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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Le Dernier maître de l’air

Aller voir un film de M. Night Shyamalan, on sait que c’est dangereux, et que ce dernier réalise des films d’une qualité suivant une fonction dont la limite est dangereusement asymptotique à de la daube. Pourtant il a déjà montré qu’il savait tenir une caméra, et qu’il avait bien des talents… Rha la la. Parce que là, on ne peut pas dire que ce film était une réussite. Basé pourtant sur un dessin animé qui m’a passionné pendant des semaines, et qui m’a autant fasciné que les animés que je regardais assidûment quand j’étais minot. Comme beaucoup de (jeunes) gens donc j’attendais avec fébrilité cette adaptation.

Et c’est bien cela le problème, l’adaptation… En effet, quand on veut faire un film d’une durée raisonnable sur une série de je ne sais combien d’épisodes, il faut forcément faire des coupes. Là il s’agissait de ne traiter que la première saison, soit. Et la série se présente, comme souvent, sous la forme d’une quête qui mène des aventuriers d’un point à l’autre tout en leur faisant découvrir sur leur chemin des personnages secondaires, et aussi leurs propres destinées. On a donc trois parties bien distinctes avec une description initiale, une perturbation qui initie la narration, puis la quête, et enfin une situation finale. Or ce qui qualifie cette première saison tient beaucoup, à mon sens, dans tout le cheminement des personnages, la manière dont leurs caractères s’affirment, et les différentes épreuves qu’ils affrontent. La fin de la saison en elle-même n’a que peu d’intérêt, et se doit d’enchaîner très rapidement sur la suite.

L’histoire se passe dans un temps et une civilisation inconnus, avec quatre nations majeures qui ont un des quatre éléments comme emblème et comme source d’un art martial comme d’un art de vivre. Cette maîtrise des éléments par des grands maîtres constitue la base de leurs philosophies mais aussi de leurs puissances militaires. Pour équilibrer tout cela, une sorte de maître suprême “L’Avatar” est capable de contrôler à la perfection les quatre éléments, et maintient l’ordre dans le monde. Un peu comme un Dalaï-Lama, il est la réincarnation des précédents Avatars. Or, il y a une centaine d’années, l’Avatar a disparu pour une raison mystérieuse, et depuis la Nation du Feu a mis à feu (évidemment) et à sang une grande partie du monde. L’Avatar qui était à la base un maître de l’Air a vu sa nation complètement décimée.

Le film et la série commencent dans la tribu de l’Eau du Sud, et les frères et soeurs Sokka et Katara qui découvrent par hasard dans un iceberg un tout jeune garçon, Aang, et son bison volant, Appa. Ce gamin n’est autre que l’Avatar qui est resté, pour une raison inconnue (révélée beaucoup plus tard) dans une sorte d’hibernation pendant ces cents dernières années. A partir de là, Aang, Sokka et Katara vont partir dans un long voyage sur le dos du (dernier) bison volant. On suit parallèlement la traque de ces personnes par le prince Zuko et son oncle, Iroh , qui ont été bannis de la nation du Feu. Zuko ne retrouvera son rang que s’il ramène l’Avatar à son père…

Je pense que la pire option a été choisie pour adapter cette saison. On a essayé de tout caser en faisant figurer tous les personnages, toutes les intrigues, et en accélérant au maximum le rythme pour faire rentrer le tout dans ces 1h45 de film. Du coup, cela paraît très frustrant pour ceux qui connaissent la série, et horriblement confus et maladroit pour les autres. En effet, certains personnages sont à peine effleurés, et à tel point qu’on se demande pourquoi donc il ont été inclus. Et puis c’est un abattage de scènes avec une introduction expédiée, et le milieu du film qui ressemble à quelques épisodes malhabilement collés bout à bout. La fin arrive comme un cheveu sur la soupe, sans qu’on fasse bien le lien avec ce qui s’est passé avant, et surtout sans comprendre l’évolution psychologique des personnages, qui est clef dans le dessin-animé.

Mais le pire du pire dans ce film réside certainement dans les comédiens qui jouent faux comme c’est pas permis. Pourtant ils sont plutôt en accord avec les physionomies de l’animé, et je ne pense pas qu’ils soient intrinsèquement mauvais, mais ils ont dû être mal dirigés ou je ne sais quoi. Même la force première du film qui est l’usage de chouettes effets spéciaux et des costumes conformes à ceux du dessin animé ne fonctionne pas. Certes tous les effets liés aux combats avec les éléments sont parfaits et m’ont procuré quelques frissons, mais les incrustations des bestioles en 3D sont complètement ratés, avec des acteurs qui regardent à côté, des brillances ou des reflets surnaturels, et des couleurs qui ne passent pas. Les costumes sont bons, mais les décors font carton-pâte et ternissent les aspects plus positifs.

Sans avoir vu la série, je pense que les avis doivent être encore plus négatifs que le mien, car je n’ai pas passé un mauvais moment. Dans l’ensemble, j’ai aimé le fait de voir se matérialiser cette histoire qui m’avait tant plu, et ces personnages adorables. Mais il faut avouer qu’on a l’impression qu’ils ont mis un malin plaisir à gâcher cette belle production. Je pense que sans connaître le dessin animé, le scénario devait être un truc embrouillé et confus, et cette rapidité dans les dénouements sans queue ni tête n’a pas dû arranger les choses. Donc laissez-tomber le film, et découvrez donc ce dessin animé qui est une réussite à mon avis, bien équivalente aux “Mystérieuses Cités d’Or” de ma verte époque.

Le Dernier maître de l’air

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  • Vu dans l’avion qui me ramenait des USA il y a deux moins. Même pas calculé que c’était de M. Night BiduleMachin. En effet, je me suis dit qu’il faudrait que je vois l’Anime ou que je lise le Manga parce que les acteurs étaient vraiment pas aidés.
    En attendant je prie pour le jour où quelqu’un aura la bonne idée d’adapter des séries de qualités avec un budget hollywoodien sur grand écran, mais bel et bien au format série… En voilà une idée qu’elle serait lumineuse (et qu’elle changerait totalement la consommation de cinéma…)

  • je partage totalement ton avis, ce n’est pas du tout une bonne adaptation, mais pour prendre (un peu) la défense de Shyalaman, il n’avait, selon ses dires qu’une marge de manoeuvre assez faible, avec toutes les contraintes que lui imposait Nickelodeon.
    J’ai vu le dessin animé, et j’ai trouvé l’adaptation pas terrible du coup, pour le coup !

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