MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Le plaisir de lire

Donc, j’étais le type même du “rat de bibliothèque”. Ceux qui ne connaissent pas ce penchant doivent trouver bizarre qu’on ait sans cesse le nez plongé dans un bouquin, qu’on ne voie pas passer la vie avec toutes ses merveilles, qu’on gaspille ses années de jeunesse insouciante sans profiter de ses joies et de la dépense physique. Ils y discernent sans doute quelque chose de triste, voire de tragique, ils se demandent ce qui peut bien pousser un gamin à se comporter ainsi. Mais on ne voit les merveilles de la vie que quand on est heureux ; l’insouciance ne va de paire qu’avec le bonheur ; et les joies de la pensée, de l’imagination, sont bien supérieures à celles des muscles et de l’effort. Laissez-moi vous dire, si vous ne le savez pas par expérience, que certaines personnes (moi, par exemple) trouvent dans un bon livre, dans l’immersion dans les mots et les idées, un bonheur d’une intensité insoupçonnée. Quand je veux invoquer des souvenirs de paix, de sérénité, de plaisir, je repense à ces paresseux après-midi d’été, je me revois en équilibre sur ma chaise, un livre sur les genoux ; j’entends encore le bruissement des pages tournées tout doucement. Peut-être ai-je connu, à d’autres époques de ma vie, de plus hauts sommets d’extase, de grands moments de soulagement ou de triomphe, mais sur le chapitre du bonheur tranquille, paisible, je n’ai jamais rien vécu de comparable.

Citation extraite de “Moi, Asimov” d’Isaac Asimov. Page 48.

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  • Waouh … tout ce que je n’ai jamais réussi à faire comprendre à mes parents :|

    Asimov me surprendra toujours, merci matoo pour cette superbe citation que je ferais surement lire à mes enfants … (si j’en ai un jour)

  • Cela m’a instantanément fait penser à un passage de Proust – dans lequel je m’étais immédiatement projeté, passage dans lequel il décrit son bonheur de la lecture et ce phénomène étrange d’abolition du temps que l’on connait lorsque ivres de lectures on s’aperçoit, étourdis, que la journée est déjà finie.
    Je me permets de mettre ici l’extrait en question retrouvé grâce à la magie du net, n’ayant plus l’ouvrage sous la main :

    ” (…) et, quand une heure sonnait au clocher de Saint-Hilaire, de voir tomber morceau par morceau ce qui de l’après-midi était déjà consommé, jusqu’à ce que j’entendisse le dernier coup qui me permettait de faire le total et après lequel, le long silence qui le suivait, semblait faire commencer, dans le ciel bleu, toute la partie qui m’était encore concédée pour lire jusqu’au bon dîner qu’apprêtait Françoise et qui me réconforterait des fatigues prises, pendant la lecture du livre, à la suite de son héros. Et à chaque heure il me semblait que c’était quelques instants seulement auparavant que la précédente avait sonné; la plus récente venait s’inscrire tout près de l’autre dans le ciel et je ne pouvais croire que soixante minutes eussent tenu dans ce petit arc bleu qui était compris entre leurs deux marques d’or. Quelquefois même cette heure prématurée sonnait deux coups de plus que la dernière; il y en avait donc une que je n’avais pas entendue, quelque chose qui avait eu lieu n’avait pas eu lieu pour moi; l’intérêt de la lecture, magique comme un profond sommeil, avait donné le change à mes oreilles hallucinées et effacé la cloche d’or sur la surface azurée du silence. Beaux après-midi du dimanche sous le marronnier du jardin de Combray, soigneusement vidés par moi des incidents médiocres de mon existence personnelle que j’y avais remplacés par une vie d’aventures et d’aspirations étranges au sein d’un pays arrosé d’eaux vives, vous m’évoquez encore cette vie quand je pense à vous et vous la contenez en effet pour l’avoir peu à peu contournée et enclose—tandis que je progressais dans ma lecture et que tombait la chaleur du jour—dans le cristal successif, lentement changeant et traversé de feuillages, de vos heures silencieuses, sonores, odorantes et limpides.”

    Marcel Proust, Du coté de chez Swann / Un amour de Swann / Combray – 1ère partie

  • Mes parents viennent de m’offrir “Firmin, autobiographie d’un grignoteur de livres” de Sam Savage, dont Alessandro Baricco dit “si lire est ton plaisir et ton destin, ce livre a été écrit pour toi”. Ce qui me fait penser à “Les cafards n’ont pas de roi” de Daniel Evan Weiss.

  • LA LECTURE POUR MOI C’EST MA VIE LIRE C’EST VRAIMENT QUELQUE CHOSE EXTRAORDINAIRE .
    JE VIS ET JE VOYAGE AVEC LES AVENTURES DES ECRIVAIN JE SUIS TROPS SENSBLES A TRAVER LES ECRITS

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