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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Ambiguïtés

Je suis tombé un peu par hasard sur ce bouquin, mais j’avais bien accroché sur la quatrième de couverture. Un bonne histoire de famille bien alambiquée, complexe et riche, un bon exutoire pour mon état actuel, et puis 850 pages pour me plonger dans ce genre de roman anglo-saxon que j’aime tant. Je ne suis pas spécialement féru de littérature australienne (dont je ne connais pas grand-chose), mais Elliot Perman est un auteur australien qui m’a bien épaté avec ce bouquin.

Il y a sept grandes parties à ce roman, et je dis « grandes » car ça peut parfois prendre cent pages. C’est un récit qui prend son temps, qui s’installe, et qui utilise une forme assez particulière pour se poser. Il s’agit d’une narration à sept voix, sept protagonistes d’une même histoire, d’une même trame familiale et humaine. De manière chronologique, sept narrateurs se succèdent et racontent une histoire de leur point de vue, pas exactement la même histoire, mais en tout cas une intrigue connexe à celle de départ.

Tout part de Simon qui ne se remet pas de sa rupture avec une ancienne petite-amie : Anna. Simon était instituteur, et le jour où un de ses petits élèves a été enlevé par un kidnappeur, il a subi un traumatisme dont il ne s’est pas remis. Le voilà alcoolique et perdu dans une existence morne, avec pour obsession son ex copine de fac. Cette fameuse Anna a depuis bien refait sa vie, elle a même un mari, Joe, qui est trader, et un petit garçon, Sam. Simon est bizarre, il suit les faits et gestes de cette famille, et un jour il sauve même Sam de la noyade dans leur piscine, alors qu’il n’est pas surveillé.

Le père de Simon s’inquiète tellement pour son fils qu’il paye un psychiatre pour s’en occuper, le docteur Alex Klima. Simon rencontre aussi une prostituée Angélique, elle tombe follement amoureuse de lui, et elle fait tout pour lui venir en aide. Il y a aussi Mitch, un collègue de boulot de Joe, un analyste financier qui a un gros projet à lui proposer.

Le bouquin commence par la rupture dans le récit qui est initiée par un geste de Joe, une folie. Un jour, il va chercher Sam à l’école au lieu de ses parents. Il « enlève » le garçon, mais sans lui faire de mal, simplement par un « coup de folie ». C’est Angélique qui, inquiète, prévient la police, et Simon se retrouve en taule, accusé de kidnapping.

Et là, les sept personnages racontent, tour à tour, leur vie, leurs incidences ou rôles dans cette histoire. On comprend peu à peu les liens du hasard, ou pas, qui étreignent tous ces protagonistes. Les styles se suivent sans se ressembler, mais les témoignages sont chronologiques, et peu à peu, ils racontent aussi le fil de l’histoire. Ce que devient Simon, ce qu’il risque, le pourquoi du comment… Et c’est un livre éminemment psychologique, qui nous emmène dans une quête initiatique troublante qui mélange famille, amour, folie, bonheur…

J’ai adoré la manière dont les personnages sont travaillés, et il faut reconnaître dans Elliot Perlman un auteur de talent pour cela. On entre dans la peau des personnages, et on est rapidement dans leur intimité, leurs faiblesses, leurs drames et leurs défauts, autant que leurs fragilités leur donnent une certaine dose d’humanité et des « circonstances atténuantes » pour certains actes malveillants. Le roman est assez dramatique et dur dans ce qu’il présente des facettes de personnages qui ne sont pas toujours folichonnes. Mais ce n’est pas non plus un récit noir et pessimiste, plutôt quelque-chose d’authentique, et qui au final livre une « certaine » part d’espoir.

L’auteur tient aussi sur la longueur ce qui est assez épatant. Même s’il y a quelques passages un peu longuets, globalement j’ai été absorbé par ma lecture, et ce jeu de piste entre les personnages a quelque-chose d’autant peu crédible qu’on finit par y adhérer. Car ils sont tous liés quasiment, et une génération plus tard, on en trouve encore les séquelles et les stigmates. En cela, j’ai d’ailleurs pas mal pensé à « De chair et de sang ». Et ce chassé-croisé de point de vue avait pas mal de points communs avec la trilogie de Lucas Belvaux (que j’avais beaucoup aimée à l’époque).

J’ai cité une phrase de la fin du roman, et elle est assez typique des thèmes qui sont évoqués, plus ou moins en filigrane. Mais c’est certainement le titre même du livre (Seven types of ambiguity en VO) que je ne me lasse pas de relire, et qui est tellement juste que ça me laisse sans voix.

L’avis de la copine : Monsieur CRE.

Ambiguïtés - Elliot Perlman

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  • ambiguités est bien supérieur à trois dollars à mon avis
    ambiguités est un très bon roman, intelligent, bien fichu et très très intelligent. du plaisir pour tout.. bonne pioche

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