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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Polisse

Polisse

J’ai vraiment découvert Maïwenn en 2006 pour “Pardonnez-moi“, et je pensais avant cela qu’elle avait vraiment tout pour que je l’exècre, et son cinéma avec. Mais non, et c’est tout le contraire qui est arrivé. Avec “Polisse”, elle a même l’audace de commettre un chef d’oeuvre, tout en étant dans la continuité de son travail et avec ses mêmes qualités et défauts. Toujours aussi “borderline”, toujours autant sur le fil du rasoir, je me disais comme pour son premier film “ooooh là elle va se péter la gueule, elle fonce dans le cliché, dans la caricature made in bobo etc.” et pareillement, elle reste du bon côté. Et putain ce que ça fonctionne bien !!

Le film ressemble à un documentaire par sa forme, mais un documentaire dont on aurait laissé les caméras tourner pour nous montrer l’intimité des protagonistes, donc plutôt une téléréalité. Une téléréalité à la Brigade de Protection des Mineurs, autant dire que ce n’est pas spécialement synonyme de récits de conte de fées, mais plutôt viols, incestes, violences, délinquances et tutti quanti. Maïwenn joue le rôle d’une photographe, copine du commissaire, qui suit la brigade pour faire un reportage photo. On découvre ainsi les existences de ce groupe de gens un peu doux-dingues dont Karin Viard, Marina Foïs, Joey Starr, Nicolas Duvauchelle, Frédéric Pierrot, Jérémy Elkaïm et j’en passe tant la brochette de comédiens est impressionnante.

Rapidement j’ai pensé que les récits de gamins battus, violés, abusés et autres machins sordides dont des ados à la sexualité qui a perdu tout sens commun, allaient vite tourner au pathos ou à la morale, mais tout au contraire ces “faits divers” accompagnent une trame globale bien plus intelligente et sensible. Le film est une vraie mosaïque, un patchwork, parfois un brin décousu, qui nous offre une vue kaléidoscopique mais assez juste de ces existences et du métier. Aussi c’est souvent triste, mais on rit ou sourit aussi beaucoup, on se révolte et on se met à croire et espérer avec ces protagonistes d’un cruel ordinaire. Cette crudité est bien dosée avec quelques bribes de vie plus “cinématographiques” et là on ne peut qu’être de nouveau épaté par le duo Viard/Foïs qui fait des étincelles. La grande surprise pour moi c’est Joey Starr que j’ai trouvé excellent et tout en nuance, ce dont je ne le savais pas capable en tant que comédien. Je l’ai trouvé brillant et en capacité de dégager des émotions qui subliment son rôle.

Et pendant tout le film j’ai tremblé, en me disant “là c’est bon elle va se planter”, et non. Juste avant de sombrer dans la connerie ou l’emporte-pièce, elle prouve d’une pirouette et d’une main de maître qu’elle nous a bien mené où elle voulait. Et c’est fait avec une finesse et un talent qui imprègnent toute l’oeuvre. Pourtant le sujet n’est pas évident, la forme est bancale au premier abord, et pourrait avoir du mal à convaincre, cette chorale de comédiens et comédiennes n’est pas évidente à gérer et orchestrer. Mais indéniablement c’est une harmonie et une magie qui s’en dégagent immédiatement et vous touchent droit au coeur, autant qu’à l’esprit.

Polisse

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  • Maïwenn est pour moi le summum de la bobo relou et j’y suis allé un peu à reculons.
    J’ai été comme toi assez conquis et surtout “malmené” par la kyrielle d’emotions ou il m’a emmené, et je dois dire que le voir après une journée de boulot m’a laissé vidé emotionnellement, et c’est un film dont je me rappellerai.

  • Mouais. Le film est chouette, de là à parler de chef d’oeuvre…
    On dira que je suis mal luné (et c’est p’têt’ bien vrai), mais il y a deux trucs qui m’ont rendu le film moins excellent qu’il aurait pu l’être, c’est la romance cathartique Maïwenn-Starr qui n’apporte rien au film, et l’absence totale d’investissement personnel (ce qui est l’attitude la plus facile à prendre).
    Quant à ceux qui encensent Joey Starr dans ce film parce qu’il pleure dans une scène, je suis d’accord : cette scène est remarquable et son interprétation est grandiose. Tout le reste du film ressemble aux clips de rap qu’il a tournés auparavant. Sérieux.

    Cela dit, Polisse reste pour moi un grand film, la double-scène finale est magistrale, le sujet n’est jamais pathétique, le jeu d’acteur est (globalement) excellent… Maïwenn mérite amplement son prix à Cannes (et les autres).

    Mais j’aime pas la critique unanime.

    (Chiant, hein ? Je sais. :) )

  • Si si, chiant.
    Le mec qui aime rien normalement, c’est moi. Je trouve Joey Starr finalement assez juste et je ne trouve pas qu’il en fasse trop. Oui, Maiwenn ne sert à rien mais ça lui va si bien.

    Bon, en même temps, pour une fois que j’aime bien un film hein, vous allez me laisser le dernier mot ?

  • Si tu veux voir Joey Starr à contre-courant, va voir L’amour dure trois ans. C’est le seul acteur potable de tout le cast !
    Dans Polisse, je ne dis pas qu’il en fait trop : il fait juste du Starr. Distant, un peu agressif, mal-élevé, tout ça tout ça. Comme dans les clips. Après, lui avoir confié ce personnage, c’est couillu, justement parce que ça l’oblige à explorer des émotions qu’il ne laisse sans doute pas filtrer. La scène où la mère vient confier son fils est absolument incroyable, et grâce à Starr. J’étais très impressionné par cette soudaine sensibilité… Mais 4min ne rattrapent pas si facilement 1h de présence à l’écran !

    Na !

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