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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

Yossi

Yossi

J’aime beaucoup le cinéma israélien, mais j’aime aussi beaucoup Eytan Fox et j’avais aussi beaucoup aimé ce film de 2005 “Yossi et Jagger“. Cela faisait beaucoup trop d’affect en jeu pour me faire moins aimer ce film-ci non ?

Je comprends les critiques mitigées que j’ai pu lire, car objectivement le film est très court, plutôt aride et concis en apparence, et peut laisser sur sa faim. Mais il ne faut pas le voir sans “Yossi et Jagger” dont c’est la suite. En effet, il faut avoir en tête tout le drame et la charge émotionnelle de ce film de 2005 pour comprendre et lire entre les lignes de celui-ci. Nous sommes donc à Tel Aviv et on découvre ce qu’est devenu Yossi. Yossi qui était un soldat gradé, et avait perdu un soldat qui était son amant et son amour dans une opération militaire. Il ne s’en est manifestement pas encore remis, et on le retrouve médecin dans un hôpital, qui noie sa dépression dans son travail.

Un jour il croise en tant que patiente la mère de Jagger, et cela le pousse à aller parler aux parents de son ancien amant. Il croise aussi la route d’une bande de soldats en goguette, l’un d’eux semble s’intéresser à lui mais c’est surréaliste car c’est une véritable gravure de mode, et Yossi est vieilli (et grossi) avant l’âge de fatigue, de lassitude et d’une homosexualité qu’on devine pas si facile que cela à assumer.

Le film dure 1h23, et développe les deux idées précédentes fournissant une trame d’une simplicité enfantine. On règle rapidement l’histoire des parents, et par la même c’est l’histoire d’amour avec Jagger qui voit enfin sa conclusion. Et cette histoire avec ce jeune soldat au charme orphique (encore un beau gosse d’israélien comme c’est pas permis ce Oz Zehavi !!) nous propose une éventuelle porte de sortie. Donc c’est rapide, c’est limpide et ça paraît bizarrement mutique et trivial. Mais non car la caméra d’Eytan Fox et le jeu d’Ohad Knoller font des merveilles. Evidemment cela tient aussi énormément à l’attachement qu’on avait pu nourrir au personnage de Yossi du premier film, et il révèle là une telle fragilité, une telle perte de soi et déséquilibre, qu’on est forcément touché. J’ai été bouleversé par ces scènes où pas grand chose ne se passe en apparence, mais des kyrielles de sentiments sont exprimés par des gestes, des regards, des attitudes, des plans.

Ce langage cinématographique se passe de paroles, et c’est tant mieux, il en est d’autant plus éloquent ainsi.

J’ai aussi été énormément marqué et impressionné par une scène annexe qui voit Yossi essayer de se faire un plan cul type “GrindR”. Il va chez un gars qui manifestement est super gaulé et plutôt pas mal, et qui est un véritable cliché conforme aux “International Gay Standards”. Le mec se comporte normalement, offre un verre (il sortait évidemment de la douche à oilpé avec juste une serviette) et sort de but en blanc que la photo envoyée via le réseau n’est absolument pas ressemblante, et qu’il abuse de lui faire perdre son temps comme cela. En deux phrases Yossi est abaissé et mortifié, et se voit congédié (plus ou moins… faut voir le film). Misère sexuelle, dénuement, humiliation suprême, tout y est, et c’est une réalité bien tangible ici aussi.

Je reconnais aussi les mêmes limites et défauts à ce film qu’à celui de 2005, donc on aurait pu attendre une oeuvre un peu plus construite et élaborée. Quelque chose d’un peu plus “facile” et à la portée plus universelle ou actuelle, mais Eytan Fox a eu le mérite de conserver cette même ligne directrice, et à l’aide d’un comédien, Ohad Knoller, qui porte réellement tout le film sur ses épaules.

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