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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Lincoln (Steven Spielberg)

Steven Spielberg, Lincoln, guerre de Sécession, abolition de l’esclavage, 2h30. Bon voilà résumé en gros le film, il n’y a de ce fait rien de beaucoup plus surprenant ou frappant. J’ai bien aimé le film, les comédiens sont excellents, avec le merveilleux Daniel Day-Lewis en figure de proue, et l’histoire/Histoire est passionnante dans son formatage factuel aux remugles de documentaire de la 7 (même pas ARTE, j’ai bien dit la 7 !!!).

Le nouveau truc dans les biopics c’est de se focaliser sur un épisode (dit) clef de la vie d’un personnage et d’y développer une intrigue toute hollywoodienne. Il faut ensuite servir le tout avec des comédiens 100% Actors Studio qui vont aller dans le mimétisme absolu, et véritablement incarner des personnages devenus allégories. Et avec Spielberg, vous rajoutez de bons solos de violons quand on doit pleurer d’émotion alors qu’un pan de l’histoire américaine est en train de se jouer. C’est toute la limite de l’exercice et de ce film en particulier qui est pourtant réussi à bien des égards. Tout d’abord parce que Spielberg est un fin cinéaste et que le film bénéficie de moyens considérables pour une superbe reconstitution, et comme toujours de beaux plans : un vrai langage cinématographique qui se déploie et qui accompagne la narration. L’autre élément positif c’est simplement l’histoire qui est bluffante et qui tient énormément en haleine, même si on connaît bien sûr déjà la fin.

Daniel Day-Lewis est donc excellent, mais encore une fois un tel mimétisme n’est peut-être pas nécessaire malgré cette horrible mode qui paraît aider à briguer les Oscars tous les ans depuis quelques temps. Sally Field qui joue son épouse est dans la lignée, avec en plus un rôle de folle un brin hystéro qui paraît relativement décalé pour l’époque, mais qui colle bien avec Hollywood. Je crois que le personnage qui m’a le plus touché et dont le comédien m’a beaucoup impressionné c’est Thaddeus Stevens/Tommy Lee Jones. Il est d’une rare justesse et truculence, il est finalement le véritable instigateur de cette jubilation finale qui nous porte aux nues lorsque l’abolition est votée.

Sinon c’est du Spielberg classique de chez classique, de très bonne tenue, mais avec un cahier des charges bien propret et parfaitement calibré. Malgré tout pour une hollywooderie, il présente un film il faut l’avouer plutôt très documenté et verbeux, et qui frôle parfois à s’y méprendre le docufiction.

Le film illustre donc le combat de Lincoln pour l’abolition de l’esclavage (en pleine fin de guerre de Sécession), et la manière dont il va devoir user de tactiques politicardes bien contemporaines (il promet des postes !!) pour rallier certains députés de l’opposition. Ce qui est très drôle c’est que cette opposition qui refuse l’abolition de l’esclavage pour des raisons philosophiques mais surtout économiques, ce sont les Démocrates. Et les Républicains vont peu à peu soumettre, étouffer, acheter les voix de leurs opposants pour gagner les quelques votes qui feront la différence. Et malgré tout, cela n’entérine pas l’égalité entre tous les citoyens, car cela n’est incroyablement et extraordinairement pas encore “possible” (les moeurs et mentalités de l’époque). On laisse donc la porte ouverte à une ségrégation raciale qui mettra encore cent ans avant d’être supprimée des lois américaines.

J’ai vu le film juste avant les discussions parlementaires du Mariage pour tous et c’était troublant de constater que les discours étaient les mêmes, dans le fond comme dans la forme. On a droit aux mêmes incivilités et pratiques puériles de ces hauts dignitaires de l’Etat, tandis que l’opposition apportait les arguments les plus spécieux et fallacieux pour justifier l’inégalité des uns par rapport aux autres. C’était il y a 150 ans…

Lincoln (Steven Spielberg)

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  • Je viens de le voir, ce soir. Je l’attendais plus enthousiasmant, plus dans l’émotion, moins dans la complexité.
    Comme tu conclus, très moderne … hélas, trois fois hélas.

  • J’ai une certaine appréhension sur la capacité de l’Amérique du ciné à grand spectacle à regarder sa propre histoire avec justesse.

    Et si cette modernité n’était tout simplement pas un énorme anachronisme ? Bon, je pourrais essayer de m’en faire une idée par moi même, mais j’ai pas le courage de me taper les 2h30 de ce film.

    J’ai déjà enduré les Misérables, j’ai ma dose :wacko:

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