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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Jacques et son maître au théâtre de la Pépinière (Milan Kundera)

Jacques et son maître au théâtre de la Pépinière (Milan Kundera)

J’ai mis toute la pièce à me dire que je connaissais bien ce comédien qui joue le rôle de Jacques, et c’est évidemment Nicolas Briançon que j’avais déjà trouvé très bon dans le (très moyen) “Songe d’une nuit d’été” de la dernière fois. Et cette fois ci, non seulement il est bon comédien mais il met en scène de main de maître cette pièce. Le texte est donc une adaptation de Milan Kundera de ce grand classique des bacs de Français qu’est Jacques le fataliste et son maître de Denis Diderot.

C’est rare que je le dise ainsi, mais cette pièce est parfaite… Un vrai truc de ouf, j’avais rarement pris autant de plaisir au théâtre. En effet, c’est servi par des comédiens extraordinaires, avec Nicolas Briançon donc, et Yves Pignot dans le rôle du maître. Le texte est succulent à souhait parce qu’il a conservé les qualités et l’originalité du roman de 1780 tout en étant adapté ce qu’il faut à notre langue et époque actuelle, mais aussi totalement repensé pour le théâtre. Et par dessus-tout une mise en scène inventive, vive et intelligente vient apporter sa pierre à l’édifice, en soulignant bien certains passages ou illustrant d’autres, tout en ne prenant pas le pas sur les comédiens ou le texte. Un savant dosage qui, selon moi, n’est vraiment pas légion, et mérite carrément le déplacement. Inspiré à la fois par Melpomène, Calliope et Thalie, la pièce prend le meilleur des genres qu’elle exploite et tout cela dans un bel esprit de théâtreux.

L’histoire est tout à fait similaire à celle du livre, et on retrouve Jacques et son maître qui marchent ensemble pour effectuer un périple. Sur le chemin, ils vont faire quelques rencontres et vivre des aventures, mais surtout ils parlent beaucoup. Ils ont une relation assez intime et qui va plus loin que la simple domesticité. Leurs digressions prennent la forme d’affrontements philosophique à travers des anecdotes souvent cocasses et parfois carrément bouffonnes. Et la mise en scène est fabuleuse parce qu’elle sert incroyablement bien les propos des compères en proposant de véritables flash au “Coeur a ses raison” (désolé pour l’image, mais vraiment c’est ça !!), et avec deux trois bouts de ficelles on est au coeur de l’histoire dans l’histoire. Une scène rehaussée, une fenêtre dérobée et quelques effets scéniques nous donnent à imaginer très rapidement la saynète qui est contée, et surtout on y voit du coup les protagonistes agir directement. Le jeu va plus loin puisque les comédiens ont parfois une action plus directe et un avis sur la mise en scène, tandis que les allers-retours entre les conversations, les digressions ou les rencontres réelles proposent un rythme très enlevé et pimpant.

Pour ne pas bouder notre plaisir, le texte est, comme beaucoup d’oeuvres de l’époque, particulièrement sagace et inventif (et à l’époque c’est une véritable rupture dans la production romanesque), et la plume de Kundera vient encore y ajouter quelques qualités formelles. Ce n’est pas une oeuvre intello, et même parfois carrément drôle, mais avec un fond philosophique non négligeable et des propos qui ont des acceptions évidemment plus profondes qu’ils en ont l’air. Non sincèrement, je ne vois rien à redire pour une fois… C’est top !

Jacques et son maître au théâtre de la Pépinière (Milan Kundera)

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