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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Les saisons de la nuit

J’ai découvert Colum McCann il y a quelques mois dans cet extraordinaire livre qu’est « Danseur ». Un livre qui est directement entré dans mon panthéon personnel, et qui m’a donné envie de mieux découvrir cet auteur à la plume si délicate et talentueuse. Et voilà qu’en essayant d’en lire un second, je suis plus que conquis.

« Les saisons de la nuit » est un roman fabuleux qui m’a beaucoup fait penser à un autre de mes livres fétiches : « De chair et de sang » de Michael Cunningham. On retrouve dans le présent bouquin de Colum McCann un sujet familial brûlant qui s’étend sur plusieurs générations, et vient complètement emporter le lecteur dans son récit.

Le bouquin alterne de chapitres en chapitres entre deux histoires dont on finit par comprendre qu’elle se « rejoigne ». D’un côté ça commence en 1916, Nathan Walker, un black de Géorgie, travaille en tant que tunnelier à New York. C’est un peu le récit de cette vie ouvrière extrêmement difficile qui m’a fait penser à mon arrière-grand-père. Avec là en plus un racisme encore bien ancrée dans la société, qui blesse plus encore Nathan. Malgré tout ce dernier construit une amitié sincère avec plusieurs camarades d’infortune, camarades de beuverie aussi, immigrés italiens ou irlandais avec lesquels il se lie. Un incident fatal à l’un d’eux amène Nathan à faire une rencontre, une rencontre qui infléchit le cours de son existence.

D’un autre côté, nous sommes en 1991, toujours à New York. Un hiver glacial. C’est l’histoire de Treefrog, un clodo qui vit dans le dédale de poutrelles métalliques d’un tunnel de métro, et qui fait partie de ces populations paumées et indigentes qui habitent les souterrains new-yorkais. Pourquoi est-il là ? D’où vient-il ? Il est un peu fou, mais on sent une terrible humanité qui se dégage de ses tocs, des rites compulsifs qui l’aliènent autant qu’ils le gardent en vie.

Peu à peu, quelques indices sont semés, et un faisceau de présomptions vient lier les deux narrations.

Ce roman est remarquablement écrit. Vraiment Colum McCann est un écrivain talentueux qui sait déclencher des torrents d’émotions, qui émeut autant dans ses dialogues, dans ses descriptions quand dans sa structure narrative. En outre, il se dégage de ce livre une authenticité troublante et presque dérangeante qui frappe en plein coeur et en pleine « raison ». J’ai été happé par le livre dès les premières pages, et je ne peux m’empêcher de m’identifier à ces histoires dont la psychologie transgénérationnelle en filigrane m’est familière. Une oeuvre qui ne peut laisser indifférente…

Les saisons de la nuit - Colum McCann

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  • J’en avais parlé dans un commentaire chez toi, c’est drôle. C’est un bouquin sublime, preuve, s’il en fallait, que les romanciers américains ont un sens de la fresque et de l’épopée populaire que la littérature française a perdu. Ouais, j’aime bien écrire des phrases définitives comme ça ;-)

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