MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

10 ans de MatooBlog

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10 ans de MatooBlog Je l’ai mis en exergue du blog pour m’en souvenir, à l’heure où j’écris cet article “Vous êtes le quatre million cent quatre-vingtquatre-vingt- mille quatre-vingt-huitième à venir perdre du temps ici depuis le 3 avril 2003 (merci)”. Ce blog a donc atteint ses dix ans !! Mein gott !! DIX ANS !!

Cela faisait déjà quelques mois, en 2003, que je surveillais ces blogs, et que je lisais avec avidité ces premiers pédéblogueurs qui se racontaient ainsi sur le net. Oui pédéblogueur car je dois avouer m’être d’abord intéressé à eux, et avoir persévéré dans cet attrait ! Non que les hétéroblogueurs m’indiffèrent mais il se trouve que ce que racontaient les homos m’intéressait plus. Arf. Le tout premier c’est Garoo, je l’avais découvert dans les colonnes de FSH (le newsgroup fr.soc.homosexualite), et j’avais ainsi découvert son weblog qui m’avait fasciné. D’ailleurs il continue de me fasciner quand il écrit ici ou ailleurs (comme beaucoup, surtout sur twitter aujourd’hui). En toute logique, de liens en liens, j’avais lu le Capitaine Embruns, qui a toujours été beaucoup plus oecuménique que le pédéblogueur de base que je suis. Et si je dois me souvenir de ces premiers piliers pour moi, me viennent à l’esprit M@nu, Paumé et Gvgvsse. Paumé se retrouve sur twitter aujourd’hui, mais le plus constant et le plus imperturbable c’est bien Gvgvsse… Toujours sur b2 (antédiluvienne plateforme de blogging made in MichelV qui a donné naissance à WordPress), sans optimisation aucune ou volonté d’être lu ou bien commenté, avec son système chronologique bien à lui (les articles sont datés en jours d’existence de son auteur), il narre par salves ses aventures du quotidien. Je le lis tout aussi régulièrement et avec plaisir depuis dix ans et quelques mois.

J’avais découvert ces blogs à une époque où je passais déjà du temps sur internet, et beaucoup de temps à traîner sur des forums de sites communautaires (feu Caramail, feu Yarps, puis Gayvox notamment) à déjà pas mal me répandre par l’écriture. J’ai mis six bons mois à m’y mettre par appréhension, peur de la technique et puis par humilité en fait. Je ne me sentais pas à la hauteur de la tâche d’écriture quotidienne et régulière, et un peu impudent finalement d’imposer comme cela mes écrits sur la toile. Et puis finalement, je me suis lancé. J’étais déjà Matoo depuis quelques années, et à l’exemple de Garoo j’ai opté pour un .net, un hébergement, le logiciel de blogging b2 et hop c’était parti ! J’ai beaucoup commenté et interagi dans les colonnes des autres blogs, et rapidement j’ai aussi acquis mon lectorat, qui m’a suivi (ou pas) depuis ces dix années.

Très personnel au début, il l’est de moins en moins, et c’est malheureusement le devenir de tous les blogs de cet acabit. On est pris par ce cruel de dilemme de vouloir être lu (narcissisme éhonté comme je dis toujours) mais pas des gens qui nous sont le plus proches. Or non seulement j’ai été grillé par ma famille, dont j’ai souvent parlé les années passées, mais j’ai aussi rencontré quelques amis, aujourd’hui les plus proches et les plus chers, via le blog. Je n’ai d’ailleurs pas tenu longtemps avant d’en parler à mon petit ami de l’époque M. qui a mis aussi bien du temps à comprendre et accepter cela (oui oui on s’est aussi engueulé dans les commentaires et tout…).

L’Âge d’Or du blogging a eu lieu de 2004 à 2007, et puis le déferlement des réseaux sociaux a lentement mais surement changé la donne. A présent que les blogs sont morts, c’est formidable, on peut enfin bloguer en paix. Le blog pour moi est un truc personnel, un truc d’écriture, un truc gratuit qui ne se monétise surtout pas. Un truc qui doit même coûter de l’argent à son auteur et qui en plus produit des trucs absolument gratuits et (ré)utilisables à souhait. C’est comme cela que je veux continuer à fonctionner ici. Ce détachement me donne toute liberté pour écrire et m’exprimer sans ne devoir rien à personne (la publicité on la fait payer à ses lecteurs, dont on devient donc automatiquement débiteur), ni en contenu, ni en fréquence. Je vais donc continuer à écrire ici, mais j’arrêterai sans doute quand j’en ressentirai le besoin.

Ce qui me rend le plus fier d’avoir tenu ce blog ce sont ces quelques années, surtout de 2003 à 2006, où les exemples et témoignages de pédés n’étaient pas légion sur le net ou ailleurs. J’ai toujours été “moi” ici, avec des articles sur ma vie privée, sentimentale, professionnelle, amicale, amoureuse, familiale ou sexuelle, et j’ai reçu pour cela des centaines d’emails homophobes et pire encore. Mais j’ai aussi été en contact avec quelques dizaines de jeunes gays qui ne s’assumaient pas ou mal, et qui se sentaient rassurés par ce qu’ils pouvaient lire ici. Pas forcément comme un exemple à suivre, mais juste comme un témoignage d’une banalité bien assumée, juste une vie comme les autres à chercher l’amour, à jouir de l’amitié, à se cultiver par goût et par plaisir, et à vivre son homosexualité comme une composante sereine de son existence.

J’ai correspondu avec des petits jeunes paumés, des inquiets isolés en province ou des indécis, et même aussi avec quelques hétéros qui ne savaient pas comment gérer l’amitié suite au coming-out de leur meilleur pote (d’ailleurs ce sont mes meilleurs échanges à ce jour, les plus touchants). Si ce blog a pu servir à rasséréner quelques personnes, j’en suis tellement heureux. Alors que la loi sur le mariage pour tous déchaîne une homophobie qu’on pensait moribonde, je suis plus que jamais content que cette tribune soit encore là pour continuer son petit bonhomme de chemin.

Ma philosophie ne change pas, entre Marc-Aurèle et le poème de Voltaire ci-dessous, tout est dit.

Ce qu’il faut pour être heureux

Il faut penser ; sans quoi l’homme devient,
Malgré son âme, un vrai cheval de somme.
Il faut aimer ; c’est ce qui nous soutient ;
Sans rien aimer il est triste d’être homme.

Il faut avoir douce société,
Des gens savants, instruits, sans suffisance,
Et de plaisirs grande variété,
Sans quoi les jours sont plus longs qu’on ne pense.

Il faut avoir un ami, qu’en tout temps,
Pour son bonheur, on écoute, on consulte,
Qui puisse rendre à notre âme en tumulte,
Les maux moins vifs et les plaisirs plus grands.

Il faut le soir, un souper délectable,
Où l’on soit libre, où l’on goûte à propos,
Les mets exquis, les bons vins, les bons mots.
Et sans être ivre, il faut sortir de table.

Il faut, la nuit, tenir entre deux draps
Le tendre objet que notre coeur adore,
Le caresser, s’endormir dans ses bras,
Et le matin, recommencer encore.

Voltaire.

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