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Pectus est quod disertos facit. ∼ Pédéblogueur depuis 2003 (178 av LLM).

A cinq heure de l’après-midi

Avant tout, il faut savoir que c’est un film de l’iranienne Samira Makhmalbaf, autrement dit il s’agit d’un film oriental. Il faut savoir dans ces cas là, se perdre dans de nouveaux codes de réalisation qui sont rebutants (parce que différent des nôtres) au premier abord et qui peuvent ennuyer un spectateur non averti. Elle ne cherche pas à étayer son intrigue pour obéir aux canons de la réalisation occidentale, elle est simplement sincère et « vraie ». Elle conte plus qu’elle ne raconte une histoire stupéfiante à propos d’une jeune femme afghane qui fonde le désir de devenir présidente de la république après la chute du régime taliban.

Moi-même, j’ai eu du mal à m’accrocher jusqu’au bout, car je pensais que c’était un film beaucoup plus conventionnel selon notre habitude. Or il s’agit d’autre chose, elle ne finit pas présidente et on ne voit pas ses rêves en comédie musicale dans les ruines de Kaboul. On assiste simplement à l’expérience d’une femme qui veut sortir de sa chrysalide (car on sent un potentiel incroyable dans ces yeux-là), qui veut changer les choses et tente de survivre dans un monde en perdition. Son père l’empêche de retirer sa burka et peste de se retrouver dans un ville où le blasphème règne en maître. Elle lui cache qu’elle se rend à une école tous les jours pour y être instruite. Elle se change en cachette avec le peu d’accessoires qui fait d’elle une femme. Elle découvre alors son visage, enfile une paire de mocassins blancs et utilise un parapluie coloré en guise d’ombrelle. C’est dans cette école qu’à l’instar de Benazir Bhuttho, elle exprime son envie de devenir présidente.

Le film distille des images absolument grandioses de Kaboul et de l’Afghanistan, mais aussi terribles de destruction et de misère. Il semble que les villes ne soient plus que des amoncellements de pierres où l’eau s’est tarit, et la végétation est moribonde. Les hommes et femmes à l’image de leur ville tentent de survivre dans cet environnement devenu hostile. Le contraste entre la beauté des plans et de la photo, avec la détresse de ce peuple crée un insupportable sentiment d’injustice durant tout le film. Et la narration se déroule, lentement et simplement, il ne se passe pas grand-chose parce que il n’y a plus rien dans ce pays, et que l’espoir balbutiant est encore bien muselé par des croyances sclérosantes. L’actrice principale est extraordinaire par son jeu et son expression. Elle a un regard fascinant et qui ne peut laisser indifférent. Un millier d’idées et d’émotions sont véhiculées toutes les minutes par cette paire d’yeux foncés.

Alors je ne peux pas dire que c’est le top de l’entertainment du moment, mais c’est une oeuvre qui remue et qui trouble. Alors il ne faut pas y aller vanné de sa journée, et il faut s’attendre à un film lent, à l’action parcimonieuse et à la touche émotionnelle pointilliste. Je ne regrette pas d’avoir tenter cette expérience qui démontre aussi que le cinéma véhicule des messages différents du simple ciné-loisirs (jetable et recyclable) auquel on s’habitue trop facilement (pour en finir à penser que seule cette conception est appropriée et adéquate).

A cinq heures de l'apres-midi

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