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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Black Album (Hanif Kureishi)

C’est rare de retomber aussi vite sur un excellent roman d’un auteur, sauf que c’est encore le Chondrouné qui m’a offert celui-ci, et en effet, comme il me l’avait dit, c’est un très bon roman. Certes moins drôle et enjoué que le « bouddha de banlieue », mais beaucoup plus politique, religieux, et doté d’une portée sociale/sociétale bien plus impressionnante.

Shahid est un jeune pakistanais nanti qui poursuit des études, et se sent un peu perdu entre sa ravissante prof de fac, Deedee, qui le drague, et sa famille et ses proches dont les valeurs ne le touchent pas (la thune, la frime et l’inculture). Mais un jour, il tombe sur Riaz et ses comparses, et c’est comme une bouffée d’air frais pour Shahid. Ils sont musulmans très pratiquants, et ont le mérite d’assumer leurs origines, tout en ayant des valeurs plus proches de ses propres principes moraux. Mais bon ils sont un peu extrémistes sur les bords ces mecs là, et Shahid n’est pas complètement emballé par le package complet du parfait petit intégriste. Il vogue donc entre ces différentes cultures et attirances, et il tente de trouver sa place dans ce monde de fous.

Ce bouquin est aussi bien écrit que le précédent que j’avais découvert il y a quelques mois, c’est donc un plaisir fou pour le lecteur. Non seulement ça se lit parfaitement bien, avec une bonne alternance de dialogues et des textes assez fluides, mais avec un niveau de langage très agréable, naturel sans être limité. Mais surtout Hanif Kureishi crée un roman intelligent et sensible. A travers le personnage de Shahid, il met en scène un garçon tel que j’en ai beaucoup rencontré dans ma vie. Des garçons ou des filles qui ne veulent pas renier leurs cultures et leurs origines tout en assumant leurs vies dans le pays où ils sont nés et les avantages inhérents à cela. Ce Shahid qui est à la fois attiré par l’Angleterre et ses « charmes », mais qui est immanquablement la proie idéale d’islamistes qui partagent sa religion et son désir de droiture morale, est tellement crédible…

On retrouve aussi l’humour de l’écrivain dans sa description d’épisodes typiquement pakistanais, et son personnage qui s’emmêle dans des histoires compliquées de famille, d’amour et de « devoir ». Certains passages sont ainsi très drôles et légers, en contraste avec une intrigue de fond plus sérieuse et parfois tragique. Il est très difficile jusqu’au dernières pages de prévoir la fin de l’ouvrage, happy-end ou pas, amour contrarié ou conclusion sectariste ? Et du coup j’ai lu le roman dans la peau de Shahid, en vivant très intensément ses doutes et sa quête. On comprend alors tellement facilement sa démarche, ses errements et ses doutes, son attirance intellectuelle et religieuse pour Riaz, comme son amour de Deedee et son étrange respect mâtiné de mépris pour son grand-frère.

Hanif Kureishi a encore sans doute largement pioché dans son expérience personnelle et ses souvenirs d’étudiants, mais il fait montre là d’un superbe talent de romancier. En tout cas, c’est définitivement ma came !

Black Album - Hanif Kureishi

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  • I am really pleased whenever i read a book or novel by KUREISHI.I am so much fond of his works that i have even writen my Master’s thesis on some of his books. I also decide to futher my studies working on his novels.
    My name is Niang Amadou from Senegal

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