MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Un astérisque en péril, des astérismes en oubli.

Petit à petit, j’ai bien senti que l’on perdait purement et simplement l’usage de ce mot, de son genre aussi. D’un astérisque, une astérix s’est odieusement substituée, et on parle même « d’une étoile » de temps en temps. Quel dommage, un si joli mot, si plein de sens et d’étymologie !! Mais il faut se rendre à l’évidence, et puis la langue doit vivre.

C’est bien simple j’ai survécu à une réunion de 9h à 18h ce mardi, et il a été longuement évoqué certains détails juridiques. Au milieu des mentions légales, obligations procédurales, et tutti quanti, j’ai entendu avec stupéfaction et désolation cette directrice juridique m’ébouillanter les oreilles et le crâne avec ses astérix par ici, et « une » astérix par là. Mein gott!! Si même les juristes s’y mettent, alors c’est que c’est bien la fin des haricots.

Et dieu sait que l’on commence à couramment entendre aussi des obélix en lieu et place de notre bel obélisque (c’est fou comme j’ai envie que ce nom commun soit féminin par contre…). Je me demande si ces déformations existaient déjà avant le gaulois blondinet à l’orientation sexuelle floue (Nan mais c’est vrai quoi, il est un peu pédale sur les bords l’Astérix ?), et son gros ami à braies qui, comme moi, aime les menhirs (et qui est tout de même un peu bear sur les bords) !! Parce que c’est vrai que ce ne sont pas des mots si faciles à prononcer, et que l’on peut intuitivement céder à leur goscinnuderzation.

Mais bon, ne soyons pas réac, et acceptons cette évolution, comme nous avons fini par passer du trentain au trente et un, ou bien du basque à la vache (espagnole) etc. Et comme nous finirons bien aussi à parler de la découverte du poteau rose (pourquoi pas hein, par rapport au pot-aux-roses ce n’est pas si bête), et j’ai bien écrit pendant des années le solylès (sot-l’y-laisse), qui est connu comme la meilleure partie du poulet !! Ah il y avait aussi cette expression que j’adore : « partir à vau l’eau », que j’ai pendant bien trop longtemps imaginé s’écrire : « partir à vollo ». « Vollo » devait être un truc italien assez explicite pour bien signifier ce « partir en couille » poli. J’espère qu’on n’officialisera jamais « être né dans la cuisine de Jupiter » (initialement blague de Coluche) que j’ai déjà maintes fois ouïe (je ne suis jamais très sûr pour l’accord… pfff). Parce que être sorti de la cuisse de Jupiter, comme Dionysos, ça tape vachement plus sa mère, sa race.

Si vous aimez les expressions, vous devez écouter les podcasts « learn french » de Katia & Kyliemac dans lesquels ces deux adorables jeunes femmes décortiquent (en anglais) nos expressions idiomatiques les plus pittoresques. Personnellement, j’ai une préférence pour les expressions désuètes de ma grand-mère, donc j’utilise assez fréquemment par exemple « roupie de sansonnet » (mon père disait plutôt « ça vaut peau de bite », mais j’ai toujours trouvé ça moins joli) ou « cautère sur jambe de bois » (même pas mal !!) etc.

J’ai aussi retenu certaines règles à la con du collège, et je n’en démords pas. C’est un peu naze vu les fautes que je commets ici, mais je déteste entendre un « malgré que » (on fait suivre malgré d’un substantif) ou un « des fois » (on dit « parfois »).

Bref, les astérisques sont en danger !! Mais je crois que les astérismes aussi après tout. Et pourtant c’est vachement mieux de dire astérisme plutôt que les trois petites étoiles qui séparent les chapitres. Un astérisme c’est ça (U+2042 d’Unicode). Cool non ?

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  • T’as pas envie qu’ils soit féminin, tu confonds juste auditivement obélisque et odalisque chouchou lol
    Mais l’amour des mots c’est ton violon d’Ingres !

  • Comme tu le dis, la langue doit vivre et certains neologismes apparaissent aussi comme Capilotracté venant de l’expression “Tiré par les cheveux” (Desproges).
    On en perd d’un côté mais on en gagne d’un autre :)

  • Cher Matoo, n’est-ce pas abuser que de vouloir mettre au féminin un symbole phallique aussi intense que l’obélisque ?

    Quant à ce qui écorche les oreilles, on peut aussi citer :
    “au jour d’aujourd’hui” (joli double pléonasme, mieux qu’un triple salto arrière !)
    Je bondis aussi à chaque “palier à”, si quelqu’un trouve comment on rend pâle un “à”, il peut breveter d’urgence.

    Et puis j’ai un doux penchant pour “faut pas pousser mémé dans les orties”, c’est apaniphage (ça mange pas de pain)…

  • Je me sens assez puriste moi-même mais, en ce qui concerne “malgré que” (que, personnellement, je n’utilise pas), même Monsieur Grevisse a laissé tomber depuis longtemps. Compte tenu du nombre de citations trouvées dans la littérature, considérer que “malgré que” reste impropre relève de l’acharnement et non du principe de réalisme.

  • La langue doit vivre, en effet. Mais j’ai quand même l’impression qu’elle meurt surtout. Je ne suis pas certain que vivre corresponde à l’évolution par la facilité. A moins qu’elle ne soit si vieille et fatiguée.

  • Je me permettrai, vu mon grand âge, de te corriger…
    « cautère sur jambe de bois » (même pas mal !!)
    Non, mon grand ! Cette expression veut parler d’une action qui ne sert strictement à rien ! (médicament inefficace, le cautère étant le fait de brûler les chairs pour faciliter la cicatrisation… Sur du bois, bof, bof…)
    … Pour le fun simplement ! Tu t’en doutes !

    @Bruno : Je ne comprends pas cette question de l’astérisme ? Qu’est-ce qui empêche d’insérer trois astérisques côte à côte ??
    L’histoire qu’ils deviennent aussitôt une bordure ? Mais il suffit d’annuler “bordures automatiques” !

  • @ Boby > Ben c’est ce que les éditeurs comme PUF font, faire une ligne avec un astérisque centré, et une autre juste en-dessous avec deux astérisques espacés et centrés. Si ça y ressemble, un astérisme consiste un un seul caractère à lui tout seul… (et de mon avis crâneur et prétentieux, est plus harmonieux que trois astérisques) :book:

  • Je sais que c’est un astérisque, mais à chaque fois que je tombe dessus, je dis “une étoile” parce que c’est joli et aussi parce que je mets une demi-seconde à retrouver le mot astérisque (alors que le mot étoile sort tout seul).

    La langue évolue aussi par la fainéantise de ceux qui la parlent ! :-)

  • Boby> Ah mais oui c’est la manière dont j’utilise “cautère sur jambe de bois”, pour dire qu’un truc n’a aucun effet. “Même pas mal” c’était une blague de plus, tombé à l’eau donc. Huhuhu. :salut:

    Le truc avec les évolutions de la langue, c’est qu’on est toujours des ayatollah de notre propre modèle et de notre “niveau”. On ne voudrait pas vraiment avoir une langue parfaite (cela serait stupide ou nous ferait remonter à un français que l’on ne comprendrait même pas), on voudrait juste figer nos propres défauts et déformations. Tout cela simplement, je pense, pour ne pas avoir à nous retrouver comme de vieux cons qui ne comprennent leur enfants. Un peu comme nos parents ne comprenaient pas toujours nos expressions, et comme nos enfants ne comprendront pas les nôtres.

  • M. Robert ne connaît pas “astérisme”, mais je veux bien te croire ;-)
    Dans la série des expressions mal orthographiées, nous en avons une qui fait florès : “au temps pour moi”, que l’on écrit abusivement “autant pour moi”…
    J’en profite aussi pour y aller ma petite expression familiale : “peau de balle et ballet de crin”. Quand on a “peau d’balle et ballet d’crin”, eh bien, ça veut dire qu’on a rien :langue:

  • Affaiblissement de la langue ? Pas très sûr… Entre la procrastination et les miscellanées, la blogosphère nous aura quand même fourni de beaux regains lexicologiques !

  • On n’en fera pas les seings sonner, mais, au risque d’avoir une maille à partir là-dessus, ;-) pour “malgré que” on n’est pas d’accord. Il y a des cas où c’est au contraire du plus bel effet. Le Trésor de la Langue Française dit :

    “Vx et littér. Malgré que + pron. pers. suj. + avoir (au subj.). Contre (mon/ton. etc.) gré; à contre-coeur. Une verve et une causticité qui faisaient rire ma grand’mère elle-même, malgré qu’elle en eût (SAND, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 254). Laudon devinait, malgré qu’il en eût, une nature efficace s’agitant dans ce personnage si différent de lui (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 126) :

    3. Il faut bien que je vous aime, malgré que j’en aie, car, depuis que vous m’avez quittée, je ne sais ce que j’ai.
    MÉRIMÉE, Carmen, 1847, p. 48.”

    (je ne cite pas tout, c’est plus long)

  • J’adore le “bouquet d’misère”.

    Je vais l’adopter, c’est poétique et je le vois ce bouquet. Un petit pot de grés, quelques fougéres et des marguerites penchant la tête, manquant d’eau.

  • Comme ça, il me vient deux expressions maternelles :
    “ça lui va comme une bavette à un lapin” (mal, donc !)
    “c’est le mariage de la carpe et du lapin” (il en fait des choses pas catholiques, ce lapin…)

    Y’en a beaucoup d’autres que j’oublie… ces trésors qui se perdent… :'(

  • Sans vouloir tomber dans l’hagégisme (néologisme en hommage à ce grand linguiste qu’est Claude Hagège (http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Hag%C3%A8ge)), je trouve cependant que la langue française a encore de beaux jours devant elle, si sa propre population ne l’assassine pas par pure paresse. Certaines “trouvailles” sont heureuses, comme le “bouquet d’misère” cité plus haut, ou “intantiné” au lieu de “un tantinet”, ou encore les trouvailles québécoises pour tenter de franciser des notions informatiques où l’anglais règne en despote: “courriel” (contraction de “courrier électronique”) pour “email”, “pourriel” (contraction de “pourri” et “courriel”) pour “spam”, “espiogiciel” (contraction de “espion” et “logiciel”) plutôt que “spyware”, “maliciel” (contraction de “malicieux” et “logiciel”) au lieu de “malware”. J’essaie quant (avec un t) à moi d’user correctement de cette belle langue que j’ai la chance de manier aisément, et dont l’écriture me procure des moments de grand plaisir, cependant, je me garderai d’une certaine intolérance, un tantinet nationaliste, qui va parfois se nicher dans la défense exacerbée de la langue française… Cordialement.

  • joli, l’astérisme, je ne connaissais pas :D
    ah mais dans ton formulaire de commentaire, ça fait des points centrés en hauteur, pas trois astérisques : ·
    ça va ptet se transformer une fois le commentaire validé, qui sait :-)

  • @Mianux : Pour l’expression “quant à”, il ne faut cependant pas oublier qu’elle ne peut être utilisée que lors d’une mise en relief (ex: Quant à moi, je pense)immédiatement suivie de son pronom de référence.

    Par ailleurs, c’est vrai qu’on a beaucoup d’expression comme ça au Québec. On a aussi clavardage, pour chat, et magasinage, qui remplace votre shopping! On féminise aussi les noms, comme “auteure”, ce que je trouve beaucoup plus juste et clair!

    Matoo, au Québec, ni malgré que ni des fois ne sont fautifs. C’est à réfléchir…

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