MatooBlog

Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

La conjecture de Naïri

La suite de “Le Péruvien“.

Les jours et semaines suivantes, nous avons commencé à échanger et parler plus avant. On s’est vite révélé nos penchants contre nature, et j’ai appris par la même occasion qu’il était bien sérieusement en couple (depuis 3 ans déjà). On a passé ensuite pas mal de temps à échanger à propos de nos situations matrimoniales. On était d’ailleurs particulièrement asynchrone puisque j’étais moi célibataire, puis en couple lorsque lui est devenu célibataire (et ce jonglage est encore arrivé quelques fois, lui en couple, moi non, etc.). Entre temps, nous nous sommes un peu rapprochés, et de plus en plus. C’était une relation amicale assez timide qui naissait, c’était particulier car nous étions une petite bulle d’oxygène l’un pour l’autre, étant en confiance mais n’étant pas vraiment une relation de boulot (on n’a jamais bossé directement ensemble) ni un ami de longue date, et ne sortant quasiment jamais ensemble en dehors du taf. Mais on se parlait beaucoup et de plus en plus intimement, on s’est découvert aussi beaucoup de points communs et petit à petit l’oiseau a fait son nid.

L’amitié a point au moment où je lui ai fait rencontrer des amis. Il avait aussi commencé plusieurs blogs, en ayant vu le mien, et nous nous retrouvions beaucoup quant à l’attrait de l’écriture. Régulièrement Naïri me demandait (surtout dès que j’étais célibataire) « Nan mais t’es sûr hein, y’a rien avec lui ? Il t’intéresse pas ? ». Je répondais irrémédiablement : « mais nan, il est en couple, et puis c’est trop tard, on est pote ! ». Je le pensais vraiment même si l’idée m’avait effleuré, et si certaines fois quand on se parlait, je lui trouvais un regard un peu trop bienveillant, un peu trop tendre, mais je traduisais cela par une belle amitié en devenir. Son mec, ses conquêtes par la suite et sa manière de draguer m’avaient confirmé qu’il ne pouvait décemment pas d’intéresser à moi. Non, non, non.

Par la suite, il a complètement intégré mon groupe de potes, et on est finalement devenu un peu moins proche qu’il ne l’est devenu de certains autres amis. Cela ne me posait pas de souci, je ne suis pas du genre jaloux en amitié, et puis nous avions le boulot ce qui restait cette petite bulle intime et intouchable.

En 2007, j’ai commencé mon histoire avec K. J’étais très bien avec lui malgré quelques anicroches, et surtout un truc qui me saoulait : il avait 10 ans de moins que moi. Je flippais vraiment de m’investir pour me faire larguer quelques temps plus tard, et être déçu d’une relation qui ne serait jamais équilibrée. J’avais 30 ans, la boite déménageait sur Vélizy, et je sentais que je devais changer des trucs dans ma vie. Donc j’ai cherché du boulot ailleurs, et j’en ai trouvé. Fin avril, j’avais posé ma démission, et nous vivions les derniers moments de nos accointances quotidiennes au travail.

A. n’avait rien vraiment montré de ce qu’il ressentait de mon départ. Bien sûr on s’était dit qu’on allait regretter notre connivence, et j’avais senti encore quelques moments curieux, et des regards qui m’avaient troublé, mais je mettais cela sur le compte de ma grande imagination et tendance à me faire des films en HD cinémascope son dolby surround.

Et puis il y a eu ce week-end en Bretagne fin mai. J’allais seul et on devait partager les couchages. Il se trouve que je devais dormir, il l’avait décidé, avec lui. Et c’est sur le matin du 20 mai 2007 que je l’ai senti contre moi comme jamais un ami ne se collerait… J’ai alors été submergé d’idées confuses et d’un trop plein d’émotions, de désirs et de culpabilité (oui j’étais encore en couple). J’ai même pensé qu’il dormait et qu’il ne savait pas ce qu’il faisait !!! Et puis j’ai dû me rendre à l’évidence, j’ai répondu alors sans vergogne à ses appels, parce que c’est ce dont j’avais envie depuis des années au final. On est resté longtemps sans pouvoir vraiment se regarder dans les yeux, juste à se toucher, se sentir et se goûter des lèvres. Il y avait une gêne pour moi drôle et étrange à se retrouver dans une telle position avec un pote tout simplement. C’était trop inattendu, surréaliste et j’étais juste incapable de savoir comment gérer ou identifier mes émotions.

Evidemment, toute la maison jasait déjà de nos tendres ébats, et nous n’en avons pas parlé tout de suite avec A. Moi c’est simple, j’étais complètement paumé, et une fois passé le feu de cette matutinale passion, je n’avais pas spécialement envie de tout foutre en l’air avec K. et de me lancer dans l’aventure avec A. La raison reprenait le dessus, mais je ne savais pas si c’était la bonne chose à faire…

Ensuite j’ai vécu quelques semaines ubuesques, où j’ai été un beau connard puisque j’ai continué avec K. trois semaines avant de rompre, sans même avoir l’honnêteté de lui expliquer. Je ne lui en ai parlé que l’année dernière. Rhoooooo !!! J’ai vu et revu A., il m’a expliqué que ma démission avait été un déclic chez lui, et que dormir avec moi était un stratagème tout à fait pensé. Huhuhu. Moi je ne savais pas quoi faire, coucher avec lui était encore bizarre et j’essayais de le prendre à la rigolade, mais parfois cette intimité sexuelle avec un pote me posait des problèmes. Je psychotais beaucoup là-dessus, et parfois je me disais “merde t’es en train de sucer la bite d’un pote, c’est trop chelou”. Je suppose que mes sentiments n’avaient pas encore bien vécu leur puberté. (Huhuhu.)

Il y a eu le concert d’Anabase* et mon anniversaire qui m’ont convaincu de rompre avec K., et de tenter la chose avec A. Je me sentais bien avec lui, j’avais toute cette histoire amicale qui me confortait dans ce que je savais et aimais de lui. Pourquoi pas tester le truc de l’amour = l’amitié + du cul ? Finalement un choix de raison, ce qui peut paraître naze et dont j’avais conscience à l’époque. J’avais même anticipé un truc encore plus con qui était que je connaissais bien mon défaut de m’amouracher et de me lasser au bout de 3 ou 4 mois. Là avec A., je savais que je ne pourrais pas faire ça parce qu’on avait trop d’amis en commun, et que je devais éviter de refaire le coup du connard fuyant et lâche. Eh ouai tout ce calcul là…

Il s’est à peu près passé ce que j’escomptais. En laissant tomber K., je me suis dit que c’était une connerie, et j’ai eu un mal fou à me faire à être en couple avec A. Alors que c’était idéal sur le papier, j’ai eu un gros passage à vide où j’ai tenu bon parce que je savais qu’un déclic se ferait ou pas, mais que je devais passer cette sale période qui m’avait fait foiré tant de relations.

Je n’ai pas senti le truc venir, mais il est bien venu. C’est début 2008 que j’ai réalisé à quel point j’étais amoureux de A. Comme si j’avais enfin baissé mes barrières, celles de mon manque de confiance, de ma culpabilité, de l’amitié construite ces dernières années, là j’écoutais enfin mon coeur, mon corps et mon esprit. Depuis que je n’ai plus l’impression de me taper un pote, ça m’a bien aidé aussi. Mouahahaha. Pour une fois, les trois étaient en accord, en harmonie, et je sentais une réciprocité telle que jamais je ne l’avais ressenti auparavant. Depuis le début, on a ce truc de se raconter quelque chose et de découvrir que l’autre était sur le point de dire exactement la même phrase.

Dire que Naïri avait raison depuis le début, il suffit de deux pédés dans un groupe, et hop, ça marche.

To be continué…

Les publications voisines

Post navigation

  • “quelques semaines ubuesques, où j’ai été un beau connard puisque j’ai continué avec K. trois semaines avant de rompre, sans même avoir l’honnêteté de lui expliquer” : tu sais je finis par me demander (et ce n’est pas une figure de style) s’il y a dans ces cas-là, l’amour qui déboule alors qu’une autre relation stable n’allait pas mal du tout, moyen de se comporter autrement qu’en connard (et c’est tout pareil quoi qu’on soit et quelle orientation sexuelle qu’on ait). Je crois que le moins pire (j’ai testé pour vous tous les cas de config en étant la personne quittée) c’est de dire le plus vite possible (dès que la nouvelle histoire est clairement amoureuse et si l’on n’envisage pas d’être avec franchise polyamoureux) et de le dire de vive voix. Trois semaines c’est correct comme délai, j’en connais tant qui mettent trois mois tout en se montrant simplement odieux (mais sans explication) envers la personne qui n’est plus aimée, comme si on reprochait à celui qu’on aimait jusque-là d’être encore là.

    Comme je suis coquine, je ne peux m’empêcher de me demander ce qui se serait passé si le déménagement à Vélizy n’avait pas un tantinet précipité les choses. Je sais bien ce qui m’y fait penser : un collègue m’avait soudain fait ouvertement des avances alors que je changeais de lieu géographique de travail (jusqu’alors on était simplement des collègues qui nous entendions bien, mais rien ne m’avait jamais effleurée, je dois dire qu’à “l’Usine ” je nous voyais tous comme des pions, alors il y avait des pions sympas et des pions pas sympas, mais rien de l’ordre de l’attirance ne m’a jamais traversé l’esprit) et j’étais restée stupéfaite. Si je n’avais pas bougé d’endroit, ça aurait sans doute continué encore des années, lui s’imaginant des trucs dont je n’envisageais pas même l’idée d’une possibilité éventuelle.

    Bref, vive Anabase, la Bretagne et Vélizy ! :yahoo:

  • Mais lors, le Péruvien, c’est A ????

    Je tombe de l’armoire, je ne m’étais doutée de rien…

    Quelle chouette histoire, trop bien :-))))))

  • vivement la suite!, je me demandais si A ou le dit Péruvien, écrivait son/votre histoire, nous aurions les mêmes détails, et cette histoire en passant par son point de vue me parait intéressante. Une sorte d’histoire en parallèle pour voir sur quels détail A, s’arrêterait… mais sans doute maintenant cela serait biaisé car il aura lu ton écrit?

  • J’ose plutôt espérer que ce récapitulatif présage non plus d’une vie “conjointe” mais prochainement “maritale”, contre toute attente si je me remémore quelques tiens paragraphes ici-même.
    Je note, comme souvent, combien la réalisation de l’Amour ne prend corps qu’au moyen de l’histoire qui l’incarne et le cultive. Un récit d’amour (et ses aléas), à mes yeux, enseigne plus qu’un bavardage esthétique et abstrait sur la majuscule de ce sentiment, en soi projet de vivre au mieux, durablement et socialement, cette nécessité de rester avec l’autre – du lit jusqu’au souci, des hasards heureux jusqu’au contrat.
    C’est la suite du cheminement que je vous souhaite, c’est la suite du cheminement que A et moi (puisque mon conjoint porte la même initiale) concrétiserons l’an prochain B-)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

:sourire: 
:clindoeil: 
:huhu: 
:bisou: 
:amitie: 
:mainbouche: 
:rire: 
:gene: 
:triste: 
:vomir: 
:huhuchat: 
:horreur: 
:chatlove: 
:coeur: 
:doigt: 
:merde: 
:ok: 
:narval: 
:mitochondrie: 
:croa: