MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Cette lueur dans ton œil

On avait un peu bossé le truc avec Ron, enfin William quoi vous voyez, et je m’étais moqué de lui parce qu’il avait un peu fait son mec de la télé avec moi. Mais à la Ron quoi, donc plutôt gentiment et avec beaucoup de bonne volonté et jolie candeur. Car il m’avait vendu le truc comme un RP “Ouai je sais que tu adores Juliette, et vous êtes tous les deux des gamers, ça pourrait faire une superbe rencontre et très fun.”

Aheum… Alors comment te dire, Mylène l’a exprimé mieux que nous mais oui mais non quoi. Je ne connais Juliette que depuis quelques années, et c’est mon chéri qui m’a intronisé à son univers. C’est mon chéri qui adore ses albums depuis Mathusalem, et lui encore qui est scotché actuellement (sic) à sa PS3 alors que je tapote ici-même (au lit). Mais comme je racontais cela à Juliette dès les premières minutes de notre rencontre (bah ouai je voulais pas non plus jouer le fan ultime qui connaît tout par cœur), c’est moi le blogueur donc t’as pas le choix, c’est moi que tu rencontres. Gnark gnark.

Bon un pédéblogueur qui rencontre une lesbochanteuse ? Oui on pourrait le voir comme cela, mais ce serait tellement réducteur… Et au final, j’ai adoré car ce fut tout autre, plutôt Juliette et Mathieu qui se rencontrent et discutent le bout de gras. Mais vous me connaissez, je ne serais plus moi si je ne militantais pas un peu en passant. Hé hé hé. Nous ne savions pas avec Will à quel point Juliette voudrait parler homosexualité, mais c’est avec bonheur que j’ai constaté qu’elle était tout à fait désinhibée sur le sujet. Nous en avons donc largement parlé du point de vue le plus intime et personnel, à celui plus politique et sociétal.

Cette rencontre m’a évidemment sincèrement ému car Juliette est une artiste troublante à bien des égards. La voir ainsi et lui parler, avoir un contact direct avec, tout cela était d’autant plus agréable que je la considère comme une femme au rare talent, et celui que je révère le plus dans le genre humain : l’écriture. Or Juliette est de ces auteures qui manie le verbe avec poésie, drôlerie et panache, tout en étant sur scène un redoutable bretteur et rimeur. Elle réussit souvent le miracle de véhiculer tout autant le sentiment amoureux que la blague ou l’ironie la plus grinçante, et le son de ses mots, ses allitérations notamment, me ravit particulièrement. Et c’est bien en concert qu’elle m’a définitivement conquis avec son étonnante habileté à passer d’une cruelle gouaille à une pulvérulente sensibilité, et mutatis mutandis… ça me parle.

Nous avons bavassé pendant deux bonnes heures je pense, d’abord dans un café, puis dans son atelier à quelques pas de là. On a également beaucoup parlé de moi, mon blog et mon nombril, mais aussi des sujets qui paraissaient intéressants à évoquer comme celui de savoir si on gagnait bien sa vie quand on était un chanteur mais pas non plus une énorme star. On apprend ainsi que Juliette gagne autant que ses musiciens en tournée, tout le monde à égalité (ce qui n’est pas légion)… Mais chez elle, dans ce petit atelier où elle écrit et compose, nous avons évoqué un peu plus quelques facettes intimes.

Réciproquement, nous avons papoté de nos vies d’homos, avec nos différences et nos similitudes, nos combats personnels et nos multiples attitudes qui se résument bien évidemment et heureusement par autre chose que notre orientation sexuelle. Il y a It gets better dont on se demandait la raison du peu d’impact médiatique en France, et le problème de fond qui lui perdure bien encore.

Je ne sais pas ce qui va ressortir de ce montage puisque cela va donner quelques minutes de résultat final, mais j’espère que cela pourra rendre un peu de ce vrai moment de plaisir et de jubilation intérieure pour moi. Je n’ai pas voulu prendre de photo avec elle ou garder un souvenir (il y a bien cela huhu) parce que c’est vraiment par écrit que je voulais en parler, et dans ma mémoire que je voulais conserver une petite trace. Je crois que c’est son regard qui est le plus étonnant et qui est évidemment quelque chose d’inimaginable tant qu’on y a pas été confronté. Rien d’extraordinaire rassurez-vous, mais une lumière dans le regard, deux yeux malicieux et espiègles derrière ces grandes lunettes que l’on connaît tant. J’ai immédiatement pensé à “Cette lueur dans ton œil” qui est pour moi la réussite première de l’album, et qui est exactement ce qui émane du regard de cette femme aux yeux noirs et pétulants.

La lueur dans l’œil – Juliette

On en a parlé de cet album évidemment, parce que c’était tout de même pour cela qu’on se voyait hein. Si si. (Huhu.) Yagg l’avait très bien résumé dans un article, en expliquant qu’il y avait du bon et du moins bon, assez inégal en somme. Mais quelques chansons prennent vraiment le dessus comme celle que j’ai cité ou “Une chose pareille”, “Madrigal Moderne” qui est une belle déclaration amoureuse, et quelques mélodies pimpantes avec des textes drôles et légers “Rhum Pomme”, “Un petit vélo rouillé”… On y retrouve avec bonheur l’écriture enlevée et saisissante de Juliette évidemment.

Juliette - No Parano
La conversation entre Juliette et moi ;)

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  • Ah Juliette ! En concert, elle est généreuse, c’est jubilatoire… et puis il reste ensuite ses disques. Je préfère de son répertoire les chansons tendres, “berceuse pour Carlito” me remue toujours le coeur même si je l’ai écoutée des centaines de fois.

    En même temps, rencontrer Juliette, ce doit être comme rencontrer une copine, elle est tellement loin de jouer les stars que c’est naturel de le faire si on en a l’occasion. J’imagine qu’ on ne doit pas se ronger les ongles avant en se disant “oh mon dieu je rencontre Juliette!” mais éprouver un plaisir plus discret et plus profond, aussi, comme chaque fois qu’on rencontre une chouette personne, célèbre ou pas.

  • Ai eu la chance de la voir et l’écouter une fois en concert, le bonheur que c’était. Elle est dans un mélange improbable d’humour et de tendresse (d’émotion) qui me rappelle Bourvil que j’aime tant – oui je sais le résultat final n’est pas ressemblant mais je parle de l’effet fait -. Sans doute une question de générosité profonde même si elle s’exprime différemment.

    En revanche comme je peux peu écouter de la chanson française en écrivant, je connais mal ses albums.

    Des plus belles rencontres de ma vie, je n’ai aucune image (1) même si parfois un objet (offert soudain), je comprends donc très bien ce que tu veux dire, la trace dans la mémoire.

    Beau billet pour une belle rencontre qui ne m’étonne pas.

    (1) sauf si une tierce personne était là qui s’en est occupé ou dont c’était le métier – j’ai ainsi une chouette photo de Marc Z. et moi -. Ou bien décalé et que j’ai photographié comme je le fais toujours des détails, des scènes de rue brièvement croisées, un vélo au même moment dans la rue, des enfants grimpant aux arbres, un chien. Ce qui au font aggrafe le souvenir avec autant voire davantage d’efficacité que le souvenir direct.

  • Ha ! Juliette ! Non, mais… Juliette quoi ! Une bête de scène cette nana. Une gouaille incroyable, un piano formidable qui dégouline de notes endiablées, et quelle plume !
    J’ai hâte de voir le résultat de cette entrevue :salut:

  • Je ne connaissais pas le concept. C’est une émission qui organise des rencontres entre blogueurs et chanteurs?
    Quoi qu’il en soit, quel chance d’avoir pus rencontrer Juliette. :)

    Je me souviens avoir écouté en boucle la chanson “Irrésistible”. Tu me donne envie d’en découvrir plus!

  • @Djahaï : oui, c’est une émission de OFF, la chaîne musicale d’Universal, qui organise autour d’une thématique une rencontre entre un blog et un artiste : Gonzague et Will.I.Am des Black Eyed Peas sur les réseaux sociaux, Papilles et Benjamin Paulin (la fabrication du Cognac) ou Vinvin et Jenifer (écrire un tube sur le vif). Les trois déjà diffusés sont visibles ici : http://www.off.tv/#/video_1528-0_puzzle-jenifer-a-valider ou là http://www.off.tv/#/video_1424-0_puzzle-benjamin-paulin ou là http://www.off.tv/#/video_1257-0_puzzle-will-i-am-gonzague

    Bientôt Matoo & Juliette mais avant il y aura Deedee et (Gossip Girl) Taylor Momsen.

  • Oh comme je suis jalouse, tu n’imagines pas ! :xpleure: LA Juliette, la Patronne (cf L’éternel féminin)… D’ailleurs, je n’ai découvert ton blog que grâce à ta rencontre avec elle, que j’aime tant, et je doute qu’une rencontre entre la chanteuse et une petite blogueuse comme moi ai un jour lieu… Tu es un privilégié ! Bon, c’était tout, je ne te dérange pas plus longtemps… ;-)

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