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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Pierre de scandale (Nicolas Buri)

Curieux bouquin qui m’a alpagué dès les premières pages et que j’ai dévoré, dont le rythme et l’entrain sont autant de surprises, surtout quand on le compare aux clichés de l’homme dont il est le centre d’intérêt. Car ce livre est un formidable roman qui évoque l’existence et les incroyables péripéties de la vie Jean Calvin.

Nicolas Buri démarre donc son aventure vers 1515 alors que ce jeune français de Noyon, bien évidemment élevé dans la foi catholique, commence déjà à nourrir quelques griefs contre sa religion. Il faut dire que son père faisait un business terrible avec les curés du coin, et que ces derniers lui ont bien fait comprendre qu’il ne fallait pas les blouser. Bref Jean Calvin a été rapidement sous le charme de la Réforme, et le roman déroule sa vie comme un thriller épatant et haletant. On suit donc les épisodes enflammés de ce prédicateur d’une nouvelle manière de penser et vivre la religion chrétienne, et surtout d’une manière différente de la toute puissante Eglise Catholique et Romaine.

L’écrivain se base sur des faits réels mais brode aussi une toile romanesque, qui rend son bouquin particulièrement digeste et fluide. Cela se lit très facilement, tout en faisant profiter d’une chouette plume et de références culturelles (et religieuses) vraiment passionnantes. On suit donc Calvin à Orléans ou à Bourges pour ses études, à Angoulême pour trouver refuge auprès des autres huguenots, à Strasbourg, Bâle et puis Genève. A chacune de ses étapes, il se fait un peu plus prêcheur et prosélyte, et surtout il construit sa propre doctrine et tente de trouver un peuple qui voudra de son aide.

Il est à Genève en 1536, et il en sera banni une fois avant d’y revenir jusqu’à la fin de ses jours. Genève est déjà une ville protestante, et ce que j’ai lu de cette ville m’a vraiment fait énormément sourire. En effet, aujourd’hui je la vois beaucoup plus comme l’archétype de la ville suisse, avec comme champs lexical associé plutôt des trucs comme : rigueur, stricte, coincé, propre, traditionnel, etc. Mais ce qui est décrit dans le bouquin c’est tout le contraire !! Genève était l’endroit du monde où les gens faisaient la fête, étaient délurés et ne s’embarrassaient pas de la religion. Justement ils avaient viré les catholiques pour ne plus avoir à subir leurs brimades, et pour plus de liberté. Il y a des dizaines de pages qui décrivent la ville et ses plaisirs, et elles valent leur pesant de cacahouètes. Je pense qu’on s’y amusait certes plus à l’époque…

Et si Jean Calvin arrive avec sa propre notion de liberté, il s’est tout de même fait virer en 1538, et a dû retourner à Strasbourg. Mais en 1541, il est rappelé à Genève pour remettre de l’ordre dans la ville, et il devient alors l’homme le plus important de la cité. Pour s’imposer il finit par instaurer une politique assez dure et avec une main de fer il imprègne la ville de ses « nouvelles » idées. Les joyeux drilles de l’époque ne s’en remettront pas, et il y a quelques scènes très cruelles qui l’illustrent. Les épisodes liés à la peste sont aussi parmi les plus marquants, et m’ont fait penser au roman « 1666 » que j’avais tant aimé.

Je vous conseille ce premier ouvrage de Nicolas Buri qui arrive avec un talent fou à mêler une belle plume, une kyrielle de rebondissements hollywoodiens et une trame historique intéressante et majeure dans notre civilisation.

Pierre de scandale (Nicolas Buri)

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  • Quand tu demandes a un Vaudois ou un Neuchatelois ce qu’il faudrait faire de Geneve, ils te repondent: “Donnez-la a la France! Ils y sont deja quasiment!” J’ai toujours trouve que cette ville n’avait rien a voir avec le reste de la Suisse.

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