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Le bouddha de banlieue (Hanif Kureishi)

Quand on me connaît et qu’on me lit un peu, il est assez clair que je devais découvrir cet auteur, et Chondre ne s’y est pas trompé lorsqu’il me l’a offert. Hanif Kureishi est moitié pakistanais par son père et anglais par sa mère, exactement comme le héros du bouquin, et il allie à mon avis le meilleur des deux cultures. C’est-à-dire qu’en usant une belle plume, il puise dans sa double culture pour à la fois se retrouver dans ses racines, mais aussi s’émanciper, et finalement mieux s’affranchir des doubles contraintes. Le point commun est certainement l’humour qu’il manie avec une virtuosité impressionnante, se moquant allègrement des uns et des autres, mais tout le monde en prend tellement pour son grade qu’il n’y a pas de jaloux !

Le bouquin est une saga familiale qui doit se poursuivre à Londres sur une dizaine d’années je pense, du milieu des années 70, et qui dépeint l’existence d’un adolescent qui supporte difficilement son père paskistanais Haroon, qui vit très très bien dans une ambiance New-Age sixties, tandis que sa mère, anglaise, souffre de la situation. Le héros, Karim, se débat entre ce modèle paternel à la fois sympathique et tête-à-claques, ses troubles quant à ses désirs sexuels (dont cette citation que j’avais relevée), ses relations avec sa meilleure amie et amante, le mari de cette dernière qu’il adore, ou encore sa vie professionnelle qui prend une voie très showbiz dans les années 80. Bref, ça fuse dans tous les sens, entre ambiance bollywood, Kama Sutra et indouisme bourgeois, théâtre contemporain expérimental, moeurs pakistanaises et coutumes londoniennes.

Je reprocherais justement au roman son petit côté un poil trop bordélique, car non vraiment au bout d’un moment les intrigues n’ont plus d’intérêt tant on est noyé !! Mais c’est aussi cette impression qui donne un charme fou à l’ouvrage, donc j’ai du mal à avoir un avis vraiment tranché. J’ai adoré le mélange des genres, les kyrielles de saveurs qui émanent de toutes ces pages, les galeries de personnages qui sont tous plus drôles ou épatants ou pathétiques ou tragicomiques. Et le tout est servi par une écriture qui est très alerte et agréable, d’un bon niveau tout en étant très fluide.

Hanif Kureishi est l’auteur de « My Beautiful Launderette », et ça ne m’étonne pas car on y retrouve tout son humour, son organisation bordélique, son mélange intime et improbable des cultures indiennes et anglaises, et son amour inconsidéré pour ses deux origines. Et en terme de sexualité, j’adore cette manière de transcender les genres ou les orientations, on sent que l’auteur a dépassé ces petites manières et barrières, et cette lecture produit du coup un effet émancipateur des plus rafraîchissant ! C’est drôle car je me disais qu’on pourrait en avoir des romans francoreubeus de cette même veine, mais étrangement je n’en connais pas.

Le livre bénéficie aussi d’une belle description des années 70 et 80 de Londres, mais on y retrouve aussi par extension nos propres repères. L’écrivain y évoque le racisme de manière plus protéiforme que jamais, que ce soit clairement exprimé, ou plus vicieusement instillé lorsque le héros doit « faire l’indien ». J’ai trouvé que cela posait exactement les bonnes questions sur le sujet. C’est à peu près la même chose pour le sexe ou pour l’immigration. Et du coup lire un roman aussi drôle, léger et en même temps qui véhicule des idées qui interpellent un minimum, ça fait du bien. (De même lorsque j’avais recopié ce passage…)

Le bouddha de banlieue (Hanif Kureishi)

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