroyable auteur pourrait provoquer en moi les exacts mêmes sentiments. Mein gott !! Encore une fois, j’ai énormément accroché sur le bouquin, mais c’est trop facile, trop mielleux, trop « hollywoodien », et il en a déjà vendu les droits à nos chers fabricants de miroirs aux alouettes californiens.

L’auteur me fait presque l’effet d’un Marc Lévy, mais il écrit beaucoup mieux, et il se débat dans des sujets beaucoup moins lisses et conformes. Alors ce serait peut-être du côté de Nothomb, même si les thématiques sont très différentes, pour son côté « je verse dans la facilité, même si je suis capable de dix fois mieux ». Car je pense que Jonathan Tropper ne se fatigue pas, je pense qu’il a de grandes facilités d’écriture, ou du moins qu’il est un brillant narrateur, avec une plume aiguisée et suave, et qu’il a un talent fabuleux pour décrire et susciter l’émotion. Mais il use de ses pouvoirs merveilleux seulement pour pondre du roman un peu facile, de bons produits marketing directement « bankable ».

Car dans « Tout peut arriver » comme dans « Le livre de Joe », j’ai bien failli versé une petite larme (fait exceptionnel chez moi) tant l’auteur est doué pour vous emmener dans des montées émotionnelles au paroxysme immanquablement lacrymal (rien que ça !). Mais manque de pot, cela devient vite un outil banal de « management du lecteur », et lorsqu’on s’en rend compte, on réalise à quel point cela pourrait donner un mauvais film. Pourtant, les personnages sont originaux et attachants, les dialogues sont très drôles et souvent accompagnés d’irrésistibles bons mots, les intrigues pleines de rebondissements, de ces « petits riens qui sont tout ». Bref, tout le matos pour que la sauce prenne. Mais c’est trop facile, et au bout de quelques chapitres, même s’il arrive à m’avoir au détour de quelques pages (avec mon coeur de midinette évidemment), je n’adhère plus (je me recouvre même de téflon).

Zach est un trentenaire comblé en apparence : il a un bon job, il est fiancé à une jeune femme d’une éclatante beauté, et riche par-dessus tout, et il vit en coloc avec son meilleur ami, qui est millionnaire glandouilleur. Mais il reste marqué par un drame : un accident de voiture qu’il a eut avec son autre meilleur ami, et qui a coûté la vie à ce dernier. Et alors que « tout va bien », d’un seul coup tout se détraque. Son père qu’il n’a pas vu depuis des années débarque sans prévenir, il réalise qu’il est fou amoureux de la veuve de son ami décédé, il est sur le point de se faire virer de son boulot, et cerise sur le gâteau : il pisse du sang, ce qui lui fait penser qu’il a un cancer.

Tous les ingrédients pour un bon film, non ? Eh bien c’est Jonathan Tropper, et c’est divertissant comme un de ces films sympas, et en outre c’est bien écrit. Mais il pourrait faire tellement mieux…

Tout peut arriver - Jonathan Tropper

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