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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Chaîne autour du soleil

C’est évoquant la dernière fois Clifford D. Simak que j’ai eu envie de relire ce bouquin (tout jauni par les années et les lectures). Je suis vraiment féru de cette science-fiction des années 50, toujours épaté par la clairvoyance de certains auteurs, mais aussi très amusé par leurs lacunes ou leurs fourvoiements, et surtout admiratif de leurs projections futuristes en termes politiques et sociaux. Ce livre écrit en 1952 raconte une histoire qui se passe en 1987. On y voit donc l’imagination de l’auteur dans un monde qu’il imagine encore (trop) marqué par la guerre et les clivages politiques est-ouest (même si en 1987, on n’était pas sorti de l’auberge). Un monde sans ordinateur, mais avec de l’électronique et des objets du futur étonnamment obsolètes !

Le héros Jay Vickers lit (et vérifie plus tard) cette hypothèse scientifique dans le journal : « Boston, Mass. (A.P.) : Il se peut qu’il y ait un autre monde qui nous précède à une seconde et un autre qui nous suive à une seconde et encore un autre à une seconde et encore un autre à une seconde de celui-ci… […] Une sorte de chaîne interrompue de mondes se suivant les uns les autres. ».

Jay Vickers est un écrivain taciturne qui a une vie plutôt tranquille, au large d’une Amérique qui est dépressive. Les gens sont inquiets à cause de la guerre froide, à cause d’une sorte de désespoir latent qui fait qu’ils se réfugient même parfois dans des associations étranges. Les « Irréalistes » par exemple sont des gens s’imaginent dans un personnage à une période donnée, ils tiennent des journaux intimes et se les lisent en groupe (Clifford projette ainsi d’une société bouffée par des jeux de rôles pour fuir un monde sans espoir !).

Et puis, il arrive des choses bizarres. Des sortes de magasins étranges fleurissent un peu partout. Ils ne vendent que quelques produits, mais quels produits ! Une lame de rasoir, une ampoule électrique et un briquet, mais avec une caractéristique dingue : ils sont inusables, à vie ! Ainsi peu à peu, ces magasins ruinent quelques industries sur lesquelles reposait la consommation de ces produits. Et voilà que l’Eter-Auto fait son apparition, inusable aussi, et on voit aussi des maisons en kit en vente pour 500$ par pièce. Du coup des gens se retrouvent à la rue, et là encore un autre phénomène incroyable : on donne des « carbohydrates » (une nourriture synthétisée) gratuitement aux gens qui en ont besoin. Bref, tout un tas d’événement qui tendent à bouleverser les équilibres économiques du monde, l’équilibre même du capitalisme. Et le mystère c’est qu’on ne sait pas où sont fabriqués ces produits miraculeux… pas de sociétés, pas d’usines… (très Ubik !)

Or Jay est rapidement poursuivi par un type qui agit pour le compte des Industries du monde entier. Ces industries qui sont basées sur le capitalisme et qui tremblent de tout perdre. Apparemment, Jay Vickers serait un mutant. Et en effet, il se rappelle bien enfant s’être concentré sur sa toupie, et s’être promené dans un autre monde… un de ces mondes parallèles. Mais était-ce un rêve ?

Les mutants seraient responsables de cette « attaque » du capitalisme. Et on commence à voir une peur panique s’emparer des gens, et des exactions ne tardent pas de se produire dans le monde entier, une situation digne des X-Men.

« Saint-Malo, France (Reuters). Le cadavre d’un homme a été trouvé pendu à un réverbère ce matin à l’aube. Un écriteau sur lequel était inscrit en caractères grossiers le mot Mutant était accroché autour de son cou. »

Vickers doit alors agir, retourner sur les pas de son enfance… découvrir qui il est (Mutant, androïde, humain ?), quels sont ses liens avec son éditrice et cet homme de main des industries mondiales. Se concentrer sur les lignes qui partent le long de la toupie qui tourne. Où vont-elles ces lignes ?

Il y a encore tout à découvrir dans ce petit bouquin passionnant, qui raconte l’aventure de Jay Vickers à la recherche de sa propre origine et sa palpitante quête de vérité. Une SF des années 50 donc, avec un Simak toujours aussi naturaliste et tradi. Un auteur qui prône souvent dans ses romans le retour aux origines, à la nature et à l’Amérique des pionniers, tandis que le monde plonge dans la décadence, dans la folie meurtrière et guerrière, dans des systèmes économiques déshumanisants. Il est génial de lire ce bouquin en devinant en filigrane ce que Simak imaginait dans les trente-cinq années à venir, de voir ce qui est vrai, erroné ou même encore trop tôt pour 1987 ! Et puis, ce Clifford D. Simak dispense une écriture simple et fluide, beaucoup de dialogues et d’actions, une imagination terrible, et des personnages à l’épaisseur psychologique conséquente.

Chaîne autour du soleil - Clifford D. Simak

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  • J’ai lu de Simak “demain les chiens”, très bien, et un autre dont j’ai oublié le titre et l’histoire tellement c’était pas terrible. Mais là, tu m’as donné très envie de lire celui-ci…

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