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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Valse avec Bachir

(Que de retard dans mes critiques ciné…)

Ce film d’animation n’est rien de moins qu’une petite merveille. Et je pèse mes mots. Dans la lignée d’un « Persépolis » mais encore plus indépendant, prenant et bouleversant, il vous emmène au plus profond de l’âme humaine, dans ce que nous avons de plus beau et affreux. L’israélien Ari Folman a réalisé là un document (germano-franco-israélien) qui fonctionne terriblement bien, et qui use de l’animation avec brio. En effet, on aurait tout aussi bien pu en faire un film ou bien un documentaire, mais le dessin lui donne encore plus d’onirisme et de poésie, et étrangement de consistance.

Le film est autobiographique, et Ari Folman en est le narrateur. Tout commence par une rencontre avec un ami, et ce dernier qui raconte qu’il fait un cauchemar lié à leur intervention pendant la guerre du Liban. Il rêve des chiens qu’il avait du abbattre à l’époque. Ari ne réagit pas immédiatement, mais lui revient une séquence très étrange, comme un souvenir effacé ou sublimé : il flotte dans la mer devant Beyrouth avec des amis, soldats aussi, et ensuite sort de l’eau. Hanté par ces images dont il ne comprend la signification, il va tenter d’y trouver une explication en interviewant des protagonistes de l’époque. Peu à peu, les morceaux du puzzle s’assemblent, ses souvenirs lui reviennent. Il réalise ce qui s’est vraiment passé, et ce à quoi il a assisté.

J’avoue mon incurie complète lorsque j’ai vu ce film. En effet, j’ignore à peu près tout des détails de la guerre du Liban (pas si lointaine pourtant…), et encore moins du massacre de « Sabra et Chatila ». J’ai donc appris avec stupéfaction qu’au début des années 80, le Liban était la proie de plusieurs groupes qui se disputent le pouvoir. En gros, les chrétiens sont soutenus par Israël, et les chiites par l’OLP. On trouve alors au Liban des réfugiés palestiniens dans des camps, notamment ceux de Sabra et Chatila. Les soldats israéliens arrivent dans Beyrouth et sont en faction devant ces camps. L’assassinat du président libanais chrétien provoque la colère et un sentiment de revanche chez les chrétiens maronites. Ils se rendent alors à Sabra et Chatila et tuent aveuglément hommes, femmes et enfants démunis (de 500 à 5000 apparemment). L’armée israélienne laisse faire le massacre, et n’intervient absolument pas.

Alors forcément, le film n’est pas très gai, et il n’est pas un divertissement léger. Mais il est d’une beauté formelle assez stupéfiante (notamment les parties “rêvées”), et il suscite des émotions incroyables. Il est d’une sensibilité et d’une intelligence qui ne peuvent laisser de marbre.

L’avis des copines : Arthur, Kinoo, 42Fbg, Zvezdo, Vincen-t, Julien.

Valse avec Bachir

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  • Ce film est effectivement sublime, dans tous les sens du mot. J’y étais allé en n’ayant absolument aucune idée de son sujet, et j’ai littéralement été transporté par la force cinématographique du film. L’usage du dessin rend en fait bien plus fort le propos, à mon avis: nous sommes tellement habitués aux images de guerre par les journaux télévisés que nous sommes désensibilisés. C’est cette sensibilité que nous rend “Valse avec Bashir”. A voir absolument!

  • Magnifique film effectivement, et il faut être bien imperméable à toute émotion (c’est pour ça qu’il s’appelle parapluie?)pour n’avoir pas été au moins interloqué par les interrogations incessantes de la mémoire juive, toujours fuyante. C’est d’ailleurs tout à fait dans le questionnement juif(ou soufi, ou jésuite, etc…), qui pense plus important de poser des questions que d’apporter des réponses ou des vérités. Le film rappelle qu’il existe le texte magnifique de Jean Genet, “Quatre heures à Chatila”, où il raconte son cheminement à travers les cadavres palestiniens mutilés et dévorés par les mouches. Rappel aussi d’une phrase terrible de Menahem Begin (je cite à peu près): “Des non-juifs ont tué des non-juifs. En quoi cela nous concerne-t-il?”.
    J’ai vu un très beau film qui s’appelle “Le blues de l’Orient”. Je te le recommande chaudement…

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