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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les yeux des matins trop brutaux

Un auteur déjà cité précédemment que je retrouve dans un ouvrage similaire (un recueil de nouvelles avec de multiples auteurs), et c’est encore un passage d’une de ses nouvelles qui m’a touché. C’est ensuite que j’ai compris que c’était le même que la dernière fois, comme quoi j’ai vraiment un truc avec son écriture. Belle, ciselée, et poétique.

Les yeux des matins trop brutaux, après un lourd et trop profond sommeil.

Et je me rends compte que ces vieux d’aujourd’hui, ces vieux si éloignés les uns des autres mais qui se rencontrent dans ma tête par la seule évocation de leur dissemblance, n’ont, somme toute, que vingt ou vingt-cinq ans de plus que moi.

Vient une saison de la vie où les vieux sont de moins en moins vieux, de moins en moins lointains sur le chemin ouvert devant nous, de plus en plus inquiétants, bientôt des camarades épaules contre épaule et finalement… plus rien.

Déjà derrière nous.

Et quand ceux d’ici, leurs mâchoires entrouvertes sur un sourire chevrotant, leurs mains décharnées qui me saluent d’une reconnaissance amicale, presque fraternelle, me regardent passer, qu’ils m’effraient tout à coup d’être si proches, telles des promesses vers moi tendues et un jour inévitablement tenues, l’autre, celui de là-bas, traverse parfois ma mémoire et des doigts alertes, de longs doigts aux phalanges noueuses, très blanches, presque translucides, courent alors sur l’archet d’un antique violon.

Citation extraite de “Douze cordes”, un recueil de nouvelles sur la musique, de Bertrand Redonnet. Page 51.

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