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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

L’origine de la violence (Fabrice Humbert)

Quand nous avions reçu Fabrice Humbert dans le « 6ème sens », je m’étais dit que je devais absolument lire le bouquin qu’il venait nous présenter. Et en effet, j’ai beaucoup aimé son roman, d’autant plus d’ailleurs à l’écoute de l’émission qui nous fait découvrir à quel point son récit est proche de sa propre vie.

Imaginez un prof d’allemand en visite à Buchenwald avec ses élèves. Il voit des photographies d’époque du camp, mais l’une accroche irrémédiablement son regard. Il s’agit d’un prisonnier dont les traits sont incroyablement proches de ceux de son père. C’est ainsi qu’il découvre que son père, fils de notables normands, n’est pas réellement le fils de son grand-père, mais celui de ce prisonnier juif, mort à Buchenwald, David Wagner. Il reconstitue peu à peu le puzzle, et retrouve la famille de son grand-père biologique, il découvre la passion qui a uni sa grand-mère et David Wagner, comprend alors ce qui s’est passé, jusque l’ultime dénouement.

Le roman est construit sur plusieurs niveaux de lecture, plusieurs styles aussi, comme si deux auteurs s’amusaient à écrire à quatre mains. Il y a le récit presque policier, celui de la traque de la vérité, de l’autopsie historique, de la liaison fatale, des flashs-backs à Buchenwald avec les geôliers et ce mystérieux docteur Wagner, un nazi qui partage le même nom que le grand-père du narrateur. Mais il y a aussi le narrateur en personne, celui qui vit, qui est, qui cherche en lui et autour. Il cherche l’origine de la violence, de sa violence, et il excave les souvenirs enfouis pour mieux confronter son père. Cette narration là est finement ciselée, tout en psychologie familiale et introspection transgénérationnelle, elle tente de positionner et repositionner l’auteur dans ses valeurs, et dans son vécu familial « biologique ».

La partie historique est passionnante et palpitante, on tourne les pages avec excitation pour découvrir le fin mot, comprendre cette incroyable histoire (vraie). On passe du drame passionnel et amoureux, comédie chabrolienne par excellence, à l’effroi du camp et l’existence terrible de David Wagner dans ses conditions de détention, avec notamment la tristement célèbre « chienne de Buchenwald ». Le volet romanesque lié à la personnalité du narrateur est clairement moins « facile », mais d’autant plus intéressant puisqu’il expose les conséquences de ces non-dits et de ces « secrets de famille ». Malgré tout, j’ai perçu là quelques faiblesses qui m’ont un peu décontenancé dans ma progression de l’ouvrage, malgré un style global que je trouve plutôt irréprochable.

Je vous conseille d’écouter l’émission, je pense que c’est encore la meilleure des chroniques.

[Désolé, média disparu des Internets. :'(]

Le site/blog de Fabrice Humbert.

L'origine de la violence (Fabrice Humbert)

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  • Il me semble que pour écrire un bon roman, il faille un squelette (autobiographique)à habiller de fictions. Merci de partager des coups de coeur et tes idées.

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