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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

“Le donneur de bain” au Théâtre Marigny

Je me méfiais un peu de l’affiche de dingue, mais ce sont des comédiens que je trouve vraiment bons : Charles Berling, Barbara Schultz et Bruno Wolkowitch. Et ils ne m’ont pas déçu, même si la pièce en elle-même souffre de bien des défauts. Il y avait pourtant tous les ingrédients pour que ça prenne avec ces acteurs et actrices de talent, une histoire en plein 19ème siècle avec un texte assez fleuri comme j’aime, et un décor tonitruant fait d’un immense couvercle métallique qui pivote en son centre et découvre un immeuble en coupe, ou d’autres inventions farfelus à d’autres angles.

Vraiment le décor est un des éléments totalement bluffant de la pièce, car il ne cesse d’évoluer, de se transformer, et de servir une intrigue bien complexe… Nous sommes à une époque où les salles de bain n’existent pas encore, et où le “donneur de bain” (Charles Berling) se déplace chez les nantis avec sa baignoire portable et ses produits d’hygiène. Ce type fréquente une kyrielle de clients plus ou moins bourgeois, mais plus globalement fortunés, puisqu’on va de l’anglais rentier au ministre en passant par la prostituée haut de gamme. Les langues se délient pendant la séance de nettoyage, et le donneur se bain se retrouve surtout à sonder les âmes, parfois contre son gré. Dans l’immeuble présenté là, la prostitué Céleste (Barbara Schultz) est au cœur de toutes les intrigues, et au sous-sol vit un étrange ingénieur ermite, Xenob (Bruno Wolkowitch) qui aime beaucoup Céleste.

Ce qui à la base est une histoire assez simple devient là un imbroglio informe par l’addition d’histoires parallèles qui se croisent, et rendent l’ensemble quasi inintelligible (je n’exagère qu’un chouïa). Ajoutez à cela ce décor qui tourneboule et joue les transformers toutes les deux minutes, et ce trait fort agaçant des directions d’acteur du moment : on fait faire aux comédiens des farandoles à leur coller un infarctus, et surtout cette manie de rompre un rythme de parler naturel pour finir en pure hystérie vocale. En fait c’est exactement ce que je reprochais aux deux dernières pièces que j’avais vu à la Comédie Française. Bruno Wolkowitch notamment joue caricature sur caricature, on dirait parfois le Pingouin du film de Burton (c’est dire).

Heureusement, j’ai tout de même accroché aux personnages et à l’histoire, et malgré quelques longueurs, le spectacle était plaisant et divertissant. Mais avec une distribution pareille, ils auraient pu faire un malheur. On a presque l’impression que les moyens ont été trop importants et ont encore plus contribué à rendre ce spectacle “too much” et indigeste : trop de décor, trop de mouvements, trop d’émotions, trop de sons, trop d’intrigues, etc. Le texte qui était sympa en devient ampoulé, et rend les échanges pénibles pour tout le monde apparemment. Malgré tout, ce n’est pas insupportable, et c’est plus un assemblage de tous ces petits défauts qui mettent des petits grains de sable dans les rouages scéniques, et finissent par carrément gripper la pièce.

Le donneur de bain au Théâtre Marigny

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