MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Nos enfants chéris

Comédie-dramatique, c’est vraiment la catégorie qui, littéralement, convient tout à fait à ce film. C’est une sacrée réussite dans ce domaine de la comédie de la trentaine. Et pour la première fois, la fin du film n’est pas la plus conforme à notre morale chrétienne (crétine) habituelle.

L’histoire est simple et rebattue, Romane Bohringer rencontre par hasard Mathieu Demy en faisant ses courses. Ils étaient sortis ensemble quelques années auparavant et se retrouvent mariés et avec des enfants (un pour lui, deux pour elle). Elle s’invite avec sa famille dans la maison de vacances de son ex… et tout un petit monde se rencontre et interagit ! Les acteurs sont vraiment très bons, et les intrigues construites sur chacun des personnages ainsi que celles entre les protagonistes sont à la fois comiques et dramatiques. Le film reproduit fidèlement les problèmes et interrogations des jeunes couples et de la place de l’amour, la passion, le sexe, l’amitié dans les comportements modernes. Il montre bien la difficulté à concilier ses désirs, son envie de singularité et sa manière de reproduire les schémas parentaux normatifs (se marier, avoir des enfants).

Certaines scènes sont vraiment très drôles avec des personnages qui sont des caricatures vivantes mais dont le trait n’a pas besoin d’être forcé pour qu’on reconnaisse bien des proches. Le mari de Romane Bohringer est un beauf de base, genre de commercial totalement vénal et imbécile, qui fait des blagues à la con, est un obsédé sexuel et macho de première. La femme de Mathieu Demy le laisse prendre en main toutes les tâches domestiques ainsi que la gestion complète de leur bébé, elle est hystérique avec lui et ne veut plus faire l’amour depuis qu’elle a eu leur enfant. Dans la baraque, viennent aussi des amis à eux dont un célibataire endurci qui choisi de continuer à sortir et baiser à tire-larigot, une femme avec un jeune enfant qui le cache à son mec pour ne pas le perdre (elle fait passer son fils pour celui du célibataire) et qui vient de fêter ses 10 ans d’analyse. Ces gens se posent des questions et font le bilan de leurs vies, leurs quêtes de bonheur et les conclusions de certains sont vraiment tragiques.

Donc le film n’est pas bien optimiste quant à la vie en couple telle qu’elle est traditionnellement considérée, puisqu’on se rend compte que de toute façon au bout de quelques années, ça foire forcément. Mais l’intérêt est surtout de voir tous ces exemples de trentenaires qui essaient d’être heureux et en harmonie avant même de suivre les modèles conformistes et traditionnels. Et comme d’habitude, on peut choisir entre une solution pratique, éprouvée et pérenne (le modèle du couple fidèle plan-plan pas très heureux mais stable) et une solution sur-mesure basée sur le sentiment et la quête du bonheur. La difficulté réside bien sur dans la manière de doser cela. La fin du film expose la solution la plus individuelle qui soit, ce qui est une grande nouveauté. Pour une fois les protagonistes ne rentrent pas dans le droit chemin, et ne se réfugient pas dans leurs valeurs et leurs couples. Au contraire, ils décident de vivre leurs envies et leurs sentiments, même si cela bouleverse leur environnement à l’allure si parfaite.

Vraiment, je ne sais pas quelle solution est idéale, puisque évidemment il n’y a pas de solution rêvée. En outre, il y a un aspect frustrant et cruel face au choix cornélien entre conserver sa famille, son confort et sa maîtrise, à tout balancer pour vivre son bonheur, ses vraies envies et perdre ses repères. Quand on s’est marié, qu’on a des enfants et une vie de couple, c’est dur de céder à une impulsion, mais faut-il pour autant y renoncer, sous peine de laisser fuir son bonheur. Comment faire la différence entre une épreuve qui va confirmer son choix de vie (le plus rationnel même si pas le plus palpitant, mais qui est viable et conforme à un bonheur à long terme) ou bien un signe qui vient changer le cours de sa vie et donner l’occasion de se réaliser enfin (tandis qu’on vit dans un marasme qui n’est pas la clef du bonheur, mais simplement un vernis craquelé de bien-être douceâtre) ?

Nos enfants Chéris

Les publications voisines

Post navigation

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

:sourire: 
:clindoeil: 
:huhu: 
:bisou: 
:amitie: 
:mainbouche: 
:rire: 
:gene: 
:triste: 
:vomir: 
:huhuchat: 
:horreur: 
:chatlove: 
:coeur: 
:doigt: 
:merde: 
:ok: 
:narval: 
:mitochondrie: 
:croa: