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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les neiges du Kilimandjaro

Les neiges du Kilimandjaro

Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un bon film français, et ça fait du bien !! Pourtant j’ai eu très peur en allant le voir, je redoutais le film cégétiste sans nuance, mais j’ai bien fait de faire confiance à Robert Guédiguian qui a plus d’un tour dans son sac. Tout est surtout dans l’écriture pour ce film, et elle est particulièrement ciselée et sagace. L’oeuvre en fin de compte est tout en finesse, à la fois intelligente et sensible, politique et donnant à réfléchir.

On retrouve bien évidemment le contexte cher à Guediguian avec Marseille et ses docks, mais aussi la merveilleuse Ariane Ascaride. C’est une comédienne que j’aime vraiment beaucoup, et il se trouve qu’elle est radieuse et incroyable dans ce film. Son mari, Jean-Pierre Darroussin, est syndicaliste et transige avec la direction pour éviter que la boite coule. En gros, on tire au sort les ouvriers qui seront licenciés. Finalement Jean-Pierre Darroussin et quelques autres, dont Grégoire Leprince-Ringuet, sont virés. Un soir que le couple Darroussin-Ascaride jouent aux cartes avec leurs amis, Gérard Meylan et Marilyne Canto, ils se font sauvagement agresser par des jeunes cagoulés qui volent l’argent du cadeau d’anniversaire de mariage. Le plus choquant c’est quand Darroussin réalise que le vol a été orchestré par un des jeunes licenciés avec lui : Grégoire Leprince-Ringuet. Du coup ce dernier se retrouve en taule, mais Darroussin et Ascaride voulant comprendre pourquoi il a fait cela vont découvrir des choses qui vont bouleverser leurs repères.

Le film est passionnant et je comprends (et accepte) qu’on le rapproche d’un Ken Loach à la française, car c’est exactement cela. Non seulement Guédiguian dépeint une veine syndicale au plus juste dans ses combats mais aussi dans ses faiblesses et mesquineries, mais en plus il nous montre ce couple qui apparaît honnête et droits dans leurs bottes. Et ils découvrent et réalisent qu’ils sont devenus quelque part aussi de petits bourgeois. Là où le film est particulièrement brillant, émouvant et cinglant c’est dans sa justesse et sa perspicacité, et au final on parvient à comprendre les motivations de chacun. Tout n’est pas tout blanc, tout n’est pas tout noir, et chacun ressort avec son honneur, sa droiture morale mais aussi ses torts et son individuelle cruauté. Pour la petite touche romanesque et optimiste, le couple continue dans leur altruisme et véritable amour de leur prochain, ce qui est salutaire après un film qui est bien assez socialement remuant.

C’est fou d’avoir réussi à écrire un scénario et des dialogues, et de donner à voir une oeuvre aussi riche et composée, aussi intelligente et éclairante sur notre société. Si j’y ai été autant sensible c’est évidemment lié à mon histoire personnelle, et j’ai été rassuré de constater que ma vision des choses est au moins là clairement et explicitement représentée. Je pense que je devrais m’en procurer le DVD et faire le tour de ma famille (surtout) et amis avec !! J’imagine que cela ne parlera pas autant à des gens qui sont loin de ces milieux ouvriers, syndicaux et plus globalement modestes, mais pour moi c’est pile ce qui m’a parlé et touché (et ce que je connais).

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